Chapitre 44 - Iris

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* Iris *


L'enquête avançait au point mort. Aicha était occupée à préparer ses partiels. Steven semblait distant avec moi. A croire que je faisais fuir tout le monde autour de moi.

Quant à moi, je ne savais pas quoi faire. Zach devenait de plus en plus collant, sous couvert de demander des nouvelles de l'enquête il m'envoyait de plus en plus de messages, auxquels je ne répondais pas et cela commençait sérieusement à me mettre mal à l'aise, faisant remonter une nostalgie désagréable nuisant à ma santé mentale. Matthew, comme à son habitude observait mes réactions en silence, faisant mine de s'en foutre, croyant toujours que je n'avais pas compris son petit jeu. Et entre les cours, l'enquête, et le bébé que portait Aicha je n'avais plus une minute à moi.

Je ne savais pas quoi penser. J'aurais beaucoup donné pour avoir une semaine de vacance au soleil, au bord de mer.

Aicha en était à son troisième mois de grossesse. Elle ne savait toujours pas si elle allait le garder. Elle n'était pas prête à avorter, selon moi. Sa lettre l'avait clairement montré. Mais qui serait prêt à élever un enfant à dix-sept ans et demi, sans diplôme, et dans une famille qui galérait déjà à boucler les fins de mois ?

Je l'admirais pour son courage. Elle travaillait ses cours, alors même que ses nausées revenaient régulièrement. Elle faisait à manger pour sa famille tous les jours et cherchait un petit boulot à côté « au cas où sa mère perde le siens » disait-elle, mais je savais que c'était au cas où elle se décide à le garder. Elle se battait pour s'en sortir. Et son mental de lionne me rendait fière de l'avoir pour amie. J'avais de la chance de l'avoir à mes côtés, même si ces derniers temps on s'était éloignées.

Qui dit troisième mois de grossesse, dit aussi première échographie. Aicha m'avait informé  qu'elle prendrait sa décision à la suite de celle-ci, le temps pressant un peu. Cette épreuve nous avait rapprochées. Elle m'avait invitée à l'accompagner.

-Alors, tu te sens comment ? Demandé-je

Sur le chemin pour se rendre chez la gynécologue, Aicha parlait peu. Je sentais son stress d'ici, suintant de ses  pores. L'air de rien, elle fixait les pavés au sol, plongée dans une intense réflexion.

-Je me sens comme si j'allais passer le BAC puissance 10. Et qu'en plus on avait pas le droit de manger pendant l'exam.

J'éclatai de rire.

-Prochaine fois je ramènerais des biscuits promis.

Un blanc cassa l'ambiance. Eh merde pensé-je. Peut-être qu'il n'y aurait pas de prochaine fois. On en était toutes les deux cosncientes.

-Je suis désolée.

-Ce n'est pas grave.

Les minutes défilèrent en silence pendant que nous marchions sur le sol pavé. Les branches des arbres de chaque côté du chemin pliaient sur notre passage, semblant nous protéger. Le temps était doux pour le premier jour de décembre, et rappelait le printemps. 

-Toujours pas de nouvelles de Amir, hasardé-je

-Oh, si ,il essaie de revenir, répondit-elle d'un ton nonchalant. 

Je m'arrêtais et la fixai, incrédule.

-Attends, quoi ??

-Oui, il m'a envoyé des messages « je suis désolé bla bla bla tu me manques bla bla bla j'ai eu peur j'ai pris la fuite mais je veux être le père de ton enfant etc »

-Et alors, t'as répondu quoi ?

-Je lui ai dis d'aller se faire foutre. S'il a été capable de partir au moment où j'avais le plus besoin de lui, imagines ce que ce sera plus tard. Je ne veux pas que mon fils aie pour exemple un lâche, cracha-t-elle.

Singulier - [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant