3.VIII

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"Allez j'vous souhaite une longue vie"

NAËL


     Après s'être disputé avec Joy, il se sentait toujours aussi nauséeux, c'était même pire qu'avant et il détestait ça.
Ça lui donnait mal au crâne et le pire dans tout ça, c'était qu'il savait que ça ne partirait pas en prenant seulement quelques cachets. Ce n'était pas le genre de migraine causé par une maladie, c'était une migraine liée à son torrent d'émotions en lui.

Il avait l'impression que sa chambre était une sorte de cage qui le maintenait enfermé lui et toute sa peine.
S'il pouvait à nouveau vomir toutes ses tripes pour se débarrasser de cette culpabilité à chier, il l'aurait fait. Sauf qu'il n'avait rien à extérioriser, aucun signe physique montrant qu'il voulait se débarrasser de tout ce qui le tourmentait ne semblait vouloir jaillir de son corps.

Alors, il prit son téléphone ainsi que ses chaussures avant de se rendre chez sa mère. S'il y avait bien une personne qui pouvait l'aider à supporter le poids de ses remords, c'était bien elle.

Il toqua à la porte, tout en faisant machinalement les exercices que Joy lui avait appris. Le simple fait de penser à ce jour suffisait à l'apaiser doucement, comme l'on bercerait quelqu'un.

Sa mère finit par ouvrir et l'accueillit à bras ouvert comme à son habitude.

- Comment tu vas mon fils ? Demanda-t-elle.

Il n'eut pas à répondre qu'elle savait déjà que quelque chose n'allait pas.

- Va t'asseoir dans le salon, j'arrive. Ordonna Myriam.

Il s'exécuta sans piper un mot. Elle revint dans le salon avec un plateau sur lequel trônait sa théière préférée, deux tasses ainsi que des gâteaux.
"La nourriture est le meilleur remède" c'est ce qu'elle disait toujours. Bizarrement, ça marchait à chaque fois avec lui, il ne savait pas si c'était la nourriture ou le fait qu'il pouvait se montrer si vulnérable devant sa mère à cet instant précis.

- Dis-moi tout.

- J'me suis disputée avec Joy. Souffla Naël. Je lui ai mal parlé.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Je croyais que tout allait bien à Marseille.

- Tout allait bien. Confirma-t-il. Jusqu'à ce que je sache qui a...

Il prit une pause, il avait peur de le dire à voix haute maintenant. L'air semblait s'en aller, la pièce se resserait autour de lui et la température avait augmenté à une allure fulgurante.
Farah était morte.

Elle avait été tué, lâchement, par Caleb.
Il était sûr que c'était lui.
Ça ne pouvait pas être Joy, ça ne devait pas être elle sinon son monde serait détruit.
Ce qu'il s'était efforcé de reconstruire depuis sa mort serait vain puisque tout n'aura été qu'un vulgaire mensonge.

- C'est à propos de Farah ? Demanda Myriam.

Elle savait déjà mais elle voulait savoir si son fils était prêt à le lui annoncer de lui-même.

- Il l'a tué. Dit-il, le regard dans le vide.

- Qui ?

- Le petit-ami de Joy, Caleb. Il a tué Farah. Répéta-t-il.

- Jamila m'a expliqué. Finit par avouer sa mère.

Il y eut un silence durant lequel il but du thé en prenant un gâteau.
La boisson lui brûla la langue mais il aimait son thé comme ça : extrêmement chaud.
À force, il n'y prêtait même plus attention.

à nos âmes ébranléesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant