𝐏𝐫𝐨𝐥𝐨𝐠𝐮𝐞

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   CETTE NUIT-LÀ, Hermione s'en souviendrait toute sa vie. À vrai dire, elle avait été aussi belle qu'étrange. Belle pour le paysage onirique du ciel étoilé au-dessus du Terrier ; étrange pour cette brise nocturne anormalement fraîche en plein mois d'août. Mais plus tard, elle associerait surtout ces deux adjectifs aux évènements qui eurent lieu dans l'intimité de cette pièce.

   Les vacances d'été touchaient à leur fin pour les élèves de Poudlard. D'ici une semaine, chacun retrouverait les bancs de l'école et les cours et réprimandes de leurs professeurs. L'ambiance serait assurément différente cette année suite à la tragédie qui avait eu lieu à la fin du Tournoi des Trois Sorciers. C'était d'ailleurs ce à quoi pensait Hermione, assise seule dans le grenier du Terrier, à observer les étoiles à travers une petite fenêtre.

   Hermione avait adoré pouvoir passer ses vacances avec Harry, Ron et le reste de la famille Weasley. Elle s'entendait bien avec Ginny et elle appréciait sincèrement Fred et George, bien que leur caractère était diamétralement opposé au sien. Cette maison était un petit coin de paradis, et d'une certaine manière, elle s'y sentait elle aussi chez elle. Passer du temps avec ses amis avait été une véritable bouffée d'air frais pour elle. Elle savait que cette année n'allait pas être facile, et que cette fois-ci encore, elle allait devoir être forte pour eux.

   Cependant, ici, dans ce grenier poussiéreux, Hermione était seule. Et comme chaque nuit depuis que ses yeux s'étaient posés sur le corps sans vie de Cedric Diggory, elle laissait ses pensées les plus sombres la submerger.

   Cette nuit encore, elle n'avait pas pu trouver le sommeil, et s'était réfugiée en ce lieu en quête de quiétude. Quand elle fermait les yeux, les cauchemars l'assaillaient. Dans ces rêves, le même sort funeste s'abattait sur ses amis. Se contenter de ne les considérer que comme de simples rêves était devenu difficile. Car Harry l'avait dit ; Voldemort était de retour. Les tragédies étaient destinées à se succéder.

   Hermione n'avait parlé de ses cauchemars à personne. Premièrement, à cause de sa fierté de Gryffondor, mais surtout parce qu'elle refusait que ses amis sachent à quel point elle était terrifiée. Elle savait quelle image Harry et Ron avaient d'elle : Hermione Granger, celle qui avait réponse à tout et affrontait les monstres et les examens avec la tête haute. Eux qui avaient une si haute estime d'elle, comment pourrait-elle leur dire à quel point elle était désemparée ?

   Au moment où elle posa la tête sur ses genoux, une voix vint la tirer de ses pensées.

   — Tu ne dors pas ?

   Elle se retourna et aperçut la tignasse rousse et les jambes longilignes de Fred Weasley, qui se tenait dans l'embrasure de la porte. Il portait encore les mêmes vêtements de la journée passée, à savoir un jean gris et une chemise marron à manches courtes, et observait Hermione de sa grande taille.

   — Je n'arrivais pas à dormir, répondit-elle. Toi non plus ?

   — Ouais, pareil. Ça cogite bien trop dans ma tête pour ça.

   — Mais bien sûr, dit-elle avec un petit rire amical. Ça cogite sur la meilleure façon de faire vivre un enfer à ce pauvre Percy.

   Il rit à son tour, et elle sourit. Leur relation était ainsi. Fred était le trublion qui ne pouvait pas vivre sans semer la pagaille derrière lui, et Hermione était celle qui le réprimandait en tentant du mieux qu'elle pouvait de ne pas rire de ses frasques. Il y avait toujours eu une certaine tendresse entre eux, bien qu'ils s'étaient relativement déjà peu retrouvés seul à seul. Fred était toujours accompagné de George, et Hermione soit de Ron ou de Harry, alors ce genre d'instants était rare.

Chaleur | FREMIONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant