Chapitre 30.

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Il leur fallut deux jours pour atteindre Jaykam. Marché jusqu'à la frontière du territoire de la meute Éclipse leur avait pris une journée et il avait dû camper avant de traverser le territoire dès le lever du jour à l'arrière d'une charrette de marchandise ayant accepté de les prendre en échange d'aide pour la décharger. Arrivés à Jaykam, ils firent un saut rapide à la meute, mais Louise voulait retourner vivre en ville pour avoir plus de chance de croiser le jaguar. Lance l'a suivi, mais ils savaient tous les deux que ce n'était plus pour assurer sa sécurité.

Chaque soir ils se retrouvaient dans le même lit, ou tout autre endroit où ils dormaient, et Lance lui montrait tout ce qu'il savait faire avec sa bouche, sa langue, ses doigts et son sexe, et il était très doué. Malgré ça, elle n'arrivait pas à chasser entièrement la frustration de ne pouvoir le toucher et l'explorer. Et la seconde nuit à ses côtés avait pu répondre à une question : Lance ne jouissait pas. Jamais. Il pouvait la prendre dans toutes les positions et la faire jouir plusieurs fois de suite, elle ne l'avait jamais vu prendre son pied. Et s'il prenait un plaisir certain à la torturer, il n'était pas d'ordre physique. Cette idée lui déplaisait, elle avait beau savoir qu'il y avait plusieurs manières de faire l'amour, le fait que Lance lui donne du plaisir sans jamais en prendre lui donnait l'impression de se servir de lui. Au fond, est-ce qu'elle valait mieux que toutes les salopes qui l'avaient asservie ?

Ces questions la minaient.

Quelques jours après leur retour, et sans nouvelle du Jaguar fantôme que Louise poursuivait, Lance et elles allèrent au seul endroit où ils pourraient avoir des informations fiables : le bar d'Ilgog.

Ilgog était un changelin rat, chef d'un clan de rongeur, qui se partageait la ville avec une famille de renard. Aucun des deux groupes ne faisait des choses très légales, mais ils chassaient les vendeurs d'esclaves et faisaient donc Jaykam une ville un peu moins pire qu'elle n'aurait pu l'être. De plus, Ilgog avait la main mise sur tout un réseau d'information dans la ville, si quelqu'un savait où trouver un Jaguar dans Jaykam, c'était lui.

— Vous avez quoi à m'offrir en échange ? demanda le gérant du bar.

Un torchon sur l'épaule, il rangeait son bar avant le rush du soir. Louise hésita, elle n'avait pas grand-chose et si au début de sa quête, elle aurait donné n'importe quoi pour trouver ce jaguar, maintenant... elle n'en était plus si sûre, est-ce que s'endetter pour lui valait vraiment le coup ?

— Je, je ne sais pas ce que j'ai qui pourrais vous plaire, avoua Louise.

Ilgog la regarda fixement.

— Une information contre une information.

Louise hésita.

— Euh, d'accord, qu'est-ce que vous voulez savoir ?

— Je te le dirais quand j'aurais ton info.

Et sur ces mots il les congédia.

Ils sortirent, il faisait encore jour et les rues étaient bien remplies.

— Bon, ben on dirait qu'il reste plus qu'à attendre, commenta Louise, je me demande ce qu'il voudrait savoir.

Lance haussa les épaules.

— On le découvrira quand il aura ton info. En attendant, je crains qu'il nous faille nous résigner à attendre. On ferait mieux de retourner à la meute.

Payer une chambre ferait fondre ses économies comme neige au soleil, alors Louise accepta de retourner dormir sur le petit territoire de la Meute Athos. Une part d'elle-même était profondément heureuse de retrouver ses compagnons, Lilith et Kana lui avaient particulièrement manqué, et depuis qu'elle était arrivée, elle osa parler plus ouvertement aux autres membres masculins, qu'elle avait beaucoup évités.

Ils passèrent toute la soirée autour d'un feu de camp, Lance et elle racontèrent leur aventure et Louise ne se gêna pas pour parler de l'histoire de la sirène. Mais, sans se concerter, aucun des deux n'évoqua leurs activités nocturnes. Ça ne regardait qu'eux.

Il se passa plusieurs jours sans qu'ils aient de nouvelle d'Ilgog. Louise passait le temps en reprenant son job de livreuse de courrier, tout l'argent qu'elle récoltait allait à la meute. Pendant leur absence, ils avaient acheté des matelas neufs pour toutes les chambres de la Grande Maison, et avaient fabriquer des sommiers de fortune, mais avec le beau temps qui revenait, la plupart des membres de la meute choisissaient de dormir à la belle étoile, et il n'y avait que quatre chambres dans la bâtisse, en plus d'une grande salle à vivre où ils avaient tous dormi cet hiver. Louise avait obtenu le droit de dormir dans une des chambres, mais elle souhaitait tout de même payer un loyer. Elle avait toujours eu l'impression d'être une intruse dans cette meute de changelins brisés, et savoir qu'elle partirait quand elle aurait trouvé son jaguar lui faisait beaucoup de peine, mais elle n'avait pas le choix. Autant qu'ils rentabilisent sa présence.

Assise sur le lit, Louise attendait. Elle attendait que Lance la rejoigne, comme il le faisait chaque fois. Il n'y avait pas de fenêtre dans la maison de fortune, alors il devait passer devant toutes les chambres avant de la rejoindre. Si l'un de ses occupants les entendait, personne n'avait encore rien dit. Trois coups à sa porte lui indiquèrent qu'il venait d'arriver. Il entra et elle l'invita sur le lit, mais ce soir-là, Louise avait envie de lui demander autre chose que leur partie de jambe en l'air habituelle.

Lance sembla s'en apercevoir, car il s'assit sur le lit, l'air grave.

— Toi, tu as quelque chose à dire.

Louise se mordilla la lèvre.

— C'est juste que... est ce que tu me vois comme une de ces femmes ?

Lance n'eut pas besoin de lui demander plus de précision, ils savaient tous les deux qu'elle parlait de celles qui avaient abusé de lui en achetant ses services.

— Non ! Bien sûr que non ! répondit-il aussitôt sans même hésiter.

— C'est parce que... j'ai remarqué, tu sais... que tu ne jouissais pas. Je veux dire, ce n'est pas un problème c'est juste... j'ai juste l'impression de me servir de toi, et je ne veux pas que tu penses que c'est le cas, je porte aussi de l'intérêt à ton plaisir.

Il poussa un profond soupire et s'allongea sur le lit.

— Je sais que ce n'est pas le cas, c'est... je crois que je n'ai juste pas envie. De jouir, précisa-t-il.

Les genoux ramenés contre sa poitrine, Louise enserra ses chevilles pour s'empêcher de tendre la main pour le toucher.

— Tu n'en as pas envie ou... tu as l'impression de ne pas en avoir le droit.

Lance tiqua.

— C'est... une question intéressante. Je crois surtout que j'ai la trouille de m'introspecter.

Il se redressa un bras sur le genou.

— Louise... à cause de tout ce que j'ai fait... et si j'étais un monstre, en fin de compte ? Et si ça m'avait pourri de l'intérieur ?

Louise sentit son cœur cesser de battre, consciente de voir là la plus grande crainte de Lance.

— Tu n'es pas un monstre, assura-t-elle. Un monstre ne se soucierait pas de savoir si j'ai pleuré pendant l'acte, ni ne s'assurerait que je suis consentante sur tous les plans. Ce que tu as fait pour survivre Lance, ça ne fait pas de toi un monstre.

— J'ai tellement peur de sombrer...

Louise prit son visage entre ses mains et posa son front contre le sien.

— Je te l'interdis, tu entends ? Je te laisserais pas fait. Tu n'as pas le droit de devenir quelqu'un de mauvais, chaton.

Il eut un rire étranglé.

— Oui madame.

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Ho ho ho !

Joyeux Noël mes louveteaux !

J'espère que ce chapitre vous à plus ! On s'approche à grand pas de la fin, j'espère que vous avez hâte !

Je vous souhaites de joyeuse fête ! Et à la semaine prochaine !

Kiss


Proie & Prédateur - Le Jaguar et le PumaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant