Chapitre 11 - Braquage à la bijouterie

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J'étais rentrée depuis une semaine, désormais. Mes jambes enroulées dans un plaid, une tasse dans la main, je regardais ma série, blasée.

La pile de lettres sur la table me lorgnait, me faisant culpabiliser dans ma lassitude.

Mes CVs me narguaient, guettant la moindre occasion pour me rappeler leur existence, m'enfonçant dans ma flemme. J'avais écris des lettres de motivations, mais j'étais tout sauf motivée.

Je m'occupais de ma mère. Depuis que j'étais rentrée à la maison, elle sombrait, passant ses nuits et ses journées dans son lit, le regard amorphe, l'âme vide. Alors, je devais m'en sortir. Pour elle. Et l'aider comme je le pouvais.  Pour la remercier de tout ce qu'elle avait fait pour moi. Je devais joindre les deux bouts pour nous. On devait s'en sortir. 

Depuis une semaine, je faisais sa toilette, lui apportais à manger dans le salon, l'aidais à sortir dans le jardin, puis la ramenait au lit.

J'avais envoyé son arrêt de travail à sa caisse d'assurance maladie, et je m'étais promis de m'occuper du loyer, le budget du ménage étant sérieusement diminué. Alors, je devais trouver un job d'étudiant. Elle avait assez fait pour moi. Si le navire sombrait, je mènerais la barque jusqu'au port. Je me levais et m'habillais d'un chemisier en dentelle blanc, ainsi que d'un jean noir.

Je pris la pile de CV qui m'attendait et me dirigeais vers le centre-ville.

Je déposais ma candidature chez le fleuriste de ma ville. Les fleurs, leur couleurs vivaces redonnaient goût à la vie, pas vrai ? C'est bien pour ça qu'on en offre aux vivants, alors peut-être que leur compagnie m'aiderait.

Également, je me rendis chez le vétérinaire, pour y déposer ma lettre de motivation afin d'y occuper un poste d'accueil. Le contact animal m'avait toujours rassurée, calmait mes crises d'angoisses.

Après un dernier tour dans une boutique de prêt-à-porter, je me dirigeai vers la bijouterie, croisant les doigts pour être prise.

Je poussais la porte et m'annonçais :

-Bonjour !

Je détaillais la bijouterie à la couleur sobre, dans des tons argentés et dorés. A droite, à l'intérieur de la boutique un couple cherchait la bague parfaite à travers la vitrine, tandis qu'à l'opposé, une mère choisissait un bracelet en argent avec son petit de six ans. Je regardai la scène, le regard attendri.

-Que puis-je faire pour vous aider ?

Une femme d'une trentaine d'années, maquillée de fond de teint et d'un rouge à lèvre rouge vif, me sourit. 

-J'aimerais déposer ma candidature afin de travailler à vos côtés en CDI le week-end, s'il vous plaît.

-Vous tombez à pique. En septembre, nous avons besoin de recruter en vue des fêtes de fin d'année. Les bijoux sont toujours une valeur sûre.

-Je comprends. Proposez-vous des contrats de vingt heures ?

Son sourcil parfaitement maquillé se haussa.

-vingt heures ? En deux jours ? Vous allez tenir ? N'avez-vous pas vos études en parallèle ?

-J'ai absolument besoin de ce travail. Je ... Je.. S'il vous plaît, imploré-je.

Elle dû voir la détresse dans mon regard puisqu'elle soupira :

-Si vous êtes sûrs de tenir, je n'y vois pas d'inconvénient. Vous commencerez la semaine prochaine, le quinze du mois, c'est bon pour vous ? Disons huit heures, jusqu'à dix-huit heures pour votre période d'essai ?

Singulier - [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant