Chapitre 24 - Iris Vérités balancées

79 17 119
                                    


Je me réveillai dans mon lit, et pour la première fois depuis longtemps, je ressentis une amélioration. Les fleurs étaient plus vives, les odeurs plus intenses. Pour la première fois depuis des semaines j'allais bien. Pour la première fois depuis longtemps, j'avais décidé que j'irais bien. Mon programme de la journée ? Prendre un bain fumant qui détendrai mes muscles, boire du chocolat chaud sous un plaid devant Netflix, et peut-être même si l'envie me prenait, rendre visite à mon frère sur sa tombe. Mon frère. Il me manquait tous les jours un peu plus. Mais je m'étais promise d'être forte pour lui. Alors j'y arriverai.

Mon téléphone vibra sur la couette blanche. 

« On va au centre commercial, tu viens ? Ça va être super, viens avec nous »

Lexy, une connaissance de vue passait du baume sur mes plaies. Je regrettai qu'elle n'ait pas été dans le même collège que moi lorsque j'étais harcelée. 

« Avec plaisir. On se retrouve à quatorze heures devant »

Lexy m'écoutait parfois,  m'encourageait dans mes études, me poussait vers le haut. Je n'avais pas connu ça depuis.. Jamais, en fait, je crois. Un vrai cercle vertueux s'était créé et je lui en étais reconnaissante. Avec toutes les épreuves que j'avais enduré cette année, sans elle, j'aurais déjà lâché les études. J'aurais arrêté de me battre. Elle était là dans l'ombre, à m'épauler. Un rien venant d'elle m'aidait. Son humour me transportait. J'en oubliais tout mes soucis.

Je me souvenais qu'elle m'avait dit un jour que si j'attirais toutes les personnes à problème, ce n'était pas que j'avais des problèmes,(même si , on ne  va pas se mentir t'en a beaucoup avait-elle rajouté) mais parce que j'étais une lumière à l'intérieur. Les moustiques sont attirés par la lumière, car ils ne peuvent pas en émettre. Eh bah c'est pareil avec les humains. Tu attires ce que les gens ne possèdent pas. Tu es comme moi, hypersensible. Et les hypersensibles sont des lumières : à l'écoute des autres, hyper-empathiques, dotés d'une intuition exacerbée. Toutes ces qualités que tu possèdes,  ça attire les gens. Certains t'admirent, d'autres t'envient, te jalousent car c'est rare d'avoir tout ça. D'autant plus dans notre monde. Ça te rend spéciale, Iris. Vraiment spéciale.

Tout en me brossant les dents, je repensais à la chance que j'avais de l'avoir dans ma vie. Elle avait un côté maternel avec moi, je n'étais pas sûre qu'elle s'en rendait compte. J'étais insaisissable. On se complétait. Et c'était beau.

-Iris ! Ton chocolat chaud est prêt !

-J'arrive maman. Quelles fleurs feraient plaisir à Adam ? 

-Tu... tu.. bégaya maman.

Je sentais que je l'avais déstabilisée. Elle reprenait peu à peu pied avec la réalité, et sortais plus souvent dans le jardin. Sa tête devint livide mais elle avala sa salive, puis reprit:

-Tu vas aller sur sa tombe, aujourd'hui ?

-Oui.


Elle me lança un regard inquiet, et demanda, 

-Tu es sûre ma chérie ? Je ne crois pas t'y avoir vu y retourner depuis..

-Depuis l'enterrement je sais.

-Est-ce que tu es sûre que tout va bien ?

-Parfaitement bien. Alors ? Les fleurs ?

-Tu sais, le seul fait que tu y ailles lui fera plaisir, de là-haut. Prends n'importe quelle fleur.

Sa voix se brisa et ses yeux se tintèrent d'eau. Bien que cela fasse plusieurs mois, je crois qu'elle ne s'en remettra jamais vraiment. Je pense qu'on ne s'en remet jamais vraiment. Elle s'était relevée pour moi. Après des mois d'amorphie où elle ne mangeait plus. Repenser à cette période me serra le cœur.

Singulier - [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant