Chapitre 12 - Iris - Une soirée qui tourne mal

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Je rentrais chez ma mère, lessivée. Un braquage. Le jour de mon entretien d'embauche. Si j'avais pas la poisse, je ne savais pas ce que c'était... Il n'y avait qu'à moi que ce genre de chose arrivait. Heureusement pour moi, et pour la boutique, mon grand-père travaillait dans les forces spéciales. Inconsciemment, il m'avait transmit sa passion : les armes.

**

J'avais tenu mon premier flingue, en plastique, à l'âge de cinq ans. A dix ans, je m'entraînais déjà à tirer sur une cible, dans un terrain vague reculé de la civilisation, à côté d'une forêt paumée.

Ce jour, mon grand-père se tenait derrière moi, m'expliquant le fonctionnement d'une arme.

-Là, tu as la détente. Pour l'instant j'ai activé la sécurité. Il y a trois règles lorsque l'on tire : règle numéro un toujours s'assurer qu'il n'y a rien, ni personne devant toi lorsque tu lèves l'arme. Je sais que le droit pénal est passionnant mais c'est pas une raison pour apprendre à connaître le système carcéral.

J'hochai la tête, les yeux brillants, fixant avec émotion sa carrure imposante.

-Règle numéro deux : tu ne retires jamais, je dis bien JAMAIS la sécurité sans mon accord. Et règle numéro trois, tu n'appuies sur la gâchette que lorsque tu as trouvé ton angle de tir, jamais avant. Une visière mal réglée et tu peux tuer la mauvaise personne.

Mon regard dévia vers les environs. Sur ma droite, les chênes étiraient leurs branches vers le ciel, tel un appel. La forêt verdoyante m'attirait. Je voulais y courir, pourquoi pas y chasser. Je brûlais d'envie de m'entraîner. Je voulais sentir mon cœur cogner contre mon thorax, retenir ma respiration et observer chaque animal, reconnaître leurs empreintes au sol. Une biche au pelage somptueux, vêtu de nuances de roux, une famille de hérisson traversant le sentier, et moi, prête à abattre le sanglier pour le dîner.

-Iris ! Tu m'écoutes ?

-Je sais grand-père, tu m'as déjà répété ces règles trois fois dans la voiture. Est-ce que je peux essayer, maintenant ?

Prudent, Howen recula et me tendit le pistolet, un petit calibre, dont il corrigea la position de mes mains.

-Tends ta main droite et remontes-la. Voilà, comme ça, de l'autre tu attrapes le bas du pistolet et le remonte jusqu'à ce que tes mains soient collées. Tu peux y aller.

Concentrée, je fermais un œil, alignais le point noir à la cible, soufflais afin de ne pas trembler et appuyais sur la détente. Je relevais les yeux, baissais l'arme et regardait l'homme à mes côtés. Son regard reflétait de la fierté lorsqu'il m'annonça :

-Dans le mille.

**

Je chassais ce souvenir de ma tête et revint au présent. Maman était emmitouflée dans un plaid, le regard vide, devant la télé. Je détaillais ma maison : des photos de famille, principalement. Mon frère et moi, les mains couvertes de peinture bleue et rose, sur les doigts, souriant à l'objectif. Ma mère, en photo portait, affichant son plus beau sourire, une glace à la main. Elle était belle dans sa robe blanche. C'était une photo de sa promotion lorsqu'elle était encore étudiante en sociologie. A son bras, un homme charmant, brun, en costume bleu marine, lui tenait la taille. La scène se déroulait la nuit, simplement éclairée par des lanternes sur un pont en bois d'aspect féérique.

Elle était belle, ma mère. Elle avait seulement perdu un peu de son éclat. Tel une plante dont on cesse de s'occuper. Elle fanait un peu ces temps-ci, elle manquait d'eau. Elle nous avait tout donner, et c'était à mon tour de lui rendre la pareille.

Une seule photo manquait à l'appel, bien évidemment : celle de mon père. Que dis-je ? Mon géniteur. Il nous avait lâchement abandonnés, à dix ans. Il était partit un jour, au travail, et n'était jamais revenu.  Inutile de préciser qu'il ne répondait pas aux messages et aux appels. Je le détestais. Maman me répétait que c'était mieux ainsi. 

Je me dirigeais vers la cuisine et préparais un plat pour ma maman : du cordon bleu. Je n'étais pas très douée en cuisine mais il allait falloir que j'apprenne. Je le lui apportais avec un verre d'eau, et m'assis près d'elle.

-Manges ça, maman. Je vais te redonner ta lumière.

Cette maison était mon refuge. Ses canapés gris moelleux donnaient du charme à cet endroit. La table en bois brut, était ma préférée, de même que les multiples coussins et plaids  couleur crème qui ornaient la pièce. Je m'y sentais chez moi.

**

Vers vingt heures, je décidais d'aller acheter du soda à la supérette du coin. A cinq minutes de chez moi, elle ne payait pas de mine, avec ses néons verts qui encadraient la façade et le panneau « Plus vous venez, moins c'est cher. Dix produits achetés, un offert », mais il m'avait dépanné plus d'une fois. Comme lorsque je sortais en douce pour rejoindre Zach, le soir.

Zach, pensé-je. Je me demande bien ce qu'il foutait là-bas. Sûrement ses courses, la bijouterie faisant partie du centre commercial de la ville. Mais pourquoi était-il resté là, à observer la fin du braquage ? Ce mec était définitivement étrange. la plupart courraient vers la sortie, mais visiblement, pas lui. 

 J'étais dans un état de stress interne, je le sentais. Anxieuse, mes mains tremblaient légèrement. Pourtant j'étais habituée aux armes, mais entre en tenir un et en voir un braquer sur soi, il y a une petite différence.

-Salut, Joe !

-Salut, Iris, vodka comme d'hab ?

-Non, un soda s'il te plaît.

Je m'accoudais à la caisse en le regardant scanner la bouteille, lorsque des éclats de voix m'interpellèrent.

-Trois euros s'il te plaît, réclama Joe.

-Iris ? Qu'est-ce que tu fais là ?

Je me retournais vers Alice, une rousse maquillée d'un smoky eyes, et la saluai :

-Je fais des courses et toi ?

-On va à une soirée, on prenait des trucs tu veux venir ?

J'hésitais un instant, peut-être devrais-je rester près de ma mère. Mais la tentation de passer une bonne soirée l'emporta.

-C'est loin ?

-A dix minutes, à peine. Allez viens, on t'emmène.

-Ok, je vous rejoins.

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Heyoooo, j'ai coupé ce chapitre en deux. Je trouvais que 2000 mots faisaient un peu beaucoup. Que pensez-vous de ce chapitre ? On en apprend plus sur Iris, sa famille et son passé. La deuxième partie est postée !

A très vite, 

Lionagle

Singulier - [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant