Lorsque j'arrive, le salon des Adamson est un véritable chaudron : ça hurle, ça supplie, ça enrage, ça se désespère et ça encourage, sur tous les tons et dans toutes les bouches.
Personne ne fait attention à mon entrée – ce qui m'arrange, en fait. Sauf que je tombe des nues lorsque je vois le score. 107 à 102 pour Brooklyn. Il reste 4 minutes dans le dernier quart temps. Mais que s'est-il passé ? Quand j'ai quitté le pub à la fin du 3e quart temps, les Celtics menaient de presque 10 points... je m'affale sur le canapé près de Gaby qui ne remarque même pas mon retour, les yeux rivés sur l'écran.
Les joueurs ne cessent de parcourir le terrain à toute allure, dans un sens, puis dans l'autre ; les actions s'enchainent et se concluent par un panier à chaque fois, ne faisant qu'attiser ma frustration : on ne va pas s'en sortir !
A 3 minutes, les Celtics reviennent à égalité, grâce à une action collective Smart-Tatum-Brown sous le panier de Brooklyn - qui se solde par un panier à 3 points - puis d'une offensive de Smart qui marque à son tour.
- Bordel ! Ils veulent que je meure d'une crise cardiaque ??? s'exclame Gaby en se rejetant en arrière. Il arque un sourcil étonné lorsque son regard se pose sur moi :
- Tiens, t'es là toi ? Où est-ce que...
Mais il n'a pas le temps de terminer sa phrase : le jeu a repris – rien à voir avec les premières minutes du match, plan-plan et ennuyeuses ! Nous bondissons d'un même mouvement, suspendus à la course effrénée des joueurs sur le terrain. Les deux équipes n'économisent aucune seconde pour tenter d'arracher la victoire. Même si ce n'est que la première rencontre et qu'une défaite ne serait pas synonyme d'élimination à ce stade, remporter le match d'ouverture de la série est à la fois hautement symbolique et pèse indubitablement sur le moral du perdant.
50 secondes – 111 partout. Nous sommes tous dressés face à l'écran, vociférant et hurlant comme les centaines de spectateurs dans les gradins du TD Garden.
38 secondes – 114-113 pour les Nets, suite à un panier à 3 points d'Irving.
- Merde... c'est mort ! se désespèrent Finn, Monroe et Maisie en se laissant lourdement tomber sur les fauteuils.
Gaby et moi leur adressons un regard noir. Je rétorque d'un ton cassant :
- C'est jamais terminé tant que le buzzer n'a pas sonné ! Vous faites chier...
Durant tente un panier à 3 points pour les Nets sans succès et les Celtics récupèrent la balle, pour la ramener dans la partie adverse. Mon corps et mon esprit ne sont plus qu'un amas d'arcs électriques qui me traversent de part en part. Y a-t-il un Dieu du Basket ? J'en doute... mais au cas où, je me fends de deux ou trois « s'il vous plait, s'il vous plait » silencieux pour qu'il tranche en notre faveur... Pathétique, j'avoue... mais si ça peut aider, inutile de s'en priver ! Un coup d'œil au chrono : 10 secondes... Bordel !!! Boston continue de mettre la pression aux abords du panier, sans parvenir à briser la défense acharnée des Nets : mais qu'est-ce qu'ils foutent ? Tirez, bordel !
Et tout à coup, alors qu'il ne reste que 5 secondes à jouer... Brown fond dans la raquette pour fixer la défense adverse, passe à Smart sur l'aile gauche qui feinte un shoot pour se défaire du marquage, puis envoie le ballon à Tatum qui a fusé - je ne sais ni quand, ni comment - sous le panier. Tatum récupère la balle, opère un reverse pour échapper au défenseur et marque, juste au moment où le buzzer retentit !
Incroyable ! 115 à 114 : les Celtics mènent par 1 manche à 0 dans la première phase ! Le terrain est aussitôt envahi par la marée humaine du staff des Celtics, tandis que nous laissons exploser notre joie en hurlant, tout en nous gratifiant d'accolades hystériques et assourdissantes.
![](https://img.wattpad.com/cover/306178814-288-k630424.jpg)
VOUS LISEZ
capitaine, mon capitaine
Teen FictionRiver, 19 ans, étudiant en 2e année, est le capitaine de l'équipe de basket de l'université de Middlebury, dans le Vermont. Depuis des années, les Panthers enchainent les mauvais résultats, mais cette saison, tout peut changer ! Pour mener son équip...