Chapitre 20.

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Louise ne savait plus trop quoi penser de Lance. Ce matin-là, elle s'était réveillée avec son bras passé autour de sa taille. Elle avait oublié qu'elle s'était endormie près de lui et avait momentanément paniqué avant de s'en souvenir.

Ses confidences de la veille avaient ébranlé sa détermination à laisser Lance l'attacher. Même si elle était encore curieuse, elle n'était pas certaine d'avoir envie de se faire du mal ainsi. Était-elle prête à offrir une confiance aveugle à un homme qui lui avait avoué avoir maltraité ses anciennes ... ses anciennes quoi ? Violeuse ? Pas des conquêtes en tout cas, et certainement pas des maîtresses. Louise les détestait. Et d'un autre côté, elle les plaignait d'avoir trouvé plus fort qu'elle. Elle était partagée. Elle était soulagée que Lance ait eu un minimum de contrôle, mais elle avait du mal à approuver ses actes. Pas tant la frustration que tout ce qu'il y avait eu avant. Pour avoir déjà couché avec un homme qui n'avait pas attendu qu'elle soit prête, elle savait à quel point c'était désagréable, voire franchement douloureux, elle ne le souhaitait à personne. Il fallait être sacrément masochiste pour vouloir y revenir.

Louise s'épongea le front et plissa le nez pour regarder la course du soleil dans le ciel. Ça faisait déjà plusieurs heures qu'ils marchaient en ligne droite, seule manière d'atteindre la ceinture de Lion qui entourait l'Oasis, le repaire des lionnes. Si les marcheurs ne faisaient pas attention, leur pas les déviait petit à petit jusqu'à les perdre dans le Désert de Sang.

Lance était très silencieux à côté d'elle, elle savait qu'ils étaient tous les deux des félins des montagnes, le désert à perte de vue et la chaleur étouffante ne leur plaisait ni à l'un ni à l'autre. Elle avait l'impression d'avoir plus de sable que de pied dans ses chaussures et ses lèvres étaient tout le temps sèches. Elle se retenait de boire pour ne pas vider ses réserves, mais ce n'était pas évident.

Lance renonça arriver en haut de la énième dune, et bu une rasade de sa propre gourde.

— Si tu l'as vide avant qu'on arrive, je te préviens je ne te donne pas mon eau !

Il lui lança un regard amusé.

— Tu me laisserais mourir de soif ?

— Sans hésiter une seconde, assura Louise avec un air dramatique.

— Tu es cruelle, louloute !

Elle grimaça au surnom, mais elle avait renoncé, Lance avait la tête plus dure qu'un rocher, rien n'y entrait !

— T'es sûr qu'on va dans la bonne direction ? voulut-il savoir lorsqu'ils reprirent leur marche.

— Bien sûr, je suis le chemin balisé ! railla-t-elle.

Ils seraient sûrs d'être dans la bonne direction lorsque le soir venant, il tomberait sur le campement des lions, pas avant.

— Je savais que je n'aurais pas dû te laisser faire, râla-t-il.

— Tu n'étais pas obligé de m'accompagner !

Un ange passa.

— Bien sûr que si. Comment je t'aurais protégé sinon.

— On en revient toujours à ça. Je t'ai sauvé d'une sirène, ce n'est pas moi qui ai besoin de protection !

Lance grommela un truc incompréhensible, mais se tue.

Malgré tout, Louise espérait vraiment qu'ils étaient dans la bonne direction. L'idée de passer la nuit dans le désert ne l'enchantait pas. Une légende disait qu'il y avait des goules, créature morte mi-femme mi-coyote qui prenait dans plaisir à dévorer leur victime encore en vie !
Louise frissonna. Ça plus toutes les petites bestioles acclimatée et hautement mortelle, le désert de sang n'étaient clairement pas un endroit où l'on voulait se perdre. Seuls les lions semblaient posséder un sens de l'orientation dans ce lieu désolé.

— J'ai entendu dire que les lionnes étaient des descendantes des Fleurs de Sable, commenta Lance après un long moment.

Les Fleurs étaient des sortes de nymphes, il en existait plusieurs sortes, probablement plus qu'on ne pouvait en compter, les plus connus étant les Fleurs des Bois, les Fleurs des Sables et les Fleurs des Glaces. Les Fleurs des Bois étaient des amazones à la grande sagesse, filles d'Elstrya, elles naissaient dans la forêt de mythe, mais plus personne n'en avait vu depuis des siècles. Les Fleurs des Sables étaient des voyageuses intrépides, fille de Harenae, elle vivait dans le désert et guidait les voyageurs, mais elles étaient un mythe. Les Fleurs des Glaces étaient de redoutable guerrière, solitaire et sans cœur, fille de Chioni, elles perdaient et embrassaient ceux qui s'aventurait dans les Glaciers Éternelle pour en faire des sculptures de glace, personne ne pouvait attestait de leur existence... personne ne survivait à leur rencontre.

— Ce n'est pas improbable, avoua Louise. Mais je pencherais plutôt sur le fait que les lionnes étaient des Fleurs de Sable avant d'être transformé en changeline.

— C'est pour ça qu'elle ne se perde jamais ! J'aurais dû voyager avec une lionne.

— Il y en aura plein, là où on va, tu pourras en adopter une, grinça-t-elle.

Elle ne savait pas d'où lui venait cette mauvaise humeur soudaine, et elle préférait ne pas s'en soucier. Lance lui lança un regard surprit auquel elle ne répondit pas. Elle avait encore plusieurs heures de marche, elle n'allait pas gaspiller sa salive... et elle n'avait rien à dire pour se justifier.

Le campement des lions était très impressionnant. Louise et Lance avaient fini par y arriver, et si Louis avait au début eu peur de le rater, il s'était avéré que deux heures avant de l'atteindre, il était largement visible. Il se tenait à plus de deux kilomètres de l'oasis et l'entourait entièrement telle une barrière protectrice. Presque treize kilomètres de campement à l'air luxueux autour d'une immense demeure en pierre blanche à l'air encore plus fantaisiste.

Un groupe d'hommes les avait accueillis, et pas un seul ne s'était intéressé à Lance. Louise n'avait pas su comment le prendre tout d'abord avant de se rendre compte que pour une fois, les rôles étaient inversés. Ce qu'elle disait en tant que femme avait plus de poids que ce que disait Lance.

— Je comprends mieux ta frustration, face à la panthère, je ne trouve pas ça drôle non plus, commenta Lance en lâchant son sac sur l'espace qui leur avait été dédié dans la Ceinture.

Faire le tour dans l'espoir de tomber sur un jaguar lui semblait une tâche interminable. Surtout quand les mâles passaient leur temps à la regarder, voir à l'interrompre ou à venir lui parler. C'était vraiment une culture différente, mais qui intriguait la petite jaguar. Cela dit, elle ne resterait probablement pas assez longtemps pour s'y plonger entièrement.

À peine eut-elle posé son sac qu'une femme traversa le campement. Il se dégageait d'elle une puissance non contenue et les mâles ne l'interrompaient pas, elle. Elle se dirigea droit vers Louise.

— Viens avec moi, dit-elle.

Louise récupéra son sac et Lance fit de même.

— Pas toi, mâle, seulement elle.

Lance s'apprêta à protester, mais Louise lui fit un signe d'apaisement.

— Ça va aller.

Et elle suivit la lionne.


Proie & Prédateur - Le Jaguar et le PumaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant