Chapitre 25

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( Tsuyu en media )

Omniscient





Juan se leurrait. En pensant que se comporter avec froideur et reprendre le vouvoiement comme des inconnus refouleraient ses désirs, il s'était lamentablement trompé. Jazz était constamment l'objet de ses tourments.
Il dû lutter contre lui même afin de la libérer de son emprise contre le mur tout à l'heure puis il était partit sans demander son reste. Il a dû prendre sur lui pour ne pas poser ses lèvres sur les siennes. Ô combien trouvait-il cela plus éprouvant que tout les entraînements qu'il a eu à faire dans sa vie.

Trois heures passèrent. De ce qui était prévu, Jazz et Karen devaient retourner dans leur pays dans exactement deux jours. Mais temps et événements imprévus arrivant à tous, Jazz comprit qu'elles ne quitteraient pas le pays de sitôt. Néanmoins, elle avait le sourire aux lèvres.
Il y'a une heure, Juan l'a prévenu en restant derrière la porte de sa chambre qu'elle allait revoir son amie. Jazz s'apprêtait donc en conséquence.

Il était 19 heures quand elle grimpa dans la berline noire de Juan. Avant de partir, il lui avait vaguement dit où ils allaient se retrouver. L'homme s'engagea sur la voie sans dire mot. Jazz constatait avec incompréhension que ses mâchoires étaient serrées, son regard, sombre et ses mains serrant le volant en cuir.
Elle souffla doucement en regardant le paysage défilé derrière la vitre.

De son coté, Juan luttait contre les bribes de souvenirs qui lui revenaient. Tout ce remue ménage dans sa tête était provoquée par la lettre de Mr Casti. Il était impatient de la faire lire à Lucciano. Cet homme n'avait rien à perdre et il le faisait délibérément savoir. Pensait-il peut-être que ressasser le passé le ferait succomber plus vite? Juan serra encore plus le volant, oubliant la jeune femme à ses côtés.

Pendant toutes ces années il avait banni ces démons du passé et plus il se rappelle des mots de Casti, plus cela le plongeait dans une colère sombre. Cette âme mortifère au cœur saignant de culpabilité était autrefois spectatrice de sa propre vie. Lui qui avait atteint le sommet de la gloire se sentait désormais asphyxié dans ce bain empli de chagrin et de colère mêlés. Même s'il ne voulait pas se l'avouer, son cœur brûlait de solitude comme si son existence était destinée à être châtiée.

Juan sentit la main hésitante de la jeune femme se poser délicatement sur son avant bras. Aussitôt il relâcha ses muscles et freina. Il tourna la tête en sa direction et se calma instantanément. Son doux visage affichait un petit sourire mais son regard était malgré tout, apeuré.

Jazz est une jeune femme pleine de vie, à l'inverse de lui qui n'aspirait qu'au pessimisme. Juan devait s'en vouloir pour ce qui s'était passé pendant la guerre contre la mafia de son père, mais plus aucun sentiment l'animait. Il avait fait le deuil de tout les membres de sa famille durant les premières années de prison. Cette soif de vaincre avait forgé un cœur semblable à un sérac entraînant cette essence obscure où le Yin embrumait son Yang.

- Juan..Appela Jazz.

Il sortit encore une fois de sa torpeur. Il ne se rendait pas compte qu'il la regardait dans les yeux pendant qu'il plongeait dans ses pensées.

- Merci, Jazz. Dit-il simplement avant de reprendre la route.

Il paraissait plus détendu qu'il y'a 2 minutes. Jazz prit cela comme une petite victoire. Elle sourit discrètement en le regardant une dernière fois avant de reporter son regard sur le paysage. Elle se demandait ce qui a bien pu se passer dans sa vie pour qu'il ait de telles réactions.

Après un long trajet, la voiture se gara finalement devant une grande bâtisse.
Jazz regardait le bâtiment à travers la fenêtre tandis que Juan coupait le moteur.

- Où sommes-nous ? Demanda t-elle déboussolée.

- Rentrez et vous verrez. Dit-il avant de sortir de la voiture.

Jazz le suivit donc. Juan remit la clef de la voiture au portier. Puis il prit la main de Jazz. Suprise de cette attention particulière, elle hésita longuement mais finit par accepter.

Une fois à l'intérieur, Jazz se sentit ridicule dans sa petite robe volante rose bonbon serrée à la taille.

- Vous auriez pu me dire qu'on venait dans ce genre d'endroit j'aurais fais un effort niveau habillement..Lui reprocha t-elle.

En effet ils se trouvaient dans un grand restaurant aux lumières rouges tamisées. Les luminaires étaient incrustés dans le plafond et une musique en fond sonnait se faisait entendre. Les tables sont bien espacées pour laisser de l'intimité aux clients. Le cadre était idyllique et Jazz était ravie de voir cet endroit.

Il se pencha vers elle et ancra son regard dans le sien comme il savait le faire. Jazz perdit tout ses moyens.

- Croyez-moi cara vous serez toujours belle même si vous portiez un sac poubelle.

Jazz fuya son regard pour seule réponse pourtant elle sentait bien son cœur s'emballer. Ils avancèrent un peu plus loin dans la salle et Juan l'invita à s'asseoir sur un haut tabouret du bar.
Le barmaid le salua en italien tout sourire et ils échangaient.
Quand il finit, Juan s'assit aussi et porta son regard sur Jazz qui regardait un peu partout.

- Lucciano doit déjà être ici avec votre amie. L'informa t-il.

Elle sourit.

- Ils ont l'air de vous connaître ici, les gens n'arrêtent pas de vous regarder. Dit-elle en évitant son regard qu'elle devinait profond.

- Cette bâtisse appartient à Lucciano.

- Ah bon ? S'enquit-elle.

- Sì dolce mia. C'est un club privé mais de ce côté c'est un restaurant et derrière le bar..

- Une boîte de nuit ?

Un petit rire d'une belle melodie s'échappa de la gorge de Juan.

- On peut le dire comme ça, il y'a également des chambres et tout ce qu'il y'a dans le genre..privé.

- Oh..

L'innocence que Jazz dégageait ne finira jamais de l'impressionner. Il croisa ses bras sur la longue table devant lui et rejetta la tête en arrière. Ses cheveux balançèrent alors dans un ballet pour retomber sur sa nuque.

Qu'est-ce qu'il est beau..songea Jazz en se pinçant pour éviter de se mordre la lèvre.

- Jazz..Commença t-il en l'obligeant à le regarder.

- Oui Mr Salvatore. Dit-elle de sa voix douce. 

Mr Salvatore..
Il ne voulait pas qu'elle l'appelle à nouveau de cette façon mais il l'avait bien cherché en la vouvoyant. Il devait maintenant assumer ou changer la donne.

- Il faut que l'on parle de votre situation. Vous ne pourrez pas rester éternellement dans ce pays.

- Oui je le sais. Dit-elle en baissant le regard.

Depuis quand elle était devenue si timide ? Elle ne se reconnaissait plus.

- Mais avant cela, des retrouvailles s'imposent. Dit-il en regardant par dessus l'épaule de la jeune femme.

- JAZZ !! Cria une voix derrière elle qu'elle reconnaîtrait entre mille.

AddictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant