6.

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Secrets



   Les filles continuent de monter les escaliers, le premier étage est loin derrière, on dépasse le deuxième et on atterrit au troisième. Le couloir est plus court que celui que j'ai entraperçu en-dessous. Il n'y a que quatre portes. Luz me guide jusqu'à celle du fond en me souriant par moment. Guadalupe se traine derrière et roule des yeux à chaque fois que Lucia me pose des questions personnelles. Je pénètre dans la chambre et elle me surprend.

   Elle est totalement noire.

   Les murs, les sols, les draps, les meubles. La seule chose qui se démarque sont les ailes blanches d'un ange en train de brûler au-dessus de la tête de lit matelassée. Elles prennent bien la plus grosse partie du mur et les flammes dévorent les plumes par le bas et remontent dangereusement. 

   — Jezebel, tu...

   — Laisse-la respirer, bon sang !

   Luz fusille Lupita et croise les bras sur sa poitrine en se taisant. J'esquisse un sourire devant son comportement enfantin et je remarque que mes valises sont postées dans un coin près du dressing.

   — Tu as tout ce qu'il faut pour désinfecter, me lance Guadalupe. Pour éviter que ça s'infecte.

   Elle me pointe la pièce à côté de celle-ci et j'acquiesce doucement.

   — Si tu as besoin d'un truc, n'hésite pas.

   Elle entraine Lucia dans sa fuite et me laisse seule dans mes appartements. Je ferme les yeux en repensant à mes parents et Moisés à qui je n'ai pas dit au revoir – du moins pas dans mes souvenirs. Je pensais retourner voir ma mère rapidement avant de la quitter, enlacer mon père et celui qui s'en rapproche le plus. Mais j'ai été stupide, j'ai bu jusqu'à être inconsciente et ça me provoque un pincement au cœur. Quand est-ce que je les reverrais ? Si les rumeurs sont véridiques, je dois probablement me trouver au sein de la Serranía de la Macarena, une chaîne de montagne située à Meta. Ce qui signifie que je suis à plus d'une journée de route de mon ancien domicile.

   Je soupire, me passe une main sur le visage et je me dirige vers la fameuse salle de bain. J'ai besoin de prendre une douche.

   Elle est presque aussi grande que ma dite chambre, elle est carrelée d'un gris anthracite de partout, la douche à l'italienne est plus grande que la baignoire dans laquelle je me lavais chez moi. Le miroir a des lumières tout autour et révèle tous les défauts de ma peau. Je m'approche au plus afin de voir ma plaie et je tente de déchiffrer le motif sauf qu'avec le sang qui a dégouliné après le passage de la langue d'Angel, je ne vois rien.

   Ma tenue jonche sur le tapis quand je me mets sous les jets. L'eau est froide et se réchauffe bien vite quand j'actionne le chaud. Elle est même bouillante, sa brûlure est délicieuse sur ma peau sale et je ne baisse pas la température. J'attrape le seul savon disponible et me savonne avec. L'odeur masculine est exquise et j'aimerais qu'elle ne quitte plus ma peau. J'enroule une serviette autour de moi et de mon crâne avant de sortir, mon reflet est flou à cause de la buée et je passe ma main dessus afin de me voir.

   Je la vois bien maintenant, la trace gravée sur ma peau. Ce sont des ailes comme celles sur le mur et elles sont étonnamment bien faites. Il manque de détails pour réellement faire l'effet angélique mais on n'a aucun doute concernant ce que c'est. Les ailes sont rouges et ne tarderont pas à devenir des croûtes. Je désinfecte et y appose un pansement pour les protéger puis je m'habille. Il n'y a pas de brosse à cheveux donc je démêle au mieux avec mes doigts – ce qui n'est pas évident avec toutes les boucles qui se sont emmêlées entre les pinces et le vent.

Deal With Devil (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant