13.

107 10 4
                                    

Santa Marta



   Deux cuillères.

Vous voyez la manière dont elles s'emboitent quand on les met côte à côte ? Ou comment les pièces d'un puzzle correspondent si parfaitement ? J'ai l'impression que ma place a toujours été là, à ses côtés et c'est terrifiant. Parce que je ne le connais pas réellement mais surtout, c'est nouveau pour moi. À l'école, j'étais chasse gardée. Seuls les plus courageux osaient me demander de devenir leur petite-amie. Ceux-là ne faisaient pas long feu quand ils me raccompagnaient à la sortie des cours et que Moisés m'attendait.

Ce gros tas de muscles en faisait flipper plus d'un.

Chaque parcelle de mon corps est pucelle et le seul homme auprès duquel j'ai dormi, c'est Lino. Quand petite, je forçais pour dormir entre mes parents.

Alors avoir la main d'Angel posée sur mon ventre, m'emprisonnant contre son torse, ça me fait un drôle d'effet.

Sa tête est enfouie dans mon cou et son nez enfoncé contre ma peau. Je suis au bord du malaise, tous mes membres sont crispés et mon rythme cardiaque frôle sans doute les deux cents battements par minutes – ce qui est considérablement élevé. Je baisse le regard et il dort profondément, son visage est paisiblement endormi et je n'ose pas changer de position. Pourtant, mon bras en aurait bien besoin. La circulation ne passe plus et je ne parviens pas à le bouger à ma guise.

— Putain.

Je grogne quand des fourmis se mettent à le parcourir, le sensibilisant et m'envoyant des ondes désagréables.

— Angel ?

Je jure encore sous l'élancement dans mon bras et je frotte ses cheveux.

— Angel ? Réveille-toi.

— Mm ?

Il n'ouvre pas les yeux et resserre son étreinte, je me mords la lèvre sous la douleur et j'insiste en grattant son crâne. Il bouge la tête, dérangé, ses sourcils se froncent et il se décolle de ma nuque. Angel s'enfonce dans l'oreiller et fait courir son avant-bras sur ma poitrine, déplaçant son poids et soulageant mes muscles. Je revis.

Mon sang jaillit presque, tellement il était bloqué et je relâche la pression. Ça fait du bien. Il est lourd, mine de rien.

— Angel.

Je roule des épaules, l'invitant à me relâcher et cette fois, il se réveille. Il a l'air d'être davantage déconcerté que je ne l'ai été et recule sa tête pour me jauger dans mon ensemble.

— Qu'est-ce que tu fous là ?

J'attends un moment avant de me rendre compte qu'il est stupide et je pointe l'endroit de son étreinte.

— On partage le même lit...

— Je veux dire, dans mes bras ?

Je rigole nerveusement et je repousse son bras énergiquement.

— Peut-être parce que tu me tiens ?

Il réalise finalement que c'est lui qui nous maintient ainsi et non pas moi, s'écarte à la hâte comme si mon contact le brûlait et se met debout. Le drap dévoile sa stature et je décide de partir avant de fantasmer sur lui.

— Je prends la salle de bain ! je m'éclipse en trottinant.

*

Iker prend le volant et démarre quand je grimpe à l'arrière. C'est la première fois que je vais quitter cette maison, je vais enfin voir l'extérieur. Le grand portail s'ouvre automatiquement quand Angel clique sur le badge dans sa main, il laisse sa vitre baissée et j'observe les alentours.

Deal With Devil (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant