𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟗

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   LES DISCORDES de ces dernières semaines avaient fondu comme de la neige au soleil. Le quotidien avait repris son court habituel, et Fred et Hermione s'étaient remis à passer du temps ensemble comme autrefois. Jamais en seul à seul, cependant, et en prenant toujours soin à ne pas reparler de la nuit, ni de la raison de leur dispute en premier lieu. À chaque fois que les souvenirs de leur union remontait dans leur esprit, ils se forçaient à se répéter mentalement les mots prononcés dans l'infirmerie.

   Amis.

   Les jours étaient doux, si l'on parvenait à mettre de côté les tensions politiques qui imbibaient chaque mur du château. Chaque jour, la présence d'Ombrage devenait de plus en plus suffocante. Élèves comme professeurs n'avaient d'autre choix que de danser dans la petite main de la femme hargneuse. Un voile d'incertitude était tombé sur l'école.

   Néanmoins, chacun trouvait un certain réconfort dans le fait qu'Halloween approchait à grands pas. La fête était comme tous les ans synonyme de banquet délicieux, de bonne humeur générale et d'amusements divers et variés.

   De plus, il n'était pas rare que, sans que les professeurs soient au courant (ou du moins sans que ceux-ci ne semblent montrer leur connaissance du sujet), les élèves les plus fêtards de chaque maison organisent des fêtes de tous les diables dans leurs salles communes respectives. Pour ça, les Gryffondors pouvaient compter sur les jumeaux Weasley, toujours là pour animer les lieux un peu trop calmes.

   Hermione anticipait cela avec un grand sourire. Bien que ça n'avait jamais été son genre de danser et picoler jusqu'au bout de la nuit, elle devait admettre que les deux frères savaient s'y prendre pour mettre le feu à la salle commune. Parfois littéralement.

   Mais le trio d'or ne pouvait pas se permettre de ne penser qu'à des frivolités adolescentes, quand bien même c'est ce qu'ils auraient dû faire si l'univers n'avait pas été aussi tragique. Le problème d'Ombrage persistait, sans compter celui des menaces extérieures dont la professeure refusait strictement de leur apprendre à se défendre contre. C'était par ailleurs le sujet de conversation d'Harry, Ron et Hermione, assis à leur table dans la Grande Salle. Il fallait trouver une solution, trouver un moyen de rassembler les élèves contre l'ennemi, comme une armée, ou—

   — Granger ?

   Leur discussion animée fut interrompue par une voix derrière Hermione. Harry et Ron, devant elle, avaient les yeux écarquillés face à leur visiteur inattendu. Ils n'étaient d'ailleurs pas les seuls ; d'autres Gryffondors observaient, bouche bée, ce garçon qui aurait d'habitude préféré se jeter dans le lac noir plutôt que de se présenter aussi sagement devant leur table.

   Hermione se retourna alors, pour ensuite être traversée par la même stupéfaction lorsque ses yeux se posèrent sur un Drago Malefoy clairement embarrassé.

   — Je peux te parler ? lui demanda-t-il. En privé ?

   — Dégage, elle veut pas te parler, rétorqua Ron en le fusillant du regard.

   Harry et Ron avaient tous deux été mis au courant de leur altercation. Bien que les garçons s'étaient amusé de la fougue d'Hermione et l'avaient longtemps charriée sur le sujet, la jeune fille avait dû les retenir pour ne pas qu'ils se lancent tous poings dehors sur Drago comme l'avait fait Fred. Le beau coquard que ce dernier lui avait offert avait presque disparu, ne restant plus que de vagues traces jaunâtres autour de sa paupière.

   — Ça te concerne pas, le rouquin, cracha alors Drago. Reste à ta place.

   Harry bondit alors sur ses pieds, prêt à en découdre, geste que Drago se contenta d'observer d'un regard dédaigneux. Cependant, Hermione se leva à son tour et fit un signe de la main à Harry et Ron, qui fulminait lui aussi sur son siège.

Chaleur | FREMIONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant