Chapitre 35

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"My head is filled with parasites 

Black holes cover up my eyes 

I dream of you almost every night."


[LÉA]


J'ai passé le week-end à réfléchir. Réfléchir sur le journal de Laura, sur Tom et sur Mathis aussi. En fait, je réfléchis pour tout et n'importe quoi en ce moment. Mon cerveau se perd tellement dans mes pensées. J'ai aussi réfléchie sur le plan qu'on doit mettre en marche avec Mona. C'est tout ficelé, il ne me manque plus qu'à passer à l'action. 

Aujourd'hui on est mardi, il ne fait pas beau. La pluie s'abat sur les fenêtres de la salle de classe et ça comble le silence présent. On est tous dans un état second, à attendre que le professeur de langue arrive. Il n'est jamais en avance et il ne se considère pas non plus en retard lorsqu'il arrive quinze minutes après le début du cours. Non pour lui, il est à l'heure et c'est nous qui sommes arrivés bien trop tôt. Allez comprendre la logique. 

D'un geste de la main, j'essaie de remettre en place mes cheveux sur le haut de ma tête. J'ai essayé d'improviser un chignon à la manière des filles dans les livres qui essaient de se coiffer en deux minutes et qui font des coiffures parfaites mais je crois que ça n'a pas marché. Mes cheveux sont en pétard et mon chignon tombe peu à peu sur mes épaules. Quelle arnaque. La prochaine fois, je n'y toucherai pas ! C'est surement en rapport avec l'humidité présente.

— Coucou ! je crois que t'as fais tomber ça. 

Je fronce les sourcils en relevant la tête vers une des filles de ma classe et je l'observe une seconde en ne comprenant pas. On vient à peine de se poser dans la classe et on n'a pas vraiment eu le temps de sortir nos affaires alors, qu'est-ce que j'aurais pu avoir fait tomber de si important ? 

Un papier ? Sérieusement ? 

Est-ce que c'est pour elle une façon de me dire d'aller le jeter à la poubelle ? Ça ne m'étonnerait pas, les gens ici sont tellement feignants. Cependant, quelque chose m'attire à l'intérieur de celui-ci. 

Des mots. Il y a l'intérieur un message. Je l'ouvre et mon coeur fait un bond lorsque je lis les trois mots présents.


"À ta droite." 


À ma droite ? 

Qu'est-ce qui se trouve, à ma droite ? 

Je tourne lentement la tête une seconde pour observer mais il n'y a rien. Rien du tout mis à part les radiateurs collés contre le mur mais aussi la fenêtre donnant sur le jardin. Je fronce alors les sourcils en relisant le papier et j'observe ainsi par la fenêtre, comme si quelque chose me forçait à le faire et je crois que je suis en train d'halluciner. C'est pas... 

Il est là. 

Masqué. 

Et il m'observe. 

Il est en train de me détailler, les bras croisés contre son torse. 

Qu'est-ce qu'il attend ? 

Je crois que mon coeur va sortir de ma poitrine tant les émotions se mélangent. C'est de la colère, c'est de la panique, beaucoup de panique, tellement de panique que je me redresse brusquement de ma chaise et que j'emporte avec moi mon sac. 

Non. Pas aujourd'hui. 

Il ne m'aura pas aujourd'hui. 

Je sens mon sang ne faire qu'un tour si bien que je sors de la salle en bousculant le professeur, sans faire exprès. Il fronce les sourcils, essaie de me parler mais rien ne pourra m'arrêter à présent. Je cours en direction du parc qui se trouve sur le côté de la classe. Je cours alors que mon coeur bat à toute allure et que je risque vraiment de faire une syncope. Je continue de courir même lorsque la pluie trempe mes vêtements, même lorsque je sens mes mèches de cheveux venir se coller contre la peau de mon cou. Peu m'importe à présent, il faut que je l'attrape.

Il faut que je le mette sur le fait. 

J'arrive rapidement à l'intérieur de ce parc stupide en m'empêchant de glisser à cause de la terre et j'observe autour de moi alors que je respire très fort. Bien trop fort mais peu importe. Je cherche partout alors que je jette mon sac sur le sol, à la recherche de Tom et j'hurle. J'hurle à m'en faire mal les poumons.  

— Sors de ta cachette bordel ! Vas-y, sors ! T'attends quoi ? Hein ? Ça te fait marrer, c'est ça ? 

Les larmes coulent sur mes joues sans que je n'arrive à me contenir mais je n'arrête pas. Cette histoire me rend dingue. Elle me rend trop dingue pour que j'arrête tout de suite. Je sens même mes pieds qui s'enfoncent dans la boue, ma peau devenir trempée et mes vêtements commençaient à peser mais je n'arrête pas. 

J'hurle ce que j'ai sur le coeur, j'hurle à m'en casser la voix. Je remarque à peine qu'on me film dans la classe à côté, qu'on film mon moment de panique, qu'on me film en train de péter un câble mais je m'en fiche. Je suis dans une telle transe que je n'arrive pas à me calmer. Non tout ce que je vois, c'est de la colère maintenant.

C'est seulement mon prénom qui résonne à mes côtés qui me fait revenir à moi. Je tourne la tête vers le professeur qui m'observe à travers la fenêtre et je déglutis en l'observant. Merde. Merde. Tout le monde me regarde, je vois bien qu'ils me jugent. Même Ethan qui est installé à sa place m'observe d'un mauvais oeil et je déglutis en reprenant mes affaires pour m'en aller. 

Ça, ça ne risque pas d'arranger nos relations.

Peu importe. Si Tom veut me faire passer pour une folle, qu'il fasse donc. Il devrait cependant faire attention avec qui il joue, parce que le jeu risque bien de se retourner très vite contre lui. 

MINDHUNTER - TOME 1 [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant