Chapitre 20 - Délivrance

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* Iris*

-Je sais mais il a eu un passé difficile, il tente de se protéger en tenant les autres à distance de lui. C'est ce qu'il a appris depuis petit. On l'a privé d'amour dans l'enfance. Son père ne l'aime pas et il cherche toujours son attention. Le seul moyen qu'il aie de l'obtenir c'est en faisant es conneries ou en devenant le fils que son père aurait aimé avoir. 

Mes yeux fixaient les murs de papier peint rose saumon, détaillaient le fauteuil blanc cosy sur lequel trônaient quelques coussins crème aux détails dorés. Le meuble de bois blanc, orné de dizaines de feuilles de papiers, d'une boîte de mouchoir et d'un pot de crayon. Une musique douce envahissait la pièce, apaisant mon coeur. Enfin, mes yeux se posèrent sur la psychanalyste en face de moi. J'avais décidé de faire appel à ses services afin d'y voir plus clair, avec le monde qui m'entoure, ainsi qu'avec moi-même. 

- Justement, répondit-elle. Un enfant a besoin d'amour pour se développer de façon normale et équilibrée. Il n'en a pas reçu. Comment voulez-vous  qu'il aie un fonctionnement normal ? Vous dites  qu'il cherche à obtenir l'attention de son père toxique.  Inconsciemment on s'identifie à ses parents on hérite de leurs angoisses de leur fonctionnement. Il recherche l'approbation de son père, et de ce fait copie son mécanisme toxique. 

Or, Iris, toi tu es différente. Tu es saine. Probablement, l'une des premières personnes saine qu'il rencontre, ta façon de réagir est différente de ce qu'il a connu depuis la naissance alors forcément ça le déstabilise. D'un côté, cela l'attire mais vous êtes l'exact opposé l'un de l'autre. Tu es hypersensible, tu ressens les émotions des autres parfois même plus fort qu'eux. Lui, repousse tous ceux qui l'entourent et détruit son entourage. C'est une bombe à retardement, il vous a éclaté à la figure. Forcément ça fait mal. Il faut accepter que, pour l'instant, vous êtes incompatibles. Si tu continues ou retournes vers cette relation, tu seras malheureuse,  et lui cherchera à tester tes limites tout les jours, est-ce de cela, dont vous avez envie ? 

-Non je ne veux pas de ça, affirmé-je. 

Son regard se planta dans mes yeux. Ses cheveux blonds cendrés encadrant son visage, quelques rides parcouraient ses traits. Sa jupe crayon, soulignant de longues jambes de mannequin. Son ton devint soudain plus familier, comme si elle se revoyait en moi, avait connu mes blessures. 

-Alors laisses-le tomber.  Laisses le temps faire son œuvre et guérir tes plaies. Et puis c'est un peu trop facile de dire qu'il a eu un passé compliqué. Tu veux qu'on parle du tien ? Et pourtant tu n'es pas devenue quelqu'un de toxique. Je suis d'accord qu'on ne choisit pas sa famille. Mais on choisit qui l'on veut devenir, de changer ou non.  Visiblement il ne voit pas où est le problème. Ce n'est pas à toi de lui ouvrir les yeux. Pour une fois penses à toi, à ton bonheur. Souviens toi si Eve n'avait pas croqué dans la pomme elle serait toujours au paradis. Renonce à la tentation de le sauver et sauves-toi toi même.

Soudain, ses traits changèrent, un pli d'inquiétude apparut au-dessus de ses yeux. 

- Rassures-moi j'espère que tu sais que ce n'est pas de ta faute ?

Une boule prit forme dans ma gorge, à ces mots, et je répondis: 

-Je sais qu'il est seul responsable de ses actes mais peut être que si j'avais été moins collante et plus indépendante, il ne serait pas parti...

Le docteur Nowlan capta mon regard, me triturant les mains en raison du stress, et je me noyais dans l'océan de ses yeux. Elle affirma, d'une voix ferme. 

- Si tu avais été moins collante et plus indépendante comme tu dis, tu n'aurais pas été toi-même. Tu es quelqu'un d'entier, Iris, ne l'oublie jamais.  Lorsqu'on se met en couple, on choisit la personne avec qui on est. On choisit notre partenaire. Zach est censé savoir comment tu réagis ou du moins vouloir apprendre à connaître tes besoins pour les combler et te rendre plus heureuse. Tu as fais tout ce qu'il fallait. Tu as été droite, fidèle, attentionnée peut-être même trop, d'ailleurs. Tu te rends compte ce que tu as accepté par amour pour lui ? Mais lui, quels efforts a-t-il fait ? Qu'est-ce qu'il t'a apporté au final à part des angoisses et de la tristesse ? Est-ce que tu trouves normal d'attendre trois jours pour répondre à un message dans le seul but de mettre l'autre en attente pour la rendre accro et être sûr qu'elle ne partira pas? Te rends-tu comptes du niveau de détresse qu'il faut pour en arriver à ce stade. Il a très peur de l'abandon, certainement bien plus que toi. Seulement, il utilise des stratagèmes pour garder ses proches dans sa vie. Est-ce que tu lui aurait fait ça ?

Singulier - [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant