Chapitre 16 - Amitié renforcée

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* Steven*

Je rangeais ma valise dans le coffre puis m'assis à l'arrière de la voiture. Vérifiant que mes parents étaient occupés à regarder la route, conduisant, je dépliais discrètement le papier dans ma poche. Un numéro de téléphone s'y trouvait. Ainsi que « Bonne chance. » écrit à côté. Signé "I".

Ça, c'était certain,  j'allais en avoir besoin de la chance...

*Iris* 

Cela faisait maintenant un mois que je travaillais chaque week-end à la bijouterie. J'appréciais mes collègues, j'adorais mon travail, et depuis une amitié était née. 

Ethan. Il m'avait sortie de ma solitude, tirée hors de cet enfer qu'était mon quotidien et l'illuminait désormais. J'avais pour habitude de repousser les gens. Je me protégeais, mais je m'isolais aussi. Lui ? Il n'en avait rien eu à faire. Chaque fois que je ne répondais pas à ses messages, il m'en renvoyait, chaque fois que je souhaitais rester seule, il s'asseyait à mon côté et me racontait sa journée, au lycée, sur un banc le soleil baignant d'une lumière dorée sa chevelure châtain. Chaque remarque acide pour le faire fuir semblait à peine l'effleurer. 

Ce type était un boomerang, plus on le repoussait et plus vite il revenait. Peu à peu, je l'avais laissé m'apprivoiser, je baissais ma garde, et lui faisais une place dans ma vie. Il avait abattu mes barrières, et s'était créé une place dans mon royaume. Et, même si je ne le montrais pas. Je l'en remerciais pour cela, de m'avoir poussée hors de ce royaume de solitude. Avec lui, ma vie devenait plus supportable, je respirais mieux. J'allais mieux. 

-On se retrouve à seize heures ? 

-Devant la grille. 

-J'y serais, répondit-il. 

Il s'éloigna et me fit un signe de la  main, tandis que je me rendis  en cours. A l'heure prévue, je courus vers la sortie et l'attendait, détaillant ce lycée blanc, que je détestais autrefois, mais supportais aujourd'hui. Un sourire étira ses lèvres lorsqu'il m'aperçut, et il courut doucement vers moi pour me rejoindre, les yeux rivés au sol afin de ne pas chuter. 

-Tu vas bien ? 

-Je vais bien. Et toi ? 

Son sourire me répondit. Nous n'avions pas besoin de mots pour nous diriger vers notre endroit favori. Traversant un passage piétons, je dépassais le cimetière sur la droite puis descendis la rue, à côté de l'arrêt de bus, qui nous ramènerait chez nous. A droite, le parc nous attendait, en plein soleil. C'était un parc pour enfants avec un banc, un toboggan et des jeux pour se suspendre dans les airs. 

Savourant ma canette de soda, Ethan attira mon attention:

-Je peux te poser une question ? 

Je me retournais vers lui, intriguée. Avec sa veste en cuir noir et ses cheveux châtain, il faisait très bad boy, aujourd'hui.

-Bien sûr. 

-Tu crois en l'amour ?

-Non, répondis-je

-Pourquoi tu n'y crois pas ? Moi j'y crois, affirma-t-il, sur la défensive. 

-Parce que.

-Ce  n'est pas une réponse, ça. Je crois en l'amour. Tout le monde a une âme sœur.  Un jour, reprit-il,  j'aurais une famille avec deux enfants et un petit chien. On ira au parc jouer et je leur raconterai comment j'ai rencontré leur mère. Qui sait, peut-être est-ce  ma copine d'aujourd'hui, dit-il d'un ton rêveur.

-Ouais. Un vrai conte de fée, rétorqué-je, amère. Jusqu'au divorce. Ou jusqu'à ce que t'apprennes qu'elle se tape le barman du coin.

-Mais arrête, pourquoi on divorcerait ?

Son ton alarmé me fendit le cœur. Malgré notre amitié,  nous restions très différents. Les opposés s'attirent paraît-il, si c'est le cas nous nous sommes entrechoqués. J'étais la lune, il était le soleil. La pessimiste et l'optimiste, la lumière et la nuit. Mais il avait encore beaucoup à apprendre, il ne connaissait pas encore assez la vie. La vie ne semblait pas encore l'avoir brisé, à ce jour.

-Parce que c'est comme ça de nos jours. Deux couples sur trois divorcent, ce sont les statistiques.

-Dans ce cas je ferai partie du tiers qui restera marié, comme mes parents. 

-Ecoutes je ne vois pas pourquoi tu t'entêtes l'amour ça n'existe pas. Les gens sont beaucoup trop superficiels pour que ça fonctionne. Aujourd'hui, les couples trompent leurs compagnons dès qu'ils trouvent plus beaux, plus riches ou de plus généreuses formes.  Mais on tombe amoureux d'une âme, pas d'un corps. Voilà pourquoi je ne crois pas à l'amour, parce qu'l n'y a plus d'âme-oureux.

-Si tu le dis, répondit Ethan. 

Vers dix huit heures, un ami d'Ethan nous rejoignit, un homme blond foncé avec une coupe courte, il raccompagna Ethan  chez lui tandis que je retournais en cours, suivre deux heures d'histoire. Heureusement que le professeur était drôle, sinon il y a longtemps que j'aurais séché. Je parcourais le couloir bleu du premier étage, attendit qu'il ouvre la porte et m'assis à l'avant- dernier rang, sur la droite. Je pris ma place, à gauche, et posais ma tête sur mes bras.
J'avais beau aimer mon job à la bijouterie, cependant il m'épuisait. Ma mère reprenait peu à peu des forces mais n'était pas prête à reprendre le boulot. Je la dorlotais, lui faisais à manger malgré mes piètres compétences culinaires et l'occupais, en attendant de revoir cette lueur dans ses yeux . De mon côté, gérer beaucoup de choses en même temps m'empêchait de perdre pied. Je me concentrais sur les tâches à accomplir, évitant ma peine dû à mon deuil. Les moments les plus durs restaient les cours, n'ayant pas très envie d'écouter, mes pensées vagabondaient malgré moi. 

Soudain, la porte claqua, je sursautais, ce qui me réveilla alors que je sombrais dans le sommeil. 

-Voici notre nouvel élève, annonça monsieur Hubert, notre professeur d'histoire. Il intégrera cette classe pour le restant de l'année. Je vous prie de prendre place au fond, afin de pouvoir rattraper votre retard sur vos camarades. 

Agacée par cette interruption dans mes pensées, je relevai la tête. Mon regard croisa le sien, de glace. Ses yeux fixaient le sol, balayant par moment la  classe tandis que je le fixai, bouche bée. 

Le sac sur une épaule, il prit place sur le rang devant moi, à côté de Samy, un jeune homme à la couleur ébène.  Le nouveau inclina la tête, et je soufflais, stupéfaite: 

-Steven ?!

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Voici le chapitre 16 de Singulier, j'ai essayé de faire ressortir un côté frais, et joyeux afin d'alterner avec l'univers qui peut être sombre. D'ailleurs, voici le chapitre 17 bientôt posté du point de vue d'Ethan !!

A très vite, 

Lionagle 

Singulier - [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant