The Lost Children | [𝚃𝚑𝚎 𝙴𝚟𝚒𝚕 𝚆𝚒𝚝𝚑𝚒𝚗]

Chapitre 7 | Minuit.

Il était tard. La nuit était tombée depuis un moment. Les rues étaient désertes. Les lampadaires allumés. Pas un bruit dehors. La ville dormait. Sauf une personne, comme d'habitude. Une personne que le sommeil semblait éviter, ou qui semblait éviter le sommeil. Ça dépendait des soirs. Et celui-là, il ne savait pas qui décidait de quoi. Il était juste là, toujours réveillé, assis dans ce canapé, ou plutôt affalé. Regardant dans le vide. Soit c'était un mur quelconque du salon, soit c'était par une des fenêtres.

Et là dehors, il y avait quand même plus de choses à regarder qu'un appartement vide et triste. Les nombreuses étoiles présentes dans le ciel étaient déjà plus intéressantes. La vue qu'il avait sur une partie de la ville. Le parc qu'il pouvait voir au loin. Les routes où quelques rares voitures passaient de temps en temps. En bref, le silence. Mais il n'y avait qu'à l'extérieur que c'était calme, car à l'intérieur, c'était un brouhaha sans nom.

L'intérieur de sa tête, évidemment. Car il n'y avait jamais de repos pour son cerveau. Les pensées défilaient, en continu, comme d'habitude. Elles n'avaient pas beaucoup de sens et étaient surtout très fatiguantes, mais elles étaient là, comme d'habitude. Et lui aussi, il était là, avec elles. Comme d'habitude. Pourquoi ça changerait ce soir-là, après tout ? Qu'est-ce qui changerait, surtout ?

Puis soudainement, comme si le monde avait entendu cette question silencieuse, on toqua à la porte. Il sursauta légèrement, car il ne s'y était pas du tout attendu. Qui est-ce qui pouvait bien..? Ah, oui. Bien sûr. Il n'y avait qu'une seule personne possible. Et il se demanda avec incompréhension qu'est-ce qu'il venait faire chez lui à une heure pareille. En y pensant, ça faisait un moment qu'il ne l'avait plus vu tiens.

Quelques nouveaux jours s'étaient à nouveau écoulés depuis qu'il avait vu Stefano pour la dernière fois. En vérité, là, ça devait déjà faire une semaine. Une semaine qui était vite passée, alors. Il en avait presque oublié son existence. Presque. Mais celui qui n'avait pas oublié celle de Matthew, ça devait bien être le rigolo qui s'amusait à toquer chez les gens la nuit. Pourquoi il venait là, maintenant ?

Sans grande motivation, il se leva pour se diriger vers la porte d'entrée. Il fit exprès de prendre son temps, pour encore plus faire attendre la personne qui attendait de l'autre côté. Et quand il ouvrit enfin la porte, il ne fut pas du tout étonné de voir Stefano, en effet, un air impatient sur le visage, et qui posa d'ailleurs immédiatement son bras sur le chambranle, peut-être de peur qu'on lui claque la porte au nez. Il semblait frustré, peut-être à cause du fait d'avoir été ignoré avec violence pendant plusieurs jours.

-Pourquoi tu essaies de m'éviter, Matthew ?

Il ne perdit pas de temps, visiblement. Même pas d'explications, d'au moins un "bonsoir, je viens te voir au pire moment de la journée", rien. Il lui posa directement cette question, une pointe de reproches dans la voix. Il n'était pas non plus en colère, mais il était peut-être un peu.. vexé, de voir qu'il s'était fait ignorer aussi superbement. Il pensait qu'au bout de deux jours ce serait réglé, mais non.

Et comme ça faisait déjà une semaine que Matthew ne semblait toujours pas avoir envie de le voir, il avait dû réagir. D'une manière qui étonna bien le concerné, par contre. Car il le regarda comme s'il venait de dire ou de faire la chose la plus illogique du monde, avant de répondre avec calme.

-Il est minuit, Stefano.

Lui aussi, il le regarda un moment avec incompréhension. Comme s'il trouvait ça totalement normal, au contraire.

-Je savais que tu ne serais pas en train de dormir.

Ah bon ? C'était vraiment étonnant. Alors il lâcha la poignée de la porte qu'il tenait depuis avant, pour mieux croiser les bras et regarder Stefano avec l'air le plus sérieux possible.