The Lost Children | [𝚃𝚑𝚎 𝙴𝚟𝚒𝚕 𝚆𝚒𝚝𝚑𝚒𝚗]

Chapitre 8 | Les choses sérieuses.

-Bon, il va falloir qu'on commence avec les choses les plus importantes.

Matthew avait déclaré ça en regardant Stefano du coin de l'oeil. Celui-ci était assis à la table du salon, la tête reposant dans une de ses mains. Il l'avait attentivement écouté, même si pour l'instant il n'avait pas dit grand chose. Mais malgré tout, il semblait prendre un air las, comme s'il trouvait que Matthew en faisait trop, que tout ça semblait trop "officiel". Il ne savait même pas de quoi il voulait parler exactement, d'ailleurs.

Mais lui, il était bien déterminé à comprendre les choses essentielles. C'est pour ça qu'il avait limite convoqué Stefano, il ne voulait pas perdre de temps.

-Tu sais que maintenant, il y a beaucoup de zones d'ombre chez toi, non ?

Surtout depuis qu'il avait découvert la vérité sur lui. Alors oui, c'était bien de savoir "pourquoi" il tuait des gens, mais il fallait avant tout savoir comment c'était possible. Comment est-ce qu'il pouvait tuer avec autant de sang-froid, comme ça. Et cela dit, c'était du coup quand même très dangereux de vouloir savoir quels problèmes pouvait bien avoir ce tueur. Seul, avec lui. C'était dangereux tout court de continuer à parler à un tueur.

Mais encore une fois, ce n'était pas ça qui allait arrêter Matthew. Il devait tout savoir sur lui. Et il se rendit compte qu'il n'avait même pas peur, enfin, pour le moment.

-Du coup.. Je vais devoir te poser quelques questions.

Il l'avait prévenu, après tout, il lui avait dit qu'il allait devoir apprendre des choses sur lui. Stefano ne pouvait pas jouer les choqués. Mais non, à la place il sembla trouver ça drôle.

-Tu veux qu'on fasse une thérapie, docteur ?

Et le "docteur" le regarda d'un air blasé, se battant en duel avec le sourire moqueur de Stefano. Il devenait d'ailleurs son patient, du coup. Mais ce n'était même pas la question.

-Tu penses en avoir besoin ?

La réponse penchait plus pour le oui, quand même. Stefano en avait, des problèmes, et essayer de les guérir serait déjà pas mal. Mais justement, pour commencer, Matthew devait déjà savoir quels problèmes il avait. Évidemment, il pensait à la psychopathie, tout le monde aurait pensé à ça. Mais il se disait que si c'était ça, c'était un psychopathe bien étrange, alors. Il y avaient déjà beaucoup de caractéristiques, mais d'autres, on aurait dit qu'elles étaient plus faibles.

Alors il ne le laissa même pas répondre et enchaîna directement.

-Premièrement, je dois essayer de savoir quels genre de.. troubles tu as.

Oui, "essayer", parce qu'il n'était pas psychologue, qu'il n'avait pas des connaissances aussi poussées qu'eux, évidemment. Mais il s'y connaissait quand même un "minimum", du moins il espérait. Alors pour ça, déjà, il devait apprendre des choses sur la vie de Stefano, savoir ce qu'il avait vraiment vu, à la guerre, ce qu'il avait ressenti. Il allait donc devoir savoir plein de choses qu'il n'avait jamais su, en cinq ans. Au passage, il se rendit compte qu'en vérité, il ne connaissait pratiquement rien sur lui. Mais pourquoi ?

Comment avait-il fait pour ne rien lui dire et faire en sorte que Matthew ne s'en aperçoive même pas ? Il s'était sûrement intéressé à ça, oui, mais il n'avait jamais osé demander, de peur que Stefano se rappelle de mauvais souvenirs... C'est vrai qu'il semblait très traumatisé, maintenant.

-Et pourquoi tu veux tant te fatiguer avec ça, au fait ?

La voix lasse de Stefano s'élèva d'un coup, après un moment de silence. Sa tête était légèrement inclinée sur le côté, comme si lui, ça le fatiguait déjà. Ou qu'en fait, il n'en avait rien à faire.