Chapitre 6

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Omniscient







Juan savourait la surprise qui se lisait sur le visage de la jeune femme. Il décela malgré son teint métissé, quelques rougeurs apparaître. Puis elle fronça les sourcils avant de reculer.

- Je rêves ou vous me suivez ? Dit-elle en se maîtrisant au mieux.

- Doucement mademoiselle Johanson, je pourrai vous dire la même chose. Dit il de sa voix grave.

- Et comment vous connaissez mon nom de famille ? Vous avez fait des recherches sur moi ?

Un rire guttural s'échappa de la gorge de Juan. Décidément, cette jeune femme est très amusante, pensa t'il.

- Je sais absolument tout mademoiselle, gardez ceci en mémoire.

La jeune femme se liquéfia sur place, tout en l'homme la faisait frémir et pourtant elle gardait le menton levé. Qu'est-ce qu'il était imposant..

- Ok bon je dois rejoindre les autres, bonne journée Mr.

Elle le dépassa pour partir d'un pas mal assuré. Dìo ce qu'elle est inaccessible ! Il souffla en regardant par dessus son épaule. Au même moment, des bruits de talons se firent entendre. Il se retourna complètement et vit Doloress dévisager Jazz qui pressait ses pas.

- Je rêves ou tu me suis ? Lui dit-il avant de se rendre compte que cette question lui avait été posée quelques minutes plus tôt.

- Juan voyons, ce musée appartient à mon père je peux donc me permettre d'y déambuler comme bon me semble. Répliqua t'elle en mettant parfaitement un pied devant l'autre pour avancer jusqu'à lui.

- Et tu me retrouves comme par magie. S'enquit-il en la regardant un sourcil levé.

Il ne comprenait toujours pas pourquoi cette femme était si collante. Il a utilisé tout les moyens pour la repousser mais elle n'arrêtait pas ses jeux de séductions. Pire ils s'amplifiaient.

Et pourtant pendant qu'il était allé se reconstruire en Grèce, aucunes nouvelles d'elle malgré le fait qu'ils se connaissaient depuis la vingtaine. Juste trois mois étaient passés depuis qu'il était revenu au pays, Doloress avait déjà jeté son dévolu sur cet homme en plein essor sur le marché des affaires.

- Je t'avais vu de loin en compagnie de cette.. jeune femme. Soit, maintenant que nous sommes entre nous, je me dis que l'on pourrait-

D'une main, Juan saisit les mains aventureuses de l'italienne et y exerça une pression.

- L'on pourrait retourner à ses occupations respectives. Laisses moi respirer Doloress. Prévint-il en lâchant ses mains d'un regard noir.

Il remit ses mains dans ses poches et la contourna pour continuer sa route.

- Juan je ne lâcherai pas l'affaire.

- Fais donc très chère.

[...]

La nuit était tombée sur Palerme. Juan s'acharnait dans son travail. Il gérait deux entreprises à la fois et cela ne le gênait pas du tout. Au contraire, plongé dans le travail son cerveau n'avait aucun moyen de s'évader. Il avait beaucoup bataillé pour sortir de l'ombre. Et maintenant qu'il avait réussi à se faire un nom dans son milieu, il ne comptait en aucun cas s'arrêter là. Il se devait de rattraper tout ce qu'il aurait pu faire il y'a trois longues années, quand il était encore dans ce centre de réinsertion.

Tout le monde connaissait son passé et le redoutait pour cela. Personne ne le voyait comme un homme normal, car oui il en avait marre que son passé vienne interférer avec la nouvelle personne qu'il avait passer des mois à devenir. Il lisait souvent de la crainte dans le regard des gens. Cela avait fini par le saouler au point qu'il en était désormais habitué.

Juan savait manier une arme dès l'âge de treize ans. Il avait été formé au combat comme à l'armée. Cet homme austère était un maniaque du contrôle qui ne lâchait jamais prise. Son douloureux passé avait naturellement forgé en lui une sorte de carapace solide que personne ne réussirait à briser.

Son père, Mario Salvatore était le chef de la mafia à l'époque. Ce nom avait fait fureur, il était l'homme le plus recherché du pays. Mario voulait que son deuxième fils Juan reprenne les reines de la mafia qu'il avait passé toute sa vie à faire évoluer. En effet, son premier fils Rémi était mort pendant un combat entre eux et la mafia opposée, celle de Sicile. Quelques mois plus tard, c'est sa mère qui avait été assassiné par le chef de cette même mafia. Juan avait perdu son frère et sa mère trop tôt. Son père l'a alors poussé à noyer sa peine en s'entraînant et en se battant. Il n'y avait pas de place pour la douleur et les regrets, seulement à la colère et à la haine.
C'est dans cet univers chaotique qu'il a grandi jusqu'à la fin de son adolescence.

Un jour son père était allé beaucoup trop loin dans ses affaires et Juan n'ayant pas pu supporter davantage, il avait alors décidé de quitter la mafia et de déclarer la guerre à son père pour mettre fin à toutes ces horreurs dont il avait été témoin depuis sa naissance. Il n'avait jamais aimé, personne ne l'avait aimé. Ils l'avaient tous laissé tomber.
Il était comme cette âme mortifère au cœur saignant de rage devenu spectateur d'une vie morose. Juan était un être en émoi rongé par la haine de ne pas avoir pu grandir comme les autres. Des années de souffrances pour une vie qu'il n'avait jamais demandé.

Il n'aspirait qu'à une vie paisible car c'est maintenant qu'il a 30 ans qu'il commence une existence sans pression et sans poids moraux.
Parfois il agit excessivement, il n'est pas totalement guéri de son passé mais il a maintenant le contrôle sur sa vie. En effet, les paroles de son père n'avaient jamais cessé de tourner en boucle dans son esprit.

Alors que les gens l'admirent pour ce qu'il est maintenant devenu, lui il revoit encore ce petit garçon qu'il était, pleurer silencieusement en frappant un énième coup dans le punching-ball.

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