Chapitre 10

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"I wander through these dreams, dreams you keep


I was lost but now, now I see."


[LÉA]


Le week-end n'a pas été de tout repos je n'ai pas arrêtée une seule seconde. Je l'ai passée chez ma mère et pour être honnête, j'aurais préféré le passer seule dans ma petite chambre d'étudiante mais elle n'était pas d'accord. Elle m'a dit que rester trop longtemps dans une petite pièce de 9m2 risque de rendre mon cerveau en bouillie. Je crois qu'en fait Mathis lui a parlé de ce qui m'est arrivé la dernière fois après mon cours de piscine. Il a dû lui en toucher deux mots puisqu'elle m'a forcé à reprendre mon traitement pour mon anxiété. Elle dit que c'est pour mon bien, pour éviter de faire des crises et de me sentir mal. Mais pour être honnête, tout ce que je ressens lorsque je prends ces pilules, c'est juste le vide. 

Le néant. 

Le traitement est si fort que j'ai parfois l'impression de ne pas pouvoir tenir éveillée. Que même si j'essaie de réfléchir correctement, je n'arrive jamais vraiment bien à tenir deux phrases à la suite. C'est juste épuisant et puis je déteste devoir prendre ce genre de chose.

J'ai donc passé mon week-end à dormir. Pour faire plaisir à ma mère mais aussi, parce que j'étais complètement épuisée à cause de ces fichues pilules. Elle, elle l'a passé à laver mes vêtements et à tout remettre dans ma valise dans un état parfait. Elle a même forcé pour que ce soit elle qui me ramène à la fac le dimanche soir. Elle dit que c'est plus sécurisé, que comme ça, elle n'aura pas à s'inquiéter de ma présence sur la route. Dans un sens, elle a sûrement raison. Les gens sont de plus en plus dangereux.

— Léa, tu m'écoutes ? 

— Hein ? 

Mona. Cafétéria. Lundi midi. Merde. J'ai pourtant arrêté de prendre mes médicaments lorsque j'ai remis un pied dans ma chambre du crous. J'ai cette forte impression que les effets sont toujours là. Qu'ils me terrassent et m'empêche de réfléchir correctement. Je ne me souviens même plus de quoi on a parlé ce matin en cours ni même de comment je suis arrivée là. 

D'un geste de la main, je trempe lentement une de mes frites dans mon ketchup, le regard ailleurs, fuyant pas parce que Mona m'ennuie mais plutôt parce que je n'arrive pas à garder mon esprit sur autre chose que de vouloir m'assurer que je suis bien là, dans la cafétéria auprès de mon amie et que je ne suis pas dans un rêve éveillé.

De loin, j'aperçois Achille qui me fait signe. Achille. Il est vraiment gentil avec moi. Il pourrait presque remplacer mon grand frère parfois. Son caractère me fait penser à Mathis. Enfin, celui d'avant parce que mon frère n'est plus ainsi. Non, mon frère n'est plus celui que je connais depuis maintenant plusieurs mois. Il n'est plus le grand frère que j'ai pu tant aimer. Il devient juste... Un inconnu. 

C'est ça. 

Il devient une personne que je ne connais pas. 

Non, je n'ai toujours pas dirigé ce qu'il a pu aller raconter à Achille et je me demande vraiment bien ce qu'il a pu dire en plus. Est-ce qu'il lui a parlé de mon anxiété, de mes crises de paranoïa lorsque j'étais plus jeune ? C'est du passé. Je ne vois même pas pourquoi il remet ça sur le tapis mis à part peut-être pour me décrédibiliser. 

C'est d'un ridicule. 

Achille continue de me faire signe et je ne peux m'empêcher de sourire. Je lui fais ainsi coucou durant plusieurs secondes et mon regard vient trouver celui de Tom, installé à ses côtés. Tom qui m'observe sans rien dire, sans même m'offrir un sourire qui semble me juger plus que de raison.

MINDHUNTER - TOME 1 [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant