Chapitre 18

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Mercredi 27 avril – 8h34 mn

J'ouvre les yeux et sans que mon esprit n'ait eu le temps de formuler la moindre pensée, une vague immense de bonheur pur me submerge tandis qu'un sourire probablement niais s'accroche à mes lèvres : cela n'était pas un rêve. Nous sommes ensemble. Mon bras enlace sa taille et ma main repose dans le creux de son dos. Je suis nu dans le lit de Milan Adamson - ou plus exactement : je suis nu et emmêlé à Milan Adamson, dans le lit qui a accueilli notre première fois. A la seule idée qu'il y aura une deuxième, puis une troisième... et un nombre infini de nuits comme celle-ci, mon esprit s'enflamme et ma poitrine me semble soudain trop petite pour contenir toutes les émotions que je ressens à l'égard du garçon étendu près de moi. Je le contemple durant quelques minutes, immobile et la respiration suspendue pour ne pas l'éveiller : une moue à peine dessinée sur ses lèvres – j'ai l'impression qu'il sourit dans son sommeil – son visage est si proche que je sens son souffle caresser mon cou et son odeur m'envelopper. Ses cils dessinent une ombre veloutée sur ses pommettes et ses cheveux blonds indisciplinés s'éparpillent sur l'oreiller, traversés par un timide rayon de soleil qui s'infiltre entre les stores. Mon cœur est au bord de l'explosion : Milan est beau. Je veux dire, vraiment beau. Bordel. Je suis tout bonnement incapable de résister à ça. Mes entrailles se serrent de plaisir lorsque les images de notre soirée ressurgissent à mon esprit. Nos caresses. Nos baisers. Nos étreintes. Son corps en moi. Nos soupirs mêlés et... le plaisir incroyable. La tendresse absolue. Un moment d'éternité – rien de moins.

Et – cerise sur le gâteau – les Celtics ont remporté leur 3e match contre les Nets : oui, parce que l'on a beau feindre de ne pas être intéressé, les playoffs restent les playoffs, hein.

Aussi, quand, étendus sur le lit et le souffle à peine retrouvé, nous avons entendu le buzzer signaler le début du dernier quart temps sous les hurlements du public du Barclays Center, nous nous sommes pétrifiés, les yeux brillant de la même envie. Après une infime seconde d'hésitation, nos visages se sont simultanément fendus d'un large sourire.

- On y va ? Je te fais des toasts gratinés au fromage, a-t-il proposé en arquant un sourcil aguicheur.

- Mmmh... tu sais comment me séduire, toi, ai-je répondu sur le même ton. J'adore les toasts au fromage !

Il a laissé échapper un bref éclat de rire et posé un baiser furtif sur mes lèvres :

- Pfff... c'est malin... Viens !

Nous avons enfilé à la hâte des bas de pyjamas et nous sommes précipités dans la pièce principale, où notre première préoccupation a été de vérifier le score affiché à l'écran : 81 à 72 pour les Celtics. Ouf. Relativement sereins, mais sans toutefois quitter la télévision des yeux, nous avons préparé les toasts aussi rapidement que possible. 3 minutes sous le grill, puis nous nous sommes affalés sur le canapé, pour dévorer notre en-cas et suivre les 10 dernières minutes du match. Le dos de Milan contre mon torse, mes lèvres sur son cou et mes doigts glissant sur sa peau frissonnante, devant une rencontre de basket et savourant des toasts au fromage : voilà précisément ce que je considère comme le summum de la perfection dans ma vie.

Le jeu dans cette fin de rencontre a été bien plus enlevé que dans les deux quarts du début. Il y avait toujours beaucoup d'erreurs de passes, mais on sentait la pression croitre de seconde en seconde. Surtout quand, à 8 minutes de la fin, l'écart entre les deux équipes s'est réduit à 5 petits points. Comme il nous en a donné l'habitude depuis le début des playoffs, Tatum a assuré le spectacle, interceptant des ballons adverses, transperçant la défense et claquant quelques dunks magistraux, dont un qu'il a terminé, étalé dans les tribunes à 6'23 de la fin du match.

capitaine, mon capitaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant