Chapitre 41

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*Iris*


Assise au fond de la classe, le lendemain, je reconnus ce sentiment familier, que j'avais connu pendant des années. Ce sentiment d'être mis à l'écart, de côté. Depuis la disparition d'Ethan, je sentais les regards des uns et des autres, certains me regardaient avec pitié sachant qu'il était devenu mon meilleur ami, d'autres avec méchanceté, se demandaient pourquoi je ne faisais rien pour le retrouver. Apparemment le lien internet de mon site de chasseuse de prime avait fait le tour du lycée. Je soupçonnais Zach, encore une fois. 

Je décidais d'ignorer les regards persistants et tentai de me concentrer sur le cours. Malheureusement, le cours de science n'avait jamais été mon point fort. Depuis que l'on avait inclus des lettres dans les équations, j'avais laissé tomber cette matière.  Pourquoi avais-je choisis un bac scientifique ?,. Puis, je m'en rappelais la raison : avant qu'il ne nous abandonne, ma mère mon frère et moi, mon père souhaitait à tout prix que j'obtienne un diplôme littéraire. J'avais des réflexions philosophiques, d'après lui. Aujourd'hui, j'en ricanais encore. A cette époque, je n'avais pas pris conscience de l'homme qu'il était. Il me répétait sans cesse que j'avais une âme d'artiste, et que j'y aurais ma place. 

Il avait  d'ailleurs sûrement raison. J'adorais débattre de sujets divers, et j'avais des opinions bien tranchées. J'étais  ouverte d'esprit, et mon syndrome du sauveur m'aurait aisément permis de comprendre les émotions des personnages principaux de romans. Dans cette filière, j'aurais pu débattre de mon dégoût envers les mathématiques et la  science avec bon nombre de personnes de ma classe. Malheureusement, j'avais une fierté, je voulais me venger. Je ne serais jamais comme lui, et je fais tout pour ne pas le devenir. 

Incapable de m'intéresser au cours, je sondais mon esprit. Certes, il était étrange qu'Ethan disparaisse pendant plusieurs jours, mais au vu du protoxyde d'azote qu'il prenait, ça lui était déjà arrivé de se réveiller après un black out dans un endroit perdu. 

Tu sais que c'est faux.

Ma conscience me rattrapait, et pour cause. Une disparition aussi longue me paraissait louche. Je faisais le tour des suppositions. Certes, son ex lui en voulait probablement à mort, et m'en voulait de l'avoir arraché de ses griffes. Mais je doutais qu'il soit retourné de lui-même dans cette maison. Il était bien assez traumatisé comme ça. Une séquestration ? Elle en était capable. Cependant, pour séquestrer quelqu'un, fallait-il d'abord l'enlever. Or, dans l'état dans lequel j'avais ramené Ethan à ses parents, ils l'avaient interdit de sortir pendant des jours et venaient le rechercher chaque soir en voiture.  

Le matin, sa mère l'emmenait au lycée où il retrouvait sûrement ses amis, Il mangeait à la cantine et le soir, il avait interdiction de sortir. A moins qu'elle ne l'ai emmené de force en l'absence des parents depuis la maison d'Ethan, mais sous le regard attentif de ses voisins curieux, je l'imaginais mal. 

Possible aussi que ce ne soit qu'un  moyen toxique d'obtenir de l'attention de ses proches, et d'inconnus qui s'inquiéteraient pour lui. Mais, la durée d'absence était trop longue pour correspondre. Un  ou deux jours peut-être,  à la rigueur trois, en inventant une excuse de téléphone cassé, mais sa mère se faisait un sang d'encre.

Il ne restait plus qu'une hypothèse : qu'il se soit fait piéger. Je ne le pensais pas aussi bête que cela, mais les gens nous surprennent des fois.

Cette fois encore, je connaissais Ethan. Au vu de l'épisode traumatique qu'il avait subi, il s'était renfermé sur lui-même et faisait attention à tout ce qui l'entourait, il était devenu très prudent. Ce qui paraît logique qu'on a vécu aux côtés d'une cinglée. Cela laisse des traces, parfois bien plus que des coups. Ainsi, la seule façon de l'avoir piégé, aurait été  un piège tendu par l'un de ses proches.

Singulier - [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant