MINDHUNTER - TOME 1 [Terminé]

Chapitre 14

"Don't lose perspective

We all get damaged, and some of us don't ever heal

But you must be happy without me."

[LÉA]

J'ai décidé de ne pas me lever aujourd'hui, ni même d'aller en classe. Je n'ai que des CM et honnêtement je n'ai pas le courage de devoir affronter les autres, affronter leur regard plein de jugement. Je crois que la rumeur est vite arrivée si bien que maintenant, je passe pour la folle de service.

Après ce qui m'est arrivé hier, je ne me sens pas à l'aise. Mes doutes se sont bien plus que confirmé. Ce n'est pas que dans ma tête, tout ce qui est en train de m'arriver. Ce n'est pas moi qui m'imagine toutes ces choses qui arrivent. Ça ne sort pas de mon esprit et dans un sens, ça me rassure un peu de ne pas me savoir complètement atteinte. Pour le moment personne ne me croit mais je vais trouver un moyen de me faire entendre, il le faut.

Au départ, j'étais un peu cernée. Je n'y croyais pas vraiment, je pensais que c'était probablement mes hallucinations qui revenaient comme lorsque je n'étais qu'une enfant mais non : 

C'est réel. 

Une personne qui s'amuse à me faire peur, qui s'amuse à me traquer et à jouer de mes émotions. Une personne qui se promène dans la fac avec une arme. Une arme qu'il s'amuse à pointer sur moi et rien qu'en y repensant, ça me fait mal. Comment c'est possible ? De pouvoir se promener ainsi sans qu'on nous remarque ?

Et puis, qu'est-ce que j'ai fait de mal ? 

Dans un moment de solitude, la veille alors que je pleurais toutes les larmes de mon corps, j'ai envoyé un message à mon père pour essayer d'avoir de ses nouvelles, savoir s'il va bien. 

Toujours aucune réponse. 

Je crois bien qu'il m'a oublié. Qu'il a oublié qu'il avait une famille qui l'aime. Une fille qui attend toujours que son papa revienne à la maison. Il a dû trouver une autre femme, des autres enfants, une autre famille à nourrir. Ça me rend vraiment malheureuse parce que mon père était toute ma vie. Il est celui qui m'a aidée dans tellement d'épreuves. J'ai vécu tellement de choses avec lui que de devoir apprendre à vivre sans est un calvaire. 

Il me manque. 

Il me manque tellement que de penser à lui me fait mal. Je crois même que j'ai oublié le son de sa voix. 

Je l'ai oublié.

 Il y a bien longtemps que je ne l'ai pas entendu, que je ne l'ai pas vu aussi. 

Est-ce qu'il pense à moi, parfois ?

J'ai aussi essayé d'appeler mon frère mais c'est silence radio de sa part. Je crois qu'il pense que je veux faire mon intéressante, que peut-être, je veux lui voler la vedette mais c'est faux. Et puis c'est lui qui a mis tout ça sur le tapis à raconter que je suis folle, probablement décérébrée, pas vraiment équilibrée à Achille. C'est douloureux de la part de son propre frère de se faire trahir.  Dire que je pensais qu'il allait m'accompagner dans ma rentrée, dans le fait de pouvoir m'aider dans cette nouvelle aventure. J'ai eu faux sur toute la ligne.