17.

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Embrases-moi



Luz est revenue après une bonne heure, je ne sais pas ce qui a été dit mais ça a suffi à lui rendre sa bonne humeur et à la faire sautiller jusqu'au passage à table. Quand elle récupérait la vaisselle, quand elle faisait le tour de la table, quand elle prenait les boissons, les posait. Elle claironnait un petit air de musique enjoué et depuis, elle et Anibal ne cessent de se jeter des regards complices. Il m'a même envoyé un coup de pied sous la table et Luz a rougit quand j'ai fait les yeux ronds.

   — Et moi ?

   Je repose le plat en toisant Angel. Il croit que j'ai oublié son sabes cocinar ? Je croise les bras et il attend que je le serve. Dans tes rêves.

   — Il n'en reste plus, je commente avec une moue faussement attristée, t'as bien vu, on a une bouche de plus à nourrir.

   Il fusille Bautista qui mange tranquillement et je retiens mon sourire.

   — Tu te fiche de moi ?

   — J'en ai l'air ? Comme tu n'aimes pas ce que je prépare de toute manière, ça ne devrait pas te déranger. Il y a des soupes instantanées dans le placard au-dessus de l'évier si tu veux.

   Sa voix tonitruante résonne dans son rire et il frappe le bois avec le plat de sa main. L'attablée est accaparée par sa réaction. Anibal et Lucia se font les yeux doux. Bautista se moque ouvertement. Iker se masse les tempes et Lupita observe les faits et gestes d'Angel.

   — Ferme ta grande gueule.

   Bautista serre les doigts autour de sa fourchette tandis que mon mari est à deux doigts de lui rentrer dedans. Je m'installe confortablement dans ma chaise et je commence à manger tranquillement.

   — Prends mon assiette si tu...

   Il ne laisse pas son bras gauche finir sa phrase, il le fait taire d'un geste sec et se lève en faisant crisser les pieds. Je frissonne d'horreur et Anibal se plaint en l'insultant. Il se dirige vers la cuisine sans manquer de m'assassiner plus de fois que nécessaire et arrivé derrière Bautista, il se stoppe. Le temps d'un instant, je réfléchis à ce qu'il va bien pouvoir lui faire mais il est plus rapide que mon cerveau.

   Sa paume pousse fermement la tête du cousin vers son assiette, son nez s'écrase pile dans les lasagnes dans un bruit gras et on hoquète de surprise. Il appuie encore sur son crâne, lui étalant davantage la nourriture et fini par le relâcher.

   — J'espère que t'as apprécié le repas, maricón. (Pédé) La tomate, c'est bon pour la cicatrisation.

   — Ce n'est pas la tomate...

   — C'est pareil ! tranche-t-il, entrainant le rire de Guadalupe.

   Sofia suit sa mère sans réellement comprendre de quoi il en retourne et je tends une serviette à celui qui baigne dans la sauce. Il enlève l'excédent de rouge et je le sens tendu. Son égo vient d'en prendre un coup, entre la bagarre et maintenant son humiliation, je ressentirais la même chose à sa place.

   Il me fait de la peine. Le pauvre.

*

   — Où est-ce que tu vas ?

   Angel termine de boutonner sa chemise, je l'observe faire, les yeux mi-clos et encore ensommeillés. Le réveil indique qu'il est à peine quatre heures et il est déjà paré à partir, les sourcils incurvés et creusant sa ride du lion. Les fleurs de cerisiers et les roses disparaissant sous le coton bleu marine qu'il fait glisser à l'intérieur de son pantalon à pince, il noue sa ceinture en cuir. Je me mets à me frotter les paupières dans l'optique de me réveiller davantage et je constate avec plaisir qu'il a simplement activé son flash de téléphone pour se vêtir dans le noir.

Deal With Devil (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant