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Une vie pour une autre

4 ans auparavant

Angel



   — Je dois aller régler un souci, tu veilles sur ma femme en attendant mon retour. S'il lui arrive quoi que ce soit je te démolis.

   Je ris devant sa menace – qu'il ne mettra jamais à exécution, il tient trop à moi pour ça. Quoi que... Lulu n'est pas n'importe qui. D'autant plus qu'elle porte la vie. Je donne une accolade amicale à mon frère et il me baffe l'arrière du crâne.

   — C'est à cause des types du Guaviare ?

   On vient de l'acquérir et ça serait fort probable que certains types cherchent à défier notre autorité. Depuis qu'on s'impose sur le sol de la Colombie, beaucoup montrent leur mécontentement – et si peu osent nous le dire en face, certains sont plus braves.

   Elkin passe sa veste en cuir et esquisse un sourire.

   — Pas du tout. Ils sont même plutôt contents d'avoir une personne qui prend des directives pour eux.

   — Qui aimerait avoir papa comme chef ? je le taquine en haussant les sourcils.

   — Heureusement qu'on a des liens du sang, se marre-t-il. Sinon il nous en aurait fait voir de toutes les couleurs.

   Je souris en secouant la tête. Le grand patron n'est pas respecté pour rien, bientôt il laissera sa place pour que mon frère prenne les rennes. Il attend simplement de voir si les territoires qu'il colonise ne se rebellent pas. Si tout se passe bien, d'ici quelques mois, Elkin sera le Jefe de Los Reyes de Sangre et papa poule. Deux rôles aux antipodes mais qui lui scieront à la perfection.

   — Rappelle-toi, dit-il en me tapant dans le dos, Guadalupe et ma princesse.

   Je lève les yeux au ciel et il rit avant de s'éloigner, il se retourne et marche dos à la route, un grand sourire aux lèvres.

   — Fais pas cette tête ! Je sais que tu m'adores, hermano ! (il me fait un clin d'œil et monte sur sa moto) Fais gaffe à tes petites fesses, reste sur tes gardes. Je ne veux pas avoir à soigner tes bobos en rentrant à la maison !

   — Dit celui qui fait exprès de se prendre des coups pour que sa femme le soigne ! Je peux m'occuper de moi-même ! je me moque en lui levant mon majeur.

   — Je suis armé, ne me cherche pas trop !

   Pourtant il ne fait pas un geste vers ses flingues, il se contente de sourire grandement et de démarrer, le moteur gronde et nos yeux s'accrochent quelques secondes.

   Il sera un bon père pour Sofia. Je le sais à la manière dont il me regarde, comme un père qui regarde son fils avec fierté et amour, comme un frère qui prend soin de son cadet, comme un ami qui sera toujours présent.

   Je suis moins transparent que lui sur les émotions que je parviens à ressentir, il sait probablement que moi aussi, je l'aime. J'ai beau le cacher ou être parfois détaché, ça n'en reste pas moins la réalité. Il n'y rien de plus important que la famille. Il en fait partie.

   — Tu peux partir serein, j'ai ta femme à l'œil, je cris par-dessus le grondement de son véhicule.

   Un dernier sourire et il prend la route. Je reste encore un petit moment à observer la route sur laquelle je ne le vois désormais plus.

   — Angel, on t'attend pour évoquer la distribution de nos marchandises.

   Je sors de mes pensées et me tourne vers un de mes cousins, j'acquiesce puis le suis à l'intérieur.

Deal With Devil (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant