Chaleur | FREMIONE

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟒

   LES JOURNÉES s'étaient parées d'un froid mordant. Dès la première semaine du mois de novembre, un fin manteau de neige était venu draper l'architecture du château. Mais plus encore, les jours étaient devenus pesants. Pas à cause de la météo, mais bien à cause de la présence insidieuse d'Ombrage, dont l'influence ne faisait que grandir au sein de l'école.

   Depuis Halloween, l'horrible petit démon rose harcelait encore plus impitoyablement quiconque osait s'impliquer avec Harry, toujours dans sa ligne de mire. Même les communications par hiboux subissaient maintenant un contrôle strict. Heureusement que Sirius, depuis le square Grimmaurd, prenait de temps en temps contact avec eux à travers la cheminée de la salle commune des Gryffondors.

   Heureusement aussi que les jumeaux Weasley étaient là avec leurs farces et leur bonne humeur pour empêcher tout de le monde de sombrer dans la déprime. Depuis la fête, Fred et Hermione étaient devenus encore plus proches, sans jamais dépasser la limite de l'amitié pour autant. Le lendemain d'Halloween, Hermione avait été soulagée de constater que Fred avait eu raison, et que personne ne semblait se souvenir de ce qu'elle avait laissé échapper. Seule Ginny lui avait décoché un regard lourd de sous-entendus à table.

   — Je ne t'ai pas vue rentrer au dortoir cette nuit, lui avait-elle dit.

   Hermione avait balbutié une excuse quelconque, sans doute bancale, mais Ginny avait eu l'air de s'en contenter. Elle avait simplement souri et hoché la tête d'un air entendu, et Hermione avait été morte de honte en devinant que la rouquine devait imaginer bien plus que ce qui s'était vraiment passé.

   Au final, elle n'avait pas demandé à Fred quelle avait été cette promesse qu'elle lui avait faite. Non pas que sa curiosité avait disparu, loin de là. Mais les choses étaient devenues bien trop sérieuses avec Ombrage et le climat général ambiant à l'école pour discuter romance. Les conversations ne tournaient plus que sur le fait de trouver un moyen de s'opposer à sa tyrannie et à apprendre à se défendre pour la bataille à venir. Fred aussi en avait conscience, et n'avait pas cherché à insister sur le sujet.

   Il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir que les choses allaient terriblement mal. Les heures de retenue s'accumulaient, et avec elles les cicatrices laissées par les tortures magiques d'Ombrage. Ça ne pouvait plus durer. Mais quand Harry s'était finalement présenté à ses amis avec un moyen inattendu pour résoudre leurs problèmes, une lueur était finalement apparue au bout du tunnel.

   Cette solution avait un nom : la Salle sur Demande.

   Ils devaient cette découverte à Dobby. Cette pièce, cachée de tous à l'exception de ceux qui en ont besoin, était exactement ce qu'il leur fallait pour s'entraîner à l'abri des yeux d'Ombrage de son inquisition. Puisqu'elle refusait de leur apprendre à se défendre contre Voldemort et ses mangemorts, alors ils le feraient tous seuls, et à leur manière.

   Ils s'étaient révélés plus nombreux que prévu, avec tous ceux à Poudlard ne croyant pas aux mensonges du ministère. Il y avait le trio d'or,bien évidemment, le reste de la fratrie Weasley, Neville, Luna et bien d'autres encore. Une discussion avait été nécessaire quant à la décision du nom de leur petit groupe. Après des suggestions comme "la Ligue des champions anti-Ombrage", "le Front de libération contre les crétins du ministère" (une idée de Fred, sans surprise) ou encore "l'Association de Défense", le choix s'était finalement porté sur l'idée de Ginny : l'Armée de Dumbledore.

   Et c'est ainsi que tout le petit groupe s'était retrouvé à porter fièrement ce secret commun. Le poids des enjeux et de tout ce que cela impliquait était lourd, certes, mais il l'était aussi parce qu'ils savaient tous que ça pourrait vraiment changer les choses.