𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐

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   APRÈS L'INCIDENT de la bibliothèque, Hermione ne vit pas Fred de la journée. Enfin, plus ou moins. Elle le vit de loin, en fin d'après-midi, en train de discuter avec Angelina, une autre fille de Gryffondor de la même année que lui. Hermione savait qu'ils avaient été proches l'année dernière, mais elle ignorait si leur relation avait déjà été plus qu'un flirt. Avait-il déjà touché Angelina comme il l'avait fait avec elle ? Elle secoua aussitôt la tête pour chasser ces pensées.

   Elle eut la tête ailleurs pendant tous les cours de la journée, elle qui était d'habitude si vive pour répondre à toutes les questions posées par les professeurs, et même celles qu'ils ne posaient pas. Durant le cours de métamorphose, elle peina même à trouver quoi dire lorsque McGonagall l'interrogea. Cette dernière ne lui en tint par rigueur, visiblement déboussolée par ce virement de personnalité. Ce fut probablement également le moment où Harry et Ron prirent conscience que quelque chose n'allait pas, et ils ne cessèrent de lui demander si elle était malade et si elle avait besoin d'aller à l'infirmerie.

   À dix-sept heures, après le dernier cours de la journée, Hermione retourna directement à la salle commune des Gryffondors en prétextant un mal de tête. Ce n'était d'ailleurs pas si loin de la vérité ; son cerveau lui donnait l'impression de grésiller, comme assailli par un millier de fréquences. Une fois dans le dortoir des filles, elle s'effondra sur son lit, toujours en uniforme, et se laissa partir dans un sommeil sans rêves.


   Hermione se réveilla au son de la pluie tapant contre le carreau. La pièce était sombre désormais, et elle devina que sa sieste improvisée avait apparemment duré plus longtemps que prévu. Les lits autour d'elle étaient désormais remplis d'élèves endormies. Lorsque ses yeux furent habitués à l'obscurité, elle put inspecter l'horloge sur sa table de chevet et constater sans surprise que c'était le beau milieu de la nuit.

   Elle tenta en vain de retrouver les bras apaisants de Morphée. Elle se retourna encore et encore sur son oreiller mais après avoir déjà tant dormi, c'était peine perdue. La nuit était bien trop assourdissante et ramenait avec elle les pensées qu'elle aurait espéré de devoir gérer qu'au petit matin. Son seul réconfort était son chat Pattenrond, installé confortablement au bout de sa couette et occupé à ronronner sans se soucier du reste du monde. Cependant, cela finit par ne plus être suffisant et elle s'extirpa de ses draps pour se lever.

   Elle prit enfin la peine de se changer et d'enfiler un pyjama. Une fois cela fait, elle quitta le dortoir, son chat sur ses pas. Elle descendit les escaliers jusqu'au salon principal, vide à cette heure-ci. Le feu, était, comme à son habitude, toujours allumé dans la cheminée grâce à un sortilège. Elle s'assit dans un fauteuil en face de lui pour profiter de sa chaleur.

   Pattenrond grimpa sur ses genoux et vint se blottir contre elle. Hermione ferma les yeux. Ce moment de réconfort était le bienvenu. Ce n'était pas son genre de se tracasser autant pour un garçon. Pendant un moment, elle avait cru être amoureuse de Ron Weasley, mais ce qu'elle ressentait désormais pour le frère de celui-ci allait bien au-delà de ça. Une partie d'elle se disait que ce n'était rien de plus qu'une réponse de son corps après avoir baissé ses défenses pour quelqu'un d'autre pour la première fois de sa vie. Mais il était tellement plus difficile d'ignorer l'autre partie d'elle qui lui rappelait qu'elle avait toujours espéré qu'une telle chose arrive entre elle et Fred. Peu importe à quel point elle avait essayé de l'enfouir au fond d'elle.

