Chapitre 3 | Le crime de trop.

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"Un nouveau cadavre retrouvé mutilé"

Il avait l'impression de devenir fou.

Ce n'était pas possible. Ce n'était pas vrai. C'était fait exprès. C'était une blague, tout avait été fait exprès. Le destin, le hasard, le sadisme, aussi, ils avaient tous participé à cette énorme coïncidence. Ce n'était pas comme si ça y est, il avait eu la confirmation que c'était lui le tueur, mais c'était tout comme.

Et dire que la veille, il s'était justement dit que ça serait très gênant si un autre meurtre survenait, comme ça. Il était presque partant pour effacer tous les doutes qu'il avait pu avoir, toutes les inquiétudes, les questions stupides qu'il s'était posé. Mais maintenant, il ne l'était plus du tout. Au contraire. Ça venait tout aggraver. Il se l'était dit, en plus, il se l'était vraiment dit.. Il avait blagué, pensant que ce serait évidemment impossible.

Mais il avait eu raison, et il n'avait jamais autant détesté le fait d'avoir raison. Il l'avait prédit malgré lui, et ça le rendait vraiment fou de voir que le jour d'après, on apprenait un nouveau meurtre. Et Stefano avait disparu, comme ç'avait été prévu. Stefano.. Stefano... Toujours lui. Encore et toujours, dans sa tête. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'on aurait dit qu'il faisait presque exprès de tout faire coïncider comme ça ? Est-ce que c'était vraiment lui ? Non, impossible.

Mais maintenant, toutes ses pensées de la veille s'étaient retournées dans l'autre sens. Elles avaient changé d'avis, finalement. Peut-être qu'elles avaient toujours eu le même, d'ailleurs, mais Matthew avait essayé de les faire taire avec son grand complice le déni. Il n'avait pas tenu, longtemps, visiblement. Car maintenant, tout recommençait dans sa tête. Les mêmes réflexions qu'avant, en boucle. Il était fatigué, sérieusement.

Et il ne pouvait pas s'empêcher de se répéter qu'il avait raison. Il avait raison depuis le début, il ne devait plus essayer de faire comme si de rien n'était. C'était trop gros, trop flagrant, trop évident, en plus de tous les indices qu'il avait accumulés jusque là. À présent, c'était comme s'il n'y avait plus aucun doute, comme si c'était confirmé. Comme si Stefano avait fait ça intentionnellement. Mais personne d'autre ne le suspectait. Et c'est ça qui avait fait se poser à Matthew de nombreuses questions sur une potentielle paranoïa.

Il devait vraiment être le seul à penser ça, approuvant encore plus le fait qu'il devait totalement délirer. Il en venait même à douter de sa propre santé mentale, à présent. Il se demandait s'il allait réellement bien, s'il n'avait juste pas de problèmes psychologiques étranges, lui aussi. Il ne savait vraiment plus quoi faire, complètement perdu, comme depuis un moment déjà.

Il commençait à hésiter, à se demander si finalement, il devrait peut-être directement en parler à Stefano. Mais ce serait bizarre, il dirait sûrement non, et il s'énerverait sans aucun doute de savoir qu'on puisse penser ça de lui. Et si ce n'était pas lui, hein ? S'il lui demandait quand même, et qu'il finisse par ne plus avoir envie de voir Matthew ? Ce serait compréhensible, dans ce cas, même si peut-être un peu extrême. Et si c'était lui mais qu'il le niait ? Comment pourrait-il savoir au final ?

Cette idée semblait complètement insensée, c'était la dernière à envisager dans cette situation. Mais alors, que pourrait-il faire à la place ? Essayer de rassembler encore plus d'indices, continuer son "enquête" dans l'ombre, continuer de penser à tout ça encore et encore, jusqu'à finir par entièrement perdre la raison ? Que devait-il faire ? Et puis, il ne pouvait pas juste s'enlever cette certitude de la tête ? Pourquoi si hier il s'était finalement dit qu'il n'y avait aucune chance que ce soit réel, maintenant il rechangeait complètement d'avis pour revenir sur sa version principale ?

Il ne comprenait plus rien. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il ne tiendrait plus longtemps comme ça. Il devait faire quelque chose. Quoi, il ne savait pas, mais il devait arranger tout ça. Il en avait marre de constamment changer d'avis, de ne pas être sûr un jour, puis persuadé l'autre. Il devait avoir ses réponses, il en avait besoin.

The Lost Children | [𝚃𝚑𝚎 𝙴𝚟𝚒𝚕 𝚆𝚒𝚝𝚑𝚒𝚗]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant