Chapitre 44

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PDVAlizée 08/04/15 19:18

Je suis assise devant ma coiffeuse, un meuble d'un blanc laqué soutenant mes produits comme une brosse, une vieille lampe inutilisable, un miroir rectangulaire posé contre le mur. Ashton est rentré hier et mon estomac s'est retourné quand j'ai rencontré son œil au beurre noir. Il avait l'air épuisé, pupilles reflétant plus de haine que de tristesse. Je mourrais d'envie de le serrer dans mes bras, de lui avouer qu'il m'avait affreusement manqué mais je n'en ai rien fait, je suis restée accoudée, ma main gauche soutenant ma tête, ma main droite renfermant un verre vide.

Il est passé devant moi en me décochant un sourire faux, ses doigts traversant ses mèches de cheveux, il m'a regardé étrangement, comme s'il savait parfaitement que quelque chose avait changé quand je posais mes yeux sur lui, un changement progressif que j'avais essayé d'oublier. Il a rejoint Santana et Calum, souriant calmement devant leurs pitreries enfantines toujours plus inventives.

Mary a été plus qu'enchantée de revoir Ashton, considérant qu'il était le seul jeune plus ou moins calme et raisonné de notre groupe hétéroclite. Si elle savait à quel point Ashton peut ne pas être raisonné et encore moins calme à quel point il peut se montrer violent.

Elle ignore le nombre de personne qu'il a tué de sang froid, le nombre de jour pendant lesquels il m'a retenue contre mon gré, le nombre de coups que j'ai pu recevoir de sa part. Elle ne sait pas la folie qui m'a gagné, elle pense sûrement que je parle à un gentil ami imaginaire, mais comment lui expliquer que mes hallucination ne sont gentilles et encore moins mes amies ? Comment lui dire que les voix dans ma tête ne s'arrêtent jamais, parlant dans une langue roulantes et rocailleuse rappelant le Russe et qu'elles ne me disent pas de bonne chose. Elle ne s'imagine sûrement pas le nombre de fois où j'ai eu envie de mettre fin à ma vie. Ni combien de personne ont pu mourir par ma faute.

Je pense qu'elle ne soupçonnerai jamais Michael comme il est, la violence qui peut le gagner lui aussi.

Je passe machinalement la pulpe de mes doigts sur les poils de la brosse, repoussant ses mauvaises pensées de mon esprit, nous sommes ce que nous sommes et nous recommençons une vie ici, même si je soupçonne Ashton ne pas respecter cette règle. Ces cachotteries se font répétitives et de plus en plus fréquentes, Santana et Calum refusant obstinément de m'expliquer les raisons de ses mensonges qui le suivent partout.

Je prends ma brosse entre mes doigts et glisse mécaniquement les poils sur mes longs cheveux roux. Mon miroir vibre, se met à trembler tendis que j'arrête toutes mes activités. Un souffle frais balaye mes cheveux et je fais volte-face.

Un tourbillon de poussière se présente devant mes yeux, silhouette élancée appartenant aux Roi des Serpent. Son corps devient solide, prend forme. Il balance sa tête sur le côté, me toise de ses yeux bicolore. Sa couronne de bronze, couleur uniforme seulement troublée par deux rubis sang de part et d'autre, posée entre ses boucles cuivres.

_Alors, Alizée, je t'ai manqué. glousse-t-il, sa voix grinçante.

Je me lève violemment de mon tabouret rose et inconfortable, écarquillant les yeux tendis qu'il avance vers moi. Je m'autorise un pas un arrière, un tout petit pas presque imperceptible que je ne veux avouer avoir fait.

_Pourquoi tu t'écartes ? me demande-t-il d'une voix toute guillerette.

La porte s'ouvre derrière lui, et une ombre le rejoint et je tressaille. Ma main se pose à plat sur la tablette de ma coiffeuse, et mes doigts s'enroulent autour d'une vieille lampe posée sur celle-ci. Je la tire discrètement vers moi, lâchant un micro-soupire lorsque je vois avec satisfaction qu'elle n'est pas branchée. Mes yeux sont toujours braqués sur la silhouette, les forçant de ne pas dévier, de ne pas baisser mon regard devant cette représentation de la terreur.

Sweet Serial KillerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant