Le ritardando

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Un magasine parut deux mois plus tôt avait été abandonné sur la table de chevet. Sa couverture était presque intégralement occupée par une photo de Marinette.

La casquette et le treillis qu'elle portait s'accordaient parfaitement avec la détermination de son regard. Ça lui conférait une aura guerrière légèrement nuancée par la délicatesse de son chemisier. Même assise dans ce vieux pouf, elle dégageait un charisme étonnant... Oui, comme toujours, Danny avait su choisir le bon moment pour prendre sa photo.

Juste à côté de ce visage débordant d'assurance, on avait titré en lettre capitales : « Marinette Dupain-Cheng, fée de la création ».

Ce titre en avait fait sourire plus d'un, mais ce n'était pas le plus important. A l'intérieur de se magasine se trouvait l'article écrit par Ballantine des semaines plus tôt. Sa relation avec le « célibataire le plus prisé de la capitale » y avait été confirmée mais le journaliste ne s'était pas attardé sur ce détail.

Il louait sa créativité, son ingéniosité et son expérience déjà impressionnant malgré son jeune âge. Il évoquait les vêtements, les gadgets et les différents accessoires qu'elle avait créée. Il la félicitait pour son soin apporté aux détails, pour son inventivité, pour sa maitrise. Il s'amusait de ses pratiques inhabituelles dans le milieu et de sa manière toujours surprenante d'affronter les obstacles.

- Je sais pas si c'est ta chance de coccinelle ou si c'est du génie, mais ton plan a fonctionné, constata Adrien en caressant lentement le dos de sa belle.

Marinette était allongée sur son homme. L'oreille appuyée contre son torse, elle écoutait les battements de son cœur ralentir progressivement.

- Sûrement un peu des deux, répliqua t-elle avec un petit sourire. Et c'est sans compter l'indéfectible soutient de mon stalker préféré.

- Ton « stalker » ? répéta Adrien. Que me vaut l'honneur de ce nouveau titre ?

- Un type assez cinglé pour me suivre jusqu'au bout du monde, j'appelle ça un stalker, chaton.

- Miaoutch !

Ils éclatèrent de rire ensemble avant de se serrer plus étroitement l'un contre l'autre. Ils avaient chauds mais ce contact prolongé entre leur corps leur faisait du bien. Ça avait quelque chose d'apaisant, de réconfortant, c'était la promesse de ne plus jamais être seul.

Un autre magasine était tombé ouvert sur le sol. Celui-ci datait du jour même mais la photo qui illustrait l'article visible était beaucoup plus ancienne. Ils n'étaient même pas ensemble à l'époque et pourtant on aurait difficilement pu faire plus éloquent.

Adrien portait un long manteau rouge qui lui arrivait presque jusqu'aux genoux. Ça n'apparaissait pas à l'image, mais la doublure du manteau était entièrement faite d'une matière satinée couverte de pois rouges sur fond noir. Marinette lui faisait face dans un perfecto dont le col avait été doublé d'une fausse fourrure sombre tachée de vert. Ses bottes plates et noires étaient délicatement rehaussées de fines lignes vertes et si elle avait été dans une position différente, le photographe aurait pu saisir le motif de ses semelles qui n'était pas sans rappeler des coussinets félins.

Le grand blond était penché vers la petite brune qui arrangeait l'écharpe bleue autour de son cou. Les yeux écarquillés et la bouche entrouverte, il l'écoutait lui raconter l'histoire de ce cadeau.

- Pourquoi est-ce que tu ne m'as pas dit avant que cette écharpe venait de toi ? demanda soudain Adrien en inclinant la tête pour capter le regard de sa partenaire.

- Parce que tu étais heureux que ton père t'ai fait ce cadeau... répondit-elle en réprimant un bâillement. Et c'était ce que je voulais et ce que je veux toujours : te rendre heureux.

La mélodie de Chat BlancOù les histoires vivent. Découvrez maintenant