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Bon appétit



   Je ne peux pas le lâcher du regard alors qu'il a cet air railleur affiché sur le visage, il attend, je ne sais quoi mais il attend et je ne sais pas vraiment ce que je dois faire. Le rire étouffé de Ramon me parait loin derrière. Inez donne un coup à son frère, énervée qu'il ne prenne pas la situation plus au sérieux et je ne sais pas, il y a ce petit truc qui vient me titiller. Cet élan de possessivité.

   Je zieute Inez, les traits déformés par la colère puis je m'approche de mon mari. Mon pouce vient frôler sa lèvre, Angel ne bouge pas, il se laisse faire alors que j'essuie la marque invisible de son baiser avec elle. Il arque un sourcil et je plisse les yeux.

   — Tu sais Inez, je commence en sentant une boule d'adrénaline palpiter dans mes veines, je peux t'apprendre à embrasser sans en mettre partout. De nos jours, ce n'est pas très agréable de se faire bouffer les lèvres par un mollusque. Et le petit filet de bave, je fais mine d'être dégoûtée et je frissonne, quelle horreur !

   — Pardon ? s'offusque-t-elle en se tournant vers nous.

   — Regarde et apprends.

   — Espèce de...

   Je lève l'index vers elle, lui indiquant de se la boucler et poussée par je ne sais quelle puissance, je me mets sur la pointe des pieds et je colle mes lèvres à celles d'Angel. Il conserve ses billes ouvertes, mi surpris mi amusé et j'espère qu'il va prendre les commandes rapidement parce que je rêve de faire enrager Inez autant que je suis inexpérimentée dans le domaine.

   Tu ne sais pas embrasser.

   Apprends-moi.

   Les smacks, ce n'est plus de notre âge, mets-toi à la page.

   Apprends-moi à embrasser comme une femme, Angel.

   Puis il cale sa main contre ma nuque, me poussant davantage contre lui, il se baisse afin d'être à ma hauteur et je me sens toute émoustillée. Il me lèche et j'entrouvre les lèvres pour lui laisser libre accès, sa langue rencontre alors la mienne et j'oublie la raison pour laquelle je l'ai embrassé. J'oublie Inez. J'oublie Ramon. Il n'y a que lui. Lui et ses baisers divins.

   J'entends, je crois, le cri de rage d'Inez mais je n'en suis pas certaine. Je m'agrippe à lui, ma main se plaque contre sa mâchoire et sa barbe me provoque des piqûres agréables contre ma paume. J'arrive à peine à respirer pourtant je n'ai pas envie de m'écarter, c'est tellement bon que je refuse de mettre un terme à notre échange pour respirer.

   Pourtant, il finit par me lâcher. Son front contre le mien, haletant comme des bêtes. Je pivote vers nos invités, les joues cramoisies et j'humecte mes lèvres. Inez me foudroie du regard et Ramon rigole encore, complètement abasourdi.

   — J'espère que tu as pris des notes, ça t'évitera de te faire rembarrer par le prochain homme marier que tu voudras serrer.

   Je ferme sa bouche, elle est complètement décomposée ou humiliée, peut-être les deux au final, qu'elle en a perdu la parole. Je fais un léger sourire à son frère avant de passer devant Angel, je fais glisser ma main sur son torse et je me dirige vers l'escalier.

   — Si vous voulez bien m'excuser.

   Je monte deux marches avant de minauder :

   — Angel, dépêche-toi. Aujourd'hui le safeword c'est pez baboso, je t'attends là-haut.

   J'ai le temps de voir Inez prendre la porte à toute allure alors qu'elle hurle le nom de son frère, elle claque la portière avec rage et je souris, fière de ma petite victoire. Ensuite, je sens l'adrénaline redescendre et j'ai envie de m'enfoncer dans le mur donc je m'enfuis sans croiser le regard de mon mari mais je sais qu'il m'observe tandis que je disparais à l'étage.

Deal With Devil (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant