La fanfare

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- J'ai beaucoup réfléchis.

Adrien se crispa légèrement. En général, cette phrase d'introduction n'augurait rien de bon. Ça sentait l'opinion bien ancrée qui ne se laisserait malmener par aucun argument.

- Comme je ne connais pas les causes de ton état, j'ai dû ratisser large. Dépression prénatale, choc post-traumatique, bouleversement de l'environnement familial, anxiété, syndrome de Stockholm... Bref, comme je te le disais : j'ai ratissé large !

Il reprit son souffle avant d'enchaîner :

- Quelque soit l'angle d'attaque, les instructions sont généralement les mêmes : il faut s'entourer de professionnels, envisager un traitement médical et s'assurer du soutient des proches.

Il sortit un petit carnet de sa poche et l'examina un instant avant de reprendre :

- Marinette s'est chargée de contacter toutes les personnes qui ont de l'affection pour toi, alors je crois qu'on peut dire que la case « soutient des proches » est cochée... Mais je suppose que tu n'as pas encore envisagé un traitement médical, n'est-ce pas ? Mais ne t'inquiète pas, je me suis occupé de ça...

Sur ce, il lui montra fièrement l'une des pages de son carnet.

- Je t'ai prit rendez-vous avec plusieurs psychologues et psychiatres ! Les délais d'attente sont longs, tu sais ? Alors j'ai préféré prendre les devants ! Comme je ne pouvais pas savoir où irait ta préférence, j'ai sectionné les spécialistes qui me semblaient les plus prometteurs !

La situation était juste surréaliste... Comment pouvait-on avoir le culot de prendre ce genre de décision pour quelqu'un d'autre ?!

- Tu n'auras qu'à annuler les rendez-vous une fois que tu auras fait ton choix... Quoique... J'ai entendu dire qu'il fallait souvent rencontrer plusieurs professionnels dans ce genre de cas ! Histoire d'être bien certain d'avoir un bon contact, tu comprends ?

Non, Adrien ne comprenait pas... Enfin si, il comprenait, mais il comprenait surtout que son visiteur lui imposait ses raisonnements et ses idées.

Quoiqu'il en soit, Marinette avait dû sentir que quelque chose n'allait pas car elle apparut pour mettre fin à cet exposé.

.

- T'as vraiment eu de la chance, crétin.

Adrien ne voyait pas en quoi sa situation actuelle pouvait être perçue comme chanceuse... Son visiteur se fit un devoir de l'éclairer :

- Déjà, t'as de la chance que Marinette m'ai appelé moi. J'ai pu tout de suite plaider en ta faveur auprès du capitaine. Les gars t'aiment bien -pour une raison qui me dépasse- alors ils m'ont filé un coup de main... Mais il faut que tu saches que sans nous le capitaine serait venu réduire tout tes petits osselets en poudre.

C'est vrai que le capitaine des pompiers n'aimait pas voir ses compagnons blessés... Plus encore lorsqu'ils se blessaient en dehors de leur service et d'une manière aussi stupide !

- Tu te doute bien que je suis pas entré dans les détails, mais je lui ai quand même dit que tu t'étais fait ça tout seul... Ouais, je sais, c'est un coup bas ! Tu veux pas qu'on sache que tu as fait un truc aussi débile ! Mais si je lui avais pas dit la vérité, il aurait été s'imaginer que tu t'étais fait ça en tapant sur quelqu'un. Même si tu es pas du genre violent... Enfin... D'habitude.

Il essayait de le faire réagir avec un peu d'humour retord, mais rien... Rien du tout. Le blondinet avait le regard fixe, vide. Aucun amusement, aucune agressivité, aucune trace de rébellion... Absolument rien.

La mélodie de Chat BlancOù les histoires vivent. Découvrez maintenant