Deal With Devil (en pause)

4.

Bienvenue dans la jungle

Chiara glousse fortement avec Moisés, en fait c'est plutôt elle qui rit et lui qui reste stoïque. Elle m'aperçoit et quitte sa position pour me rejoindre dans le séjour. Elle ressemble trait pour trait à mon père, tellement qu'on aurait pu croire à des jumeaux quand il n'avait pas encore les cheveux poivre et sel. Elle travaille dans l'artisanat, gérant sa propre entreprise de fabrication de savons et ne trempe pas dans ce côté du monde. Plus sombre.

Elle replace quelques mèches qui se sont échappées de sa natte et me prend dans ses bras en poussant un cri de joie.

— Ma nièce préférée ! T'es canon, tu vas où comme ça ?

Je roule des yeux, elle exagère puis je suis toujours en colère contre elle.

— Je n'ai pas oublié l'épisode Bautista.

— ... Je me suis emportée. Je suis vraiment désolée, je ne savais pas que ça poserait un souci ! Tu sais, j'y connais rien moi à leur guéguerre de gang ! I

— Je ne comprends pas. Pourquoi tout ça ? Pourquoi avoir essayé de me forcer ? Pourquoi le cacher à mon père ?

Elle se masse les yeux à l'aide de son index et de son pouce.

— Je ne sais pas... J'ai pensé que c'était une bonne idée ! Elle était complètement débile, je le reconnais. Je n'aurais jamais dû.

Je soupire et elle recommence à sourire en m'examinant attentivement. Elle me fait tourner sur moi-même et me demande :

— Un rendez-vous ? Qui est l'heureux élu ? Bautista ? Il t'a tapé dans l'œil ? Parce que je sais que c'était précipité mais si tu apprenais à le connaitre tu verrais que...

— Les Jimenez viennent.

Son expression déconfite m'arrache un ricanement et je hausse les épaules. Elle cligne plusieurs fois des yeux et je la pince pour qu'elle comprenne que ce n'est pas une hallucination. Elle s'écrit et se réchauffe l'endroit où je l'ai agressé.

— Les Jimenez ?

— Les Jimenez, je confirme en nous servant un verre de jus d'orange. Et pas pour leur neveu ou leur cousin. Pour le grand patron.

Elle fronce les sourcils.

— Alors quoi ? Ils veulent revendiquer nos terrains ? (je réponds par la négative) Pourquoi ils viennent ici ?

Je fais semblant de trépigner d'impatience et de couiner en faisant danser mes doigts devant ses yeux, je fini par lui désigner mon annulaire quand elle ne tilte pas. Son regard passe par l'incompréhension, la surprise, le dégoût, la haine et retourne à l'état de choc.

— Ils viennent demander ta main ?!

— Incroyable, n'est-ce pas ?

Elle siffle sa boisson d'une traite, toussote quand elle avale de traverse et claque le verre avec fracas. Chiara abat son poing sur la table et me détaille.

— Tu ne peux pas !

— Pardon ?

— Los Reyes de Sangre sont nos ennemis.

Pas vraiment, nos clans font leurs affaires de leurs côtés et jusqu'alors personne n'a empiété sur les plates-bandes de personne. Puis, ce n'est pas elle qui voulait à tout prix me faire épouser l'un des membres ?

— Ils sont dangereux et impitoyables !

Comme à peu près tous les réseaux qui trempent dans des affaires illégales. Sans ça, on se fait marcher dessus. C'est quoi ses excuses ridicules ? Entre le moment à l'église et cet instant, ils n'ont pas changé.