Epilogue

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Ils sont tous -enfin pour la plupart- là, présents, pour leurs rendre un tout dernier hommage. Le ciel est gris, les nuages eux aussi sont regroupés afin de regarder avec tristesse les deux tombes côte à côte de deux personnes reliés par l'amour au delà de la mort.

Il y a une jolie fontaine de vieille pierre claire, crachotant de l'eau limpide et cristalline, tout près des tombes grises. Cette fontaine cache la sculpture de marbre noir érigée juste derrière, au beau milieu du cimetière bien entretenu. Une lionne y est représentée, sa gueule est ouverte, dévoilant des babines retroussées et des canines affûtées, en position de combat, prête à attaquer, à sauter sur la première menace se présentant devant elle, prête à sacrifier sa vie pour sauver ses petits.

Ashton était comme cette pierre, dur, solide, froid, sombre mais incroyablement beau.

Alizée était comme la lionne, tueuse, menaçante, terrifiante, agressive mais terriblement forte.

Il y a trois femmes, en guise de première barrière. Une fille aux cheveux tintés d'un bleu trop vif, voûtée près d'une femme au menton droit, aux cheveux blonds. Puis une vieille se trouve à leurs côtés, et si nous les regardions plus attentivement, la fille et la femme semblent aussi âgées que la vieille tant la douleur scie leurs traits.

Amélia, Mary et Harietta serrent les dents à l'unisson, incapables d'accepter le triste destin qu'ont subi ces deux jeunes gens. Le chagrin ne les épargne pas, que se soit une jeunette, une femme mûre ou une retraité. La douleur n'a pas d'âge.

Derrière elles, quatre garçons se soutiennent, quatre garçons ravagés. Un jeune aux traits asiatiques resserre sa poigne autour du bras de son ami aux cheveux tintés d'un rouge voyant, couleur fade devant les inscriptions gravées devant lui.

Santana n'est pas au bord des larmes, pourtant il les ramène qu'à même aux plus profond de lui même, juste au cas où. Si Calum ne le soutenait pas, il serait probablement à terre, écroulé face à la réalité. Il était incroyablement attaché à ces jeunes gens, plus que n'importe qui ne pourrait l'imaginer, il était le papa qui veillait sur eux, et il a échoué : ils sont morts.

A côté de lui, Lorenzo glisse son bras autour du jeune innocent opposé à Michael. Le dealer espagnol entendrait presque les tremblements qui parcourent le corps de Thomas, tant ils se font violents et sincères. L'adolescent garde ses yeux bleus fermés, il ne veut pas voir le tombeaux des deux personnes qui s'aimaient, dont l'une d'elle était censée être amoureuse de lui et non pas du motard dont le corps repose à côté du sien. Cependant, il est trop tard pour s'attarder sur des éléments aussi... futiles, Alizée est décédée et il ne la reverrait jamais.

Un peu plus loin, la sœur et la mère d'Ashton regarde la scène, se serrant l'une contre l'autre. La dernière fois qu'elles avaient vu Ashton, c'était à ses 17 ans. Il n'était encore qu'un enfant pour sa mère, et voilà qu'elle le revoit homme. Un homme mort, certes, mais un homme construit et amoureux. Voilà ce qui surprend la petite sœur du défunt, il ressentait de l'amour pour une fille cinglée et les deux femmes auraient tellement aimé la rencontrer.

Will est un peu retrait dans l'ombre mais regarde la scène avec autant d'attention, la main droite sur le cœur. Il avait cultivé un lourd sentiment d'amitié à l'égard d'Alizée, il avait tout fait pour l'aider, tout fait et pourtant elle est là, sous la terre.

Étant donné que certain n'avait pas pu assister à l'enterrement pour différentes raisons, ce regroupement s'est organisé à l'improviste et ne continent que les personnes n'aimant vraiment les deux défunt.

Les deux martyrs avaient bien failli ne pas être enterrés ensemble, mais plutôt séparément, pourtant les personnes ici présentes se sont battus jusqu'au bout pour que les amants soient enterrés ensemble, côte à côte, qu'ils reposent ensemble jusqu'au bout, comme ils l'auraient aimé.

Ash signifie braise en anglais, et l'alizé est un vent léger : une brise produit, de la braise, un feu n'est-ce pas ?

Ils étaient ce feu, ils étaient ces flammes fières et dignes.

Le plus beau feu du monde, d'une couleur éclatante, d'une chaleur brûlante, d'une beauté exceptionnelle, de flammes vertigineuses.

Il n'étaient pas ce feu, au contraire : il sont ce feu qui brûle encore à travers la mort.

L'amour à travers la mort.

Sweet Serial KillerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant