65: Mon arbre

89 5 0
                                    

Par la fenêtre, je regarde cet immense arbre planté dans notre jardin. C'est probablement ce qu'il y a de plus beau au Canada: les arbres. Ils sont tellement hauts et majestueux. Je n'en ait jamais vu d'aussi grands.

Cet arbre en particulier est magnifique. C'est le plus beau j'ai vu. Je déteste cette maison mais j'adore cet arbre. J'ai l'impression qu'il me ressemble. Il est penché sur la droite, prêt à tomber. Comme si ce qu'il se passait autour l'avait affligé au point qu'il ne puisse plus tenir débout.

Je touche mon ventre, désormais vide. Tout comme mon âme.
J'ai perdu mon bébé la semaine dernière. Ça a été le pire jour de ma vie.

J'étais en train de préparer à manger lorsque je me suis tordue de douleur au sol. Ivan s'est précipité vers moi, il m'a tout de suite emmenée à l'hôpital. Une échographie a été faite, aucun battement ne résonnait. Le bébé était mort depuis plusieurs jours.
Ce bébé, je n'en voulais pas, pourtant à l'annonce de sa mort c'est comme si on m'avait arraché le cœur de ma poitrine. Je n'ai jamais eu aussi mal de ma vie.

Ce petit être, qui représentait tout l'amour que je portais à mon fiancé. Ce petit être pour lequel je me suis efforcée de prendre les bonnes décisions. Ce petit être qui était un morceau d'Ivan, et de moi-même, est mort. Il est parti, et il ne reviendra pas.

Si je suis venue jusqu'au Canada, c'était pour lui. Si j'ai risqué ma vie devant Jack, face au snipper juste en face de moi, c'était pour qu'il ait un père. Et parce que je savais qu'Ivan serait un père incroyable. Il était hors de question qu'il soit privé de lui.

Tout ce que j'ai fais, c'était par amour pour lui. Pourtant il m'a quittée. Si je pouvais revenir en arrière, j'aurais préféré mourrir de la balle qui m'était destinée plutôt que mon bébé soit tué sous le poids de Jack.

Est-ce que j'en veux à Jack ? Non. C'est moi qui ait tué mon bébé. Moi et moi seule. Jack ne savait pas que j'étais enceinte, moi si.

Repenser à tout ça me donne la nausée. Je tourne le dos à la fenêtre pour me diriger vers la salle de bain lorsque je tombe sur mon fiancé. Ivan, qui m'observait tout ce temps, l'air triste.

Il m'a vue toucher mon ventre.


Comment tu vas ?

— Je vais bien.


J'allais sortir de la pièce mais Ivan me rattrape par le bras. Je me dégage aussitôt de lui en reculant. Comme si le contact de sa peau contre la mienne m'avait brûlée.

Amara..

— Je vais bien, arrête.




J'entre dans la salle de bain, et vomis tout ce que j'avais dans l'estomac.


(...)



— Amara ! S'écria Ivan depuis l'entrée, au rez-de-chaussée. Amara où es-tu ?!


C'est la voix d'Ivan que j'entends là ? Il est donc rentré de Russie. Cela faisait déjà deux semaines qu'il était parti, ou peut-être plus. Il continue de m'appeler. Juste une minute, j'arrive. 

Ses cris sonnent comme un chuchotement, tellement je me sens loin.


Cet arbre. Ce majestueux arbre était en face de moi. La nuit est tombée, pourtant sa verdure continue d'éclater. Il est tellement beau.


Amara ! Merde soupire Ivan essoufflé après avoir monté les escaliers en courant.

Tu es rentré ?

Adrénaline Où les histoires vivent. Découvrez maintenant