   La tête du petit félin se redressa soudainement. Ses oreilles étaient dressées et ses yeux semblaient fixer quelque chose au loin derrière Hermione, quelque chose en train d'arriver vers le haut. Hermione le remarqua à son tour lorsqu'elle entendit des pas provenir des escaliers. Elle se retourna pour voir le visage de l'insomniaque qui allait la rejoindre, mais son souffle se coupa dans ses poumons quand elle vit alors apparaître Fred Weasley. Il s'arrêta dans sa marche lorsque ses yeux se posèrent sur elle. Pendant un court instant, aucun des deux ne prononça le moindre mot. Ce fut Fred qui prit la parole le premier.

   — Tu ne dors pas ? demanda-t-il.

   C'était les mots exacts qu'il lui avait dit cette nuit-là. Hermione sentit sa poitrine se comprimer.

   — Laisse-moi, lui dit-elle entre des dents serrées.

   Il n'en fit cependant rien et vint s'asseoir sur le fauteuil à côté d'elle. Elle ne lui fit part d'aucune réprimande. Pattenrond, de son côté, le fusilla de son adorable regard.

   — Je crois que nous devrions parler de ce qui s'est passé entre nous, dit Fred.

   Hermione hocha la tête. Oui, il fallait en parler, et ils auraient dû le faire beaucoup plus tôt. Cette situation ne pouvait pas durer plus longtemps.

   — Je suis désolé, dit-il lorsqu'elle ne répondit pas oralement.

   Elle leva brusquement les yeux vers lui.

   Quoi ?

   — Désolé pour quoi ? demanda-t-elle d'une voix qu'elle tenta d'être la plus sévère possible. Désolé d'avoir couché avec moi ?

   — Non, répondit-il, estomaqué qu'elle puisse penser cela. Désolé d'avoir aussi mal géré la situation entre nous. Je ne regrette pas du tout ce que nous avons fait, Hermione.

   La jeune fille sentit ses épaules se relâcher. Elle expira un souffle de soulagement. Cela avait été là sa plus grande peur ; qu'il ne la voit que comme une tache noire dans son tableau de conquêtes qu'il n'avait accueillie dans ses bras que par pitié.

   — Tu es une fille bien, continua-t-il. Brillante, intelligente, promise à un grand avenir... Et moi, je suis... moi. Un type extraordinaire mais qui flippe à l'idée d'une relation sérieuse avec une fille qu'il ne mérite pas.

   Il avait dit sa dernière phrase sur un ton léger, mais c'était la vérité. La vraie raison pour laquelle Fred multipliait les aventures sans lendemain, c'était qu'il était terrifié à l'idée qu'une autre personne puisse lire en lui derrière l'image d'homme ayant confiance en lui qu'il projetait devant les autres.

   Le visage d'Hermione s'adoucit à son aveu. Elle posa sa main sur son bras.

   — Je ne regrette pas non plus, Fred, dit-elle. Mais je ne suis pas toi. Je ne peux pas passer à autre chose comme ça avec quelqu'un d'autre. Pour moi, ce genre de relation physique se doit d'aller avec des sentiments.

   Elle se tut un instant, et sa voix se fit alors plus basse :

   — Tu étais ma première fois.

   Fred écarquilla les yeux, visiblement surpris.

   — Vraiment ?

   Elle acquiesça avant qu'il ne continue.

   — Je croyais que toi et Victor Krum...

   — Ça n'est jamais allé aussi loin.

   Et les sentiments n'avaient jamais été aussi forts.

   Fred sentit une étrange sensation se développer dans sa poitrine. Était-ce du soulagement, de la fierté, ou quelque chose d'à la fois bien plus pur et bien plus sombre ? Ce sourire malicieux bien à lui retrouva son chemin sur son visage.

   — Alors je vais prendre mes responsabilités, dit-il de but en blanc.

   Hermione leva les yeux vers lui, interloquée. Il s'expliqua avant qu'elle n'ait le temps de lui demander ce qu'il voulait dire :

   — Puisque que séparer un acte physique des sentiments ne te convient pas, je vais apporter la solution idéale.

   Fred marqua une courte pause et sourit avant de déclarer solennellement :

   — Je vais te faire tomber amoureuse de moi.




Chaleur | FREMIONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant