Nous restâmes là à nous contempler durant de nombreuses minutes. Puis, après un certain temps, il me prit par la main et me tira au milieu de la prairie où il me fit asseoir avant d'en faire de même. Il entrelaça ses doigts aux miens en les regardant comme s'il s'agissait de la chose la plus étrange qu'il eut pu voir.
_ Je préfère que les autres n'en sachent rien, dit-il alors.
Je fronçai les sourcils, hébété par le manque de contexte de sa phrase. Face à mon incompréhension, il se vit obligé de reformuler.
_ Je préfère que le groupe ne sache pas... pour nous deux. J'aimerais que cela reste entre nous.
"pour nous deux" ? Que signifiaient ces mots ?
_ Ne t'en fais pas, dis-je en serrant un peu plus sa main dans la mienne. Les autres n'en sauront rien.
Il sourit et déposa un doux baiser sur mon front. Je tressaillis.
C'était comme si les sensations que j'avais avant de tout lui avouer s'étaient décuplées. Le moindre contact entre sa peau et la mienne, le moindre regard échangé me faisait frémir.
°°°
Cette journée avait été magique. A y repenser, même l'instant ménage avait été plaisant. C'avait été comme retrouver un morceau de vie perdu depuis longtemps.
Et puis il y avait eu le baiser.
Tendre et doux.
Signait-il notre engagement dans un couple ? Où bien n'avait-ce été qu'un moyen parmi tant d'autres de nous montrer notre attirance ?
Jungkook était-il amoureux de moi ?
Non, il était trop tôt pour le savoir.
Qu'étions nous l'un pour l'autre ? Amis ? Plus qu'amis ?
Je baillai.
Il m'avait embrassé.
_ Tu es fatigué ?
Je sursautai. Un seul baiser avait suffi à faire fondre l'intégralité de mes neurones.
_ Pardon ? bafouillai-je.
Il rit doucement, et j'eus l'impression qu'une vague de chaleur m'enveloppait. Sa joie était la plus douce des mélodies.
_ Je te demandais si tu étais fatigué, répéta t-il.
Je fis non de la tête, mais comme pour me contredire, un long bâillement me déchira la mâchoire.
_ Je vois.
Jungkook se leva, lissa son t-shirt sur son torse et me tendit la main, dont je me saisis.
_ On va rentrer, alors, déclara t-il.
Et, comme si de rien n'était, il m'entraîna sur le chemin du retour.
Nous marchâmes en silence, nous rattrapant l'un à l'autre lorsque nous trébuchions. Mais ce fut globalement comme si nos lèvres ne s'étaient pas touchées, tant et si bien que je me mis à douter que l'évènement soit arrivé.
Une fois devant la maison, mon ami ouvrit la porte et me la tint sur mon passage, avant de se glisser dans l'entrebâillement. Là, il m'adressa un clin d'œil complice.
_ Allez, rentre, chuchota t-il.
Je m'exécutai.
A l'intérieur, tout était silencieux. Peu étrange, aux vues de notre situation émotionnelle ces temps-ci.