Chapitre 50 - Steven et Iris

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*Iris*

Les semaines qui suivirent furent éprouvantes. Autant pour Steven que pour moi. Il se réveillait la nuit en criant pendant que je me roulais en boule sur le canapé, m'emmitouflant dans des plaids avec la stupide pensée qu'ils éloigneraient mes démons.

Le plus dur lorsqu'on tombe dans un état dépressif, c'est le regard des autres sur nous. Se sentir à l'écart, incompris, et savoir que dans notre entourage personne n'a voulu metre fin à sa vie. Se sentir faible d'être aussi vulnérables face aux attaques exterieures.

Parce qu'on est ici sur terre, à contempler le monde d'un œil vide, le cœur meurtri et sans avoir le sentiment d'un avenir possible joyeux.

La douleur me réveille tous les matins : un mélange de culpabilité parce que j'étais prête à laisser ma mère seule, ici alors que je sais pertinemment qu'elle n'aurait jamais tenu le coup. La culpabilité d'avoir failli faire ce choix egoiste, le choix de détruire une vie, ma vie et la sienne. Ma vie et la leur, la vie de ceux que j'aime le plus au monde parce que j'avais atrocement mal.

La peur aussi de savoir ce qui ce serait produit si Steven n'avait pas été là, ne m'avait pas rattrapée, au bord du précipice. Est-ce que j'aurais sauté ? Est-ce que j'aurais détruit ma vie et celles  de mon entourage juste parce que jesouffrais ? Est-ce que j'aurais vraiment brisé ma famille et mes amis par pur égoisme ?

J'étais prête à sauter, à me tuer, pour des gens à qui je ne parlais même plus ? Tout ça parce qu'ils avaient été méchants avec moi ? Mais les gens sont méchants c'est comme ça, on n'y peut rien. Et puis parmi ces rencontres, on tombe parfois sur des perles : comme le beau brun, comme Adam et ma mère, ou Aicha.

Parfois on tombe sur des perles qui ne méritent pas de subir ça. Je ne mérite pas de subir ça. Alors que sur ce pont je ne voyais aucune solution, aujourd'hui je commence à en voir une. La lumière au bout du tunnel.

Je peux prendre soin de moi et réparer ce qui a été brisé. Je peux me confier à mes proches et ma famille je n'ai pas à tout endosser. Et surtout il y a toujours une solution, j'aurais pu demander à être changée d'établissement lorsque je me faisais harcelée, j'aurais pu en parler et si ça ne s'arrangeait pas ou bien  continuer les cours à la maison.

Pour Zach et Matthew  j'aurais pu en parler plus tôt à Aicha, qu'elle me rassure et me confirme que ce n'était pas ma faute. J'aurais pu arrêter de les côtoyer dès que j'ai sentis qu'ils me faisaient du mal. On n'a pas à s'expliquer aux autres, il faut avant tout penser à soi mettre ses besoins en premier et tant pis si ça ne plaît pas.

J'aurais pu lire plus tôt les témoignages de filles ayant vécu le même traumatisme qu'Ethan afin de se sentir moins seule,  de me guérir car ce jour j'ai compris que ce n'était pas ma faute, que rien ne justifie un tel acte et que l'on ne peut pas faire de miracles si la victime ne souhaite pas sortir de la relation.  J'aurais compris plus tôt que je n'étais pas responsable.

Et même si c'était dur, je me promettais d'essayer de m'aimer.  Je savais que ce ne serait pas toujours facile, mais je m'en fais la promesse. J'aller panser mes plaies et guérir. Un jour je m'aimerais. Un jour, je revivrais.

Singulier - [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant