Chapitre 50

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J'ai passé toute ma journée au côté de mon frère, sans recroiser son meurtrier.

À lui enlever son armure, nettoyer sa peau immaculée de son sang, lui passer du baume, de l'huile et j'ai finis par lui passer la seule chose de blanc que j'ai pu trouver, un drap, Hector, Prince et Héritier de Troie est enveloppé dans un simple drap blanc.

Il fait déjà nuit noire et je suis posé sur la plage, à contempler la mer pour la dernière fois, mais surtout à faire une pause puisque je suis en train de creuser la tombe de mon frère.

Si Agamemnon ou Ménélas ne sont pas encore venus me chercher, ce n'est qu'une question de temps.

Des éclats de voix me font retourner vers la tente d'Achille et je me demande bien avec qui il est en train de parler.

Peut-être Agamemnon qui est venu lui dire qu'il savait qui j'étais.

Je retourne à mon occupation et je viens continuer de creuser avec mes mains dans le sable avant que je ne sois arrêté par le roi grec.
La tache est rudement difficile, car il a plu toute la journée et le sable est trempé et je n'imagine pas du tout l'état dans laquel je suis.

Mes cheveux doivent être sales, ma robe tâchée de sang, de sable et j'en passe.

Je me râpe les mains à cause des nombreux coquillages, mais je m'en moque, mon frère lui est bien mort.

Une fois que le trou me semble assez conséquent, je remonte vers la tente et je me pose au côté d'Hector enveloppé dans son drap.

«Pitié Achille, je me mets à genoux devant toi» dit une voix qui me semble familière.

«Releve-toi, aucun roi ne mérite d'être traité de cette façon » dit-il alors qu'un bruit de chaise se fait entendre «Tu es déjà bien assez fou de venir ici, sur le camp de ton ennemi ».

«Parce que tu n'es pas mon ennemi ? » dit cette voix alors que je fronce les sourcils.

J'entends Achille souffler et je reporte mon attention sur Hector.

Je me demande comment je vais pouvoir emmener mon frère jusqu'à sa tombe, car je n'ai pas envie de le traîner par les pieds, comme il a été fait par Achille.

«Rends-moi mon fils » s'exclame cette voix «J'ai déjà perdu ma fille et je viens de perdre un autre enfant, laisse moi lui donner des obsèques digne de son rang ».

Je reste si choqué que j'en tombe sur les fesses à même le sol et je commence à voir flou à cause de mes larmes.

Je me relève rapidement et passe le pas de la porte donnant sur la mer pour me retrouver face à mon père assis sur une chaise, les yeux baissés vers le sol.

Je sens le regard d'Achille se poser sur moi tandis que je me jette aux pieds de mon père en larme.

Si mon père me regarde d'abord effrayé comme si je revenais des morts, il finit par venir me serrer fermement dans ses bras.

«Ma fille... » dit-il dans un souffle alors que je me mets à sangloter tellement fort que j'ai du mal à reprendre ma respiration.

«On te croyait morte » dit-il en relevant ma tête vers lui alors que ses mains entourent mon visage.

«Je suis là » dis-je difficilement «Vivante ».

«Nous avons tellement pleuré pour toi ma fille » dit-il en effaçant mes larmes alors que je vois les siennes couler sur ses joues vieillies par le temps.

C'est à ce moment-là que je me rends compte da quel point mon père a veilli en si peu de temps, à cause de la guerre, de ma soi-disant mort et celle de mon frère.

«Je vais bien » dis-je en reniflant.

Mon père relève alors sa tête vers Achille, puis moi, puis lui et je pense que ma mère a dû lui faire part de son rêve.

«Je vais aller préparer un char... avec Hector» dit une voix dans mon dos alors que je vois mon père souffler de soulagement.

Je me retrouve seule avec mon père qui vient me prendre dans ses bras et je le serre si fort contre moi.

«Comment tu t'es retrouvé ici » dit-il.

«Je suis allé à la plage et il y avait Ménélas » dis-je.

«Tu ne me dis pas tout ma fille » dit-il.

«Mère vous a parlé » dis-je en soufflant.

«Elle était bien obligée » dit-il.

«Chaque soir, je le retrouvais sur la plage et ce soir là croyant que c'était lui je me suis approché, mais c'était un soldat de Ménélas. Ils m'ont utilisé pour qu'Achille prenne part à la guerre » dis-je alors que des larmes coulent de nouveau sur mes joues «Tout est de ma faute, je suis tellement désolé » dis-je alors que mon père pose une main sur ma joue.

«Ne dis pas ça Gaïa » dit-il «Tu n'y es pour rien » dit-il alors que je baisse la tête honteuse.

La porte de la tente s'ouvre de nouveau et nous tombons sur Achille et pour la première fois depuis ce matin, nos regards se croisent.

«Vous feriez mieux d'y aller » dit-il en me fixant tandis qu'il prononce le nous «Agamemnon va certainement débarquer» dit-il alors que je me rends compte de ma connerie de ce matin.

«Vient Gaïa » dit mon père en me prenant la main alors que je continue de fixer Achille.

Je laisse mon père nous guider et il nous sort dehors et nous tombons sur le corps de mon frère attaché à une palette sur le char tenue par Isaac qui me sourit et j'en fais de même.

Mon père monte sur le char et me tend la main pour que je vienne à ses côtés.

Je sens Achille derrière moi et je sais que c'est certainement la dernière fois qu'on se voit et j'essaie de cacher mon trouble, car je ne peux pas ressentir de telles émotions pour l'homme qui a ôté la vie de mon frère.

Je saisis la main de mon père et monte à ses côtés.

«Merci » dit mon père à Achille.

Je fixe devant moi, incapable d'affronter le visage de ce dernier pour la dernière fois de ma vie.

Avant que mon père ne se mette en route, Achille glisse quelque chose dans ma main et je me retourne vers lui alors que le char avance.

J'ouvre ma main et découvre mon alliance, je relève la tête vers lui et les larmes glissent automatiquement sur mon visage.

Je le fixe jusqu'à ce que la noirceur ne laisse qu'une ombre de lui, puis plus rien.

Adieu Achille....

Voilà le chapitre 50, j'espère qu'il vous a plu ?
J'attends vos retours avec impatience :)

Gaïa et Achille Où les histoires vivent. Découvrez maintenant