Chapitre 45

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Je suis réveillé depuis pas mal de temps, mais je refuse d'ouvrir les yeux.

De voir que la tente est presque vide et qu'il ne reste que le strict minimum, que toutes les affaires d'Achille ne sont plus là.

Que dans quelques heures, je lui dirais au revoir à jamais alors que je suis si heureuse de pouvoir rentrer chez moi et si triste de ne plus jamais le voir.

Je finis par ouvrir les yeux et je me retrouve face à Achille endormi.

Mon regard se pose sur le feu qui ne sera plus jamais allumé, sur la table qui n'accueillera plus jamais de nourriture, de ce lit qui sera laissé vide à jamais.

Si je détestais être dans cette tente au début, aujourd'hui je n'ai pas envie de la quitter, car je le quitte lui.

J'ai du mal à me dire que ce soir je dormirais dans mon lit, entouré de ma famille. Ou on aura célébré mon retour avec beaucoup d'amour et de joie.

Je sens Achille bouger signe qu'il se réveille et je l'entends souffler, lui aussi doit être dans le même état d'esprit que moi.

Il se tourne vers moi et me sourit tant bien que mal et j'en fais de même, même si je pense que ça ressemble plus à une grimace.

D'ici quelques heures, lui et ses hommes seront sur leur bateau en direction de la Grèce, loin d'ici et loin de moi.

«Ça va ? »me dit-il.

«As-tu d'autres questions comme ça » dis-je dans un rictus qui n'en est pas un alors qu'il sourit.

«Oui c'est débile, excuse-moi » dit-il «Tu vas terriblement me manquer » dit-il alors que je me sens noué.

«Toi aussi » dis-je en gérant ma respiration pour ne pas pleurer.

Le calme réside dans la tente, mais aussi sur le camp signe qu'ils sont partis se battre.

«Vient » dit-il en se levant alors que je limite et sors du lit.

Il relève la porte de la tente et sort sur la plage où hier nous nous sommes liés à jamais.

J'attrape sa main et nous nous dirigeons vers la mer qui est calme ce matin.
Le soleil est déjà bien debout.

Achille s'enfonce dans la mer complètement habillé et j'en fais de même.

Depuis que je suis arrivé ici, c'est la première fois que je vais me baigner et je ne comprends pas pourquoi je ne l'ai pas fait avant.

Je finis par plonger dans l'eau, me sentant en équation avec la mer.

Je remonte à la surface et je souris, contente de sentir de nouveau l'eau salée sur ma peau.

Achille me fixe et j'en fais de même.

Je me dirige vers lui et je m'agripe à lui et je lui fais signe qu'il peut poser ses mains sur mon corps et qui ne tardent pas à être posées dans le bas de mon dos.

Sans que je ne contrôle quoi que ce soit je me mets à pleurer à chaudes larmes et je viens poser ma tête contre l'épaule d'Achille qui me réconforte.

«Ça va aller, tu verras» dit-il.

«Ne pars pas » dis-je dans un chuchotement.

«C'est ce qu'il y a de meilleur pour toi » dit-il.

«Non, c'est toi le meilleur » dis-je alors qu'il ne dit rien.

Il vient reculer mon corps et je me remets debout dans l'eau.

«Gaïa, s'il te plaît » dit-il alors que je baisse la tête.

Je finis par hocher la tête, pour lui dire que je comprends et que je respecte son choix, mais c'est tellement dur.

Je relève la tête vers lui et il vient m'envoyer une flaque d'eau sur le visage ce qui me fait sourire.

«Je préfère ça » dit-il «Je préfère me souvenir d'un beau visage qui sourit, le visage de ma femme » dit-il alors que je souris davantage, étant la première fois qu'il m'appelle comme ça.

«Je t'aime Achille » dis-je en le regardant sincèrement.

«Je t'aime aussi Gaïa » dit-il en posant sa main sur ma joue et en venant déposer ses lèvres sur les miennes.

Notre baiser est rempli de douceur, de passion, d'amour sachant que c'est l'un de nos derniers.

Achille me colle de tout son poids ce qui fait que nous chutons dans l'eau dans des éclats de rire.

Quand nous remontons à la surface, nous rions comme des enfants et nous nous éclaboussons comme si nous n'étions pas déjà mouillés.

On décide de sortir de l'eau et de se poser sur le sable et je me cale entre les jambes d'Achille alors qui vient nouer ses mains sur mon ventre.

Nous regardons la mer en silence, bercé par les vagues et la douceur du soleil qui réchauffe nos teints.

J'ai l'impression d'être si loin de la réalité, d'être sur une plage loin de tout avec mon époux et de profiter de l'instant.

«Si jamais la guerre se termine mal » dis-je «Tu viendras me chercher » dis-je.

«Ton camp gagnera Gaïa, j'en suis persuadé surtout si je pars » dit-il.

«Et si ce n'est pas le cas » dis-je.

«Oui, je viendrais te sauver toi et ta famille » dit-il alors que d'un côté ses paroles me rassurent.

Je ne sais pas combien de temps nous restons collé l'un à l'autre sur cette plage, mais au loin nous entendons les soldats revenir.

Ce qui indique une seule chose, il est temps pour Achille et ses hommes de partir.

Je me lève à contrecœur et nous prenons la direction de la tente une dernière fois.

Quand nous arrivons devant cette dernière, Issac s'y trouve et nous regarde gravement.

«Issac» s'exclame Achille.

«Je suis désolé » dit-il.

«Désolé de quoi ? » dit Achille inquiet de voir son ami dans cet état, d'autant plus qu'Issac ne montre rarement ses émotions.

«Nous avons tous cru que c'était toi » dit-il alors que je sens mon cœur battre à mille à l'heure.

«Isaac» dit Achille alors que mes yeux se posent sur sa tenue de combat remplie de sang.

«Patrocle » dit-il alors que je sens la respiration d'Achille devenir de plus en plus rapide «Il.. il portait ton armure, tes jambières, ton casque, il se déplaçait même comme toi» dit-il.

«Oû est-il » demande Achille alors qu'Isaac ne répond pas.

«PATROCLE»s'exclame Achille en criant sur le camp «PATROCLE »répète-t-il une deuxième fois.

«Hector l'a tué en lui tranchant la gorge » dit Isaac alors que mon sang me quitte sur ses mots.

Hector, mon frère l'a tué..

Voilà le chapitre 45, j'espère qu'il vous a plu ?
J'attends vos retours avec impatience :)

Gaïa et Achille Où les histoires vivent. Découvrez maintenant