[LÉA]
Habituellement, je n'aime pas la pluie. C'est vrai, passer des heures à coiffer mes cheveux pour au final voir les boucles réapparaitre à peine quelques minutes sous le climat humide n'est pas ce que je préfère. Pourtant, aujourd'hui, ça ne me dérange pas.
Assise sur l'un des bancs publics de ma région d'enfance, mon regard se porte sur les personnes qui se mettent à courir pour rejoindre des endroits secs et abrités alors que la pluie s'abat en torrent de plus en plus violemment. C'est fascinant de les voir courir ainsi, surtout lorsqu'on prend conscience que ce n'est que de l'eau. Certes, une pluie qui embête mais ça ne reste qu'une petite brume qui ne restera pas bien longtemps pour qu'on puisse s'en inquiéter. Ça doit surtout être pour les vêtements. C'est énervant les vêtements qui collent à la peau.
Mon rendez-vous chez la psychologue s'est bien passé.
Enfin, je crois ? Je ne sais jamais vraiment comment le décrire mais je crois que ça s'est bien déroulé. En temps normal, j'ai l'habitude de finir la séance en sanglots, d'agripper la boite de mouchoirs qu'elle me tend à la seconde et finir en pleurs mais pas cette fois. Non, cette fois, c'était différent. Peut-être parce que nous n'avons pas abordées les sujets qui me font mal et qui m'ont complètement brisées mais plutôt les choses qui me rendent heureuse au jour d'aujourd'hui, qui arrivent à me relever.
J'ai arrêté la fac. Je n'ai pas attendu la fin de l'année pour terminer. Non, j'ai tout arrêté du jour au lendemain, dès la fin de mon hospitalisation. Et puis, même si je souhaitais continuer, maman ne m'aurait pas laissé le choix. Elle ne veut plus que j'y retourne et m'a forcé à tout arrêter, ce que j'ai accepté sans rechigner. J'ai donc récupéré mes affaires dans cette chambre stupide et bien trop exiguë qui risque tout de même de me hanter encore des années et je suis partie, sans même me retourner.
L'hospitalisation n'était pas le moment le plus dur. Pourtant, je pensais qu'avec tout ce que j'ai vécu la-bas, ça ne pourrait être que mieux après, que c'était enfin terminé mais non. J'ai passé les dernières semaines de mon existence en convalescence et ça n'a pas été une partie de plaisir pour moi. J'ai moins de médicaments à prendre, c'est certes mieux sur mon état mental mais la douleur physique n'en reste pas moins importante. Et puis, je vois toujours mon kiné, qui me suit depuis maintenant plusieurs mois. Il me réapprend certaines choses qui sont devenues plus compliquées pour moi : comme marcher ou même me pencher.
En bref, c'est un calvaire mais ça pourrait être pire. Ça peut toujours être bien pire.
Je crois que c'est ce qui me hantera durant le restant de ma vie. La lame du couteau. La sentir venir s'infiltrer sous ma peau avec une telle brutalité, le bruit que cela peut faire jusqu'à mes oreilles, comme une déchirure interne. Peut-être pire que lorsqu'on se brise une articulation. On l'entends résonner en nous, comme une sorte de tambour qui ne s'arrête jamais vraiment au fur et à mesure que les coups tombent. C'est douloureux et puis, ça s'endolorie quand il n'y a plus assez de sang pour ressentir quoi que ce soit d'autre que cette sensation de légèreté qui vient s'engouffrer en nous.
J'ai vraiment cru que j'allais y passer. Je ne vais pas mentir, je ne me souviens de rien après l'incident, pas du moment où Tom m'a aidé à aller aux urgences ni même du moment où il s'est occupé de moi. Tout est tellement flou que je n'ai absolument aucun souvenir. Non, tout ce dont je me souviens, c'est la panique dans cette forêt, puis Ethan et Achille. Le reste n'est que fouillis dans mon esprit.
Je crois que ça ne me quittera jamais. Ce sentiment d'avoir tout perdu, de ne plus savoir qui je suis, qui croire non plus d'ailleurs. Les personnes en qui j'avais confiance se sont révélées être dangereuses alors à présent, je ne donne plus ma confiance. Je préfère faire attention et ma psy est fière de moi pour ça. Elle dit qu'il faut toujours se méfier des gens, même lorsqu'on pense les connaître et elle n'a pas tout à fait tord sur ce sujet-là.
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MINDHUNTER - TOME 1 [Terminé]
Misteri / ThrillerIl y a des mots qui forment une phrase, un paragraphe, une syllabe. Certains diront que ce ne sont que des mots insignifiants, qu'ils ne sont là que pour combler une tournure incomplète, pour terminer une rime inachevée. Au-délà des apparences, ils...