CHAPITRE 9

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Il était presque minuit.


Comme souvent, le sommeil semblait m'avoir oublié, mais la pluie ayant refait son apparition, j'étais condamné à rester étendu sur mon lit à fixer le plafond rendu invisible par l'obscurité.



J'avais regagné ma chambre après avoir endormi jungkook il y avait maintenant une heure.


Celui-ci avait été terrifié à l'idée de replonger dans le sommeil, craignant une immersion dans un nouveau cauchemar aussi horrible que celui du début d'après-midi.


Il m'avait confié que c'était le plus terrible de tous les cauchemars qu'il avait faits depuis le début de l'arrivée de ces perturbations dans ses nuits. Il en avait pleuré pendant des heures -ce dont je me réjouissais éhontément car cela m'avait donné une excuse pour le garder contre moi pendant une grosse partie de l'après-midi- et était encore profondément ébranlé à l'heure du coucher. Je lui avais tenu la main jusqu'au bout et n'avais quitté sa chambre pour retourner à la mienne uniquement parce qu'il m'avait supplié. Après une journée aussi éprouvante pour lui, je n'avais pas pu lui refuser quoi que ce soit, même si l'idée de ne pas pouvoir veiller sur lui me rendait plus anxieux que jamais.



Qu'avait-il bien pu se passer dans son inconscient pour le mettre dans pareil état ?


Il avait catégoriquement refusé de nous en parler et nous l'avions compris : il n'était pas nécessaire de rajouter de la douleur à celle qu'il avait déjà accumulée.



Je revoyais encore son visage terrorisé tandis qu'il hurlait presque à la mort. J'étais prêt à tout pour ne jamais revoir cette expression tordre ses traits parfaits.



Mes amis s'étaient étonnés de voir le temps que Jungkook avait passé caché dans mes bras. Ce sujet leur avait servi pour tenter de distraire notre Maknae, mais les plaisanteries du groupe n'avait fait que renforcer la pression de son corps contre le mien, ce dont je me réjouissais assez. J'étais flatté d'être celui qu'il refusait de lâcher. Il me serrait comme s'il avait peur de me perdre, et lorsque je retirais ne serait-ce qu'un seul bras d'autour de lui, il se lovait encore plus contre moi et pleurait plus fort.


De mon côté, mon cœur n'avait cessé de battre la chamade comme s'il souhaitait sortir de ma cage thoracique.


Je lui avais chuchoté des mots rassurant et des gentillesses tout le long et avais embrassé son front des dizaines de fois. Et même lorsqu'il avait enfin accepté de me lâcher, ma main tenait toujours la sienne sous la table de la cuisine autour de laquelle nous nous trouvions tous.


Et j'avais été chatouillé par des frissons pendant tout le temps qu'avait duré le contact.



« tu devrais faire un peu plus attention à ce que tu ressens en sa présence ».


Ces frissons comptaient-ils ? Étaient-ils dus à mon inquiétude profonde pour la santé de mon ami ou expliquaient-ils mon impardonnable quasi-joie d'avoir à le consoler ?



« seul l'amour peut ralentir une amitié ».


Qu'en était-il de l'arrivée d'une nouvelle amitié ? Pouvait-elle freiner une relation amicale déjà existante ou était-ce réellement le rôle de l'amour uniquement ?


La première solution me semblait peu probable, dans la mesure où une amitié déjà existante pouvait en accueillir une autre, créant alors un cercle d'amis.


Mais l'amour étant souvent plus fort et moins compréhensible que l'amitié, il prenait toujours plus de place.



« dois-je en conclure que tu aimes Jungkook ? »

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