𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟐

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   L'AIR QUI embaumait le dortoir de Fred semblait avoir un goût complètement différent que d'habitude. Sucré, chaud, et avec une pointe de piquant. À chaque longue inspiration, Hermione laissait cette saveur à la fois si nouvelle et si familière se frayer un chemin jusqu'à ses poumons. L'agitation s'était tue, mais c'était comme si tous ses sens s'étaient décuplés à la place.

   Hermione ne pouvait nier l'évidence : elle était complètement ivre. Sinon, jamais elle n'aurait osé dire à voix haute ses véritables pensées. Pas devant les autres, et certainement pas devant lui. Pourtant, le courage liquide qui coulait en elle mourait d'envie d'aller plus loin, d'enfin aborder le sujet auquel elle s'était interdit de penser depuis bien trop longtemps.

   Fred, quant à lui, ne savait quoi penser. Lui aussi avait bu, comme le témoignaient ses joues brûlantes et son léger cheveu sur la langue, mais il était néanmoins bien plus vif que la fille en face de lui, qui lui lançait des regards qui lui promettaient à la fois sa délivrance et sa déchéance.

   — Hermione, dit-il finalement, tu devrais aller te coucher.

   — D'accord.

   À ses mots, elle s'avança avec de grands pas exagérés vers le lit de Fred, et s'y assit de tout son poids avec un grand sourire de fierté. Fred poussa un soupir exaspéré, tentant de chasser la sensation que cela lui procurait de voir Hermione assise exactement là où il passait tant de temps à penser à elle.

   — Va te coucher dans ton dortoir, insista-t-il.

   — Pas envie, répliqua-t-elle en faisant la moue.

   — Si tu ne le fais pas, je te porte jusque là-bas.

   — Impossible. Contrairement aux dortoirs des garçons, il y a un sortilège qui empêche des derniers d'entrer dans ceux des filles. Tu devrais être le premier à le savoir.

   Pompette, mais fidèle à elle-même, pensa Fred avec l'esquisse d'un sourire.

   Comme elle n'avait clairement pas l'air d'avoir envie de bouger, il décida que même s'il ne pouvait pas la raccompagner jusqu'à son lit, il pouvait déjà bien la déposer jusqu'à la porte de son propre dortoir. Rester ici seul avec elle était dangereux, et ce soir n'était pas le bon soir pour avoir cette conversation.

   Ainsi, il s'avança vers elle et s'agenouilla devant elle de façon à pouvoir la soulever dans ses bras. Mais au lieu de s'accrocher à lui, Hermione rit et posa ses deux mains de chaque côté de son visage. Le rouquin s'immobilisa.

   Le bout des doigts d'Hermione vint balayer ses joues, ses tempes, les quelques mèches rebelles qui dépassaient de son visage. Elle regardait droit dans les yeux, une lueur d'affection et de tristesse dansant dans son regard, comme si elle observait une œuvre d'art qu'elle ne pourrait jamais avoir.

   Fred baissa l'une des mains d'Hermione, presque à contrecœur. Juste une, cependant.

   — Hermione, non.

   — Pourquoi ?

   — Tu es ivre.

   — Et toi, tu es adorable, roucoula-t-elle en lui tapotant le nez.

   Fred ne put s'empêcher de sourire. Hermione ferma les yeux, puis avança son front jusqu'à ce que celui-ci soit collé au sien. Elle ne tenta pas de l'embrasser ; c'était comme si elle cherchait à emmagasiner sa chaleur. Fred aurait dû reculer. Il ne le fit pas.

   Les souffles de la brunette s'entremêlèrent aux siens, jusqu'à devenir plus aigus, presque comme des sanglots. Fred crut un instant qu'elle pleurait, mais ses yeux étaient toujours fermés.

Chaleur | FREMIONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant