Chapitre 9.

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Lorsqu'ils atteignirent le temple de Trablea abandonné, Louise connaissait en détail les attributs si virils de Marco ainsi que tous ses exploits sexuels, qui était allé en s'aggravant à mesure de la chanson. Elle en venait presque à avoir envie que ce Marco existe pour lui faire bénéficier de ce pénis magique. Ridicule.

Le temple de Trabléa n'était pas très grand, il ne l'était jamais à vrai dire, construit en pierre, la nature commençait déjà à reprendre ses droits, les plantes grimpantes s'enroulant autour des piliers de l'entrée et de l'herbe poussait entres les fissures des pierres qui formais le sol défoncer. Dormir là allait être une partie de plaisir. Le temple faisait en tout et pour tout une vingtaine de mètres carrés, donc une majorité était comblée par une immense statue de Trablea et Dustylarion... comment dire ? En pleine extase. Super, ça la poursuivait !

— Fascinant, commenta Lance en détaillant la statue. Pourquoi une représentation d'Elsrya dans le temple de sa sœur ?

Louise, qui avait commencé à installer son couchage leva les yeux au ciel.

— Ce n'est pas Elstrya, tu ne connais pas la légende ?

Après avoir étalé son sac de couchage, elle se releva. En effet, la statue prenait les traits qu'on admettait communément à Elstrya, couchée sur le dos le buste tordu vers le public, elle donnait une impression de mouvement et de purs plaisirs si précis qu'on aurait dit que la sculptrice avait réellement vu cette expression sur le modèle.

Comme Lance la regardait avec l'air de lui demander plus ample explication, Louise s'expliqua.

— Au tout début, avant même l'apparition des Dhrakonniers, les dieux régnaient sur le monde. Deux d'entre eux étaient particulièrement appréciés : Dustylarion et Elstrya. Ils étaient unis et s'aimaient d'un amour tendre, qui malheureusement provoqua la jalousie d'Athos et Trabléa. Athos aimait Elstrya, et Trablea se languissait de Dustylarion. Ensemble, ils décidèrent de monter un plan. Athos se ferait passer pour son jumeau, Dustylarion, auprès d'Elstrya et Trablea se ferait passer pour Elstrya. Cette scène montre le moment où Dustrylarion et Trabléa couchent ensemble, commettant l'adultère.

— Plutôt approprié pour un temple de Trabléa, commenta Lance. Mais je croyais qu'Athos n'avait jamais réussi à avoir Elstrya ?

Louise hocha la tête.

— C'est le cas, Elstrya, contrairement à son aimée, s'est rendu compte que ce n'était pas Dustylarion, et elle l'a fui. Il y a une très belle peinture de cette scène, appeler les Dieux montant aux Cieux, dans le musée d'Eykam, on ira si tu veux.

— C'est un rancard, se moqua Lance.

Louise leva les yeux au ciel, songeant qu'elle allait finir par avoir une crampe.

— Pas du tout, arrête de t'imaginer des choses.

— En tout cas, l'artiste avait le souci du détail, ajouta-t-il en se penchant pour voir ce qui se passait entre les deux corps.

— Oui, Révolte est considéré comme une des meilleures de son époque. Un beau pied de nez au sculpteur masculin de l'époque si tu veux mon avis.

Révolte avait vécu à l'époque de l'oppression, sous le règne de Tyr, où les femmes n'avaient aucun droit. Que ce soit elle qui ait marqué l'art de cette époque était une belle vengeance.

— Elle a même sculpté un clitoris, commenta Lance.

— Sérieux ?

Avec peut-être un peu trop d'intérêt, Louise s'approcha pour voir avant de se rendre compte qu'elle était trop petite. Comme s'il s'en était douté, Lance l'attrapa par la taille pour la soulever. En effet, le détail de la statue était troublant, du clitoris au pénis en marbre qui s'enfonçait des ses chaires. Même les mains de Dustylarion, accrocher aux cuisses de Trablea donnait l'impression que la peau de la déesse était souple et élastique.

Détournant le regard, Louise se tortilla pour que Lance la repose.

— Quoi ? se moqua-t-il. Ça te trouble ?

— Pas du tout, mentit-elle. J'en ai juste assez vu.

Se dirigeant vers son sac de couchage elle commença à sortir des affaires de son sac, de la nourriture et son briquet de silex.

— Je vais chercher du bois, marmonna-t-elle en se levant.

Il fallait qu'elle s'éloigne avant de commencer à penser à des choses tout sauf digne d'elle.

La forêt était toujours calme, malgré la nuit qui commençait à tomber. Louise ramassa du bois sec en chantonnant, quand elle entendit un bruit sur sa droite. Se figea, tous les sens aux aguets, elle chercha à apercevoir la personne qui l'épiait. Déglutissant nerveusement, elle fouilla la semi-obscurité des yeux jusqu'à voir un mouvement furtif.

— Qui est là ? appela-t-elle en espérant qu'à défaut de faire sortir son espion ça le ferait fuir.

Mais au lieu de ça, une étrange petite créature émergea des bois. Pas plus haute que trois pommes une paire d'ailes en plume multicolore dans son dos, elle l'observa curieusement.

— Salut toi, qui es-tu ? demanda Louise en tendant une main pour inviter la petite créature à s'approcher.

Confiante, celle-ci vint se poser dans le creux de la paume de Louise. De près, la jaguar pouvait fois les plumes vertes qui entourais son visage comme un masque.

— Tu es une fée ? s'étonna-t-elle.

La petite créature gloussa.

— Non, un colibri.

La bouche de Louise forma un « o » expressif. Les changelins colibri étaient l'espèce la plus extraordinaire de changelin, puisque leur forme humaine était minuscule. Ils étaient souvent confondus avec les fées, si bien que certains remettaient en question l'existence de ces dernières. Malheureusement, on ne les voyait pas souvent, les villes n'étant pas adaptées à leur petite taille, ils vivaient essentiellement au fin fond des forêts sauvages, loin des humains destructeur et mal intentionné. Que ce petit colibri soit venu la voir était un miracle.

— Que fais-tu là ? demanda Louise en prenant grand soin de garder sa main à plat pour ne pas abîmer les ailes délicates du colibri.

— Tu chantonnais, je suis venu voir. Et toi, que fais-tu si loin de la ville ?

Louise lui expliqua et ils discutèrent quelques minutes avant que la nuit tombante, ils se séparent.

Enchantée par cette rencontre, Louise en oublia complètement le bois, n'en ramenant qu'une partit et retourna au temple. Sauf que quand elle arriva, un feu brûlait dans le temple et des éclats de voix masculine lui parvinrent.

Soudain inquiète, Louise se précipita à l'intérieur pour s'assurer que Lance allait bien, et se figea face au spectacle.


Proie & Prédateur - Le Jaguar et le PumaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant