Chapitre 18

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— Oh non ! Me dis pas que tu es une espèce de sadique qui prend son pied en torturant ses conquêtes ! s'écria-t-elle en donnant un coup de pied dans le vide.

Cette fois-ci elle le toucha aux genoux et il jura en la fusillant du regard.

— Mais non, j'aime juste les attachés... de tout un tas de manière différente ! C'est un art, tenta-t-il de justifier en s'empourprant.

— Que tu as l'air de maîtrise, pesta-t-elle quand il réussit enfin à défaire le premier nœud.

Il lui répondit un sourire ironique.

— On peut dire ça. Je les bâillonne aussi quand elles parlent trop.

— N'essaye même pas !

Il lui lança un regard, l'air de dire qu'il avait très envie d'essayer et ce fut à Louise de rougir jusqu'à la racine des cheveux.

— Tu as appris ça où ? marmonna-t-elle pour changer de sujet.

Cette fois-ci, son visage s'assombrit tout à fait et elle eut la réponse à sa question.

— Là-bas, n'est-ce pas... chuchota-t-elle d'une voix enrouée.

Personne ne lui parlait jamais de ce qui était arrivé au Zoo, la prison clandestine pour changelin d'où Lance et toute la meute s'étaient échappés. Elle savait juste que ça avait été assez horrible pour tous les marquer. Lance avait toujours eu l'air d'être celui qui s'en était le mieux sortie, mais quand il tourna les talons pour l'abandonné à moitié détaché, elle sut que ça n'avait pas tout à fait été le cas.

— Hé ! Lance ! Mais hé !

Elle se débattit et à défaut d'autre chose trancha l'attache sur le devant de sa poitrine. Remettant les pieds à terre elle détala à la suite de Lance dont l'expression était fermée.

— Je ne veux pas en parler.

— Je suis désolée, évidemment que tu n'es pas obligé d'en parler...

Lance continua d'avancer et Louise songea un instant à le laisser tranquille pour récupérer son sac, mais elle ne pouvait pas le laisser se fermer. Elle se planta face à lui, les deux mains sur ses abdos pour essayer de l'arrêter.

— Hé ! Crétin, arrête de foncer tête baissée, tu dois encore récupérer mon sac !

Son changement de sujet sembla lui convenir puisqu'il s'arrêta brusquement. Louise resta surprise et hébétée d'avoir réussi à arrêté ce mastodonte, puis elle réalisa qu'elle avait toujours les mains sur ses abdos magnifiquement sculpté et...

— Aïe...

Lance lui avait mis une pichenette sur le front. Il fit demi-tour plus calmement et il lui décrocha son sac pour le lui rendre. La sangle de poitrine était foutue, mais celle abdominale avait été épargnée. Louise remit son sac et elle reprit son chemin, Lance à ses côtés. Ce n'est que là qu'elle réalisa qu'elle avait ressenti un vide, à ses côtés. Pourtant, il n'avait pas l'air d'avoir le cœur à rire et à chanter comme il l'avait fait une bonne partie de leur voyage. Elle sentait une tension de non-dit entre deux, comme si Lance s'attendait à ce qu'elle détalle en courant maintenant qu'elle connaissait son petit secret, ou maintenant qu'ils s'étaient embrassés et un peu plus. Louise grommela pour elle-même. Le sexe, ça gâchait toujours tout...

Alors comme ça, Lance était un adepte du bondage ? Elle lui lança un regard en coin, curieuse. Louise n'avait pas eu beaucoup de relation sexuelle, adolescente, elle était trop rêveuse de son jaguar parfait pour regarder les autres garçons. Arrivé à l'âge adulte, sa première relation avait été d'un inintérêt total, déjà elle était bourrée et le gars complètement nul. Elle n'avait jamais couché que lorsque son désir devenait trop impérieux, ce qui n'arrivait pas souvent et elle avait fini par en conclure que le plaisir féminin n'était pas la priorité de ses coups d'un soir.

Elle regarda de nouveau Lance, brièvement. Lui, il lui avait donné l'impression d'être une priorité. Il l'avait excité comme aucun homme avant – aucun n'ayant jamais fait l'effort – et tout ça avec une seule main et sa bouche. Elle se demanda ce qu'il ferait avec deux mains et elle complètement à sa merci.

Oh misère, voilà qu'elle commençait sérieusement à l'envisager. Louise se sentit rougir et elle sut que Lance l'avait remarqué. Heureusement pour lui il s'abstint bien d'en faire la remarque.

Cela dit... elle était adulte, consentante, Lance aussi, et pas de Jaguar à l'horizon alors...

— D'accord, dit-elle finalement avant d'avoir pu changer d'avis.

Lance trébucha et elle sut qu'il avait parfaitement compris de quoi elle parlait.

— D'accord ? répéta-t-il comme pour être sûr.

Louise n'osait pas le regarder, et elle accéléra même un peu le pas ce qui était idiot puisqu'il avait de plus grandes jambes qu'elle.

— Je ne suis pas fermé aux nouvelles expériences, tenta-t-elle de justifier. Alors pourquoi pas ? Mais je te préviens, pas de bâillon, c'est non négociable.

Et elle accéléra encore, parce qu'elle ne voulait vraiment pas se confronter à cette décision. Lance, lui avait l'air d'avoir retrouvé sa jovialité.

— Je te préfère sans bâillon, de toute façon, je m'ennuierais si tu ne râlais pas.

Définitivement réduite à l'état de tomate, Louise ne répondit rien.

— Au fait, tu ne m'as pas dit où nous allons ?

Contente qu'il change de sujet, Louise sourit, persuadée qu'il allait détester. Et justement, elle voyait la forêt disparaître pour faire place à l'endroit qu'elle voulait. Il lui suffit d'abaisser une branche pour exposer à Lance une longue étendue de sable rouge et aride balayé par un vent très léger.

— Dans le Désert de Sang. On va voir du côté des lions.


Proie & Prédateur - Le Jaguar et le PumaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant