La main de papa sur mes épaules, mes larmes sur les sandales, nous avions quitté la maison. On marchait lentement, prenant la direction de la maison de mon oncle dans le quartier d'Amoutiévé.
- ce n'est pas le chemin du marché ma fille.
- je sais papa!
- pourtant tu as opté pour le chemin qui mène chez ta tante.
- je pars voir Moussa.
- pourquoi ?
- je ne maîtrise pas la route.Nous arrivâmes dans la maison de ma tante, elle nous avait bien accueilli comme d'habitude. Elle me regardais...
- où est ton sac pour l'école Hassana?
- j'accompagne papa au marché.Ma tante à papa
- où est ta femme pour t'accompagner ?
Papa resta silencieux, ne parla absolument pas.
- Sidi, où est ta femme pour que tu demandes à Hassana de t'accompagner. Elle doit aller à l'école.
- Mari est occupé à faire autre chose.
- sa préoccupation doit être toi!Ma tante avait bien échauffé mon père; j'avais les yeux baissés jusqu'à ce qu'ils finissent.
- J'aimerai que Moussa m'accompagne au marché aujourd'hui et demain.
- Moussa est ton enfant, tu n'as pas besoin de me demander la permission.D'amoutiévé, nous arrivâmes au marché. On s'arrêtait boutique par boutique, table par table pour quémander.
- oh petit d'Adam, oh serviteur de Dieu, donnez-moi quelques miettes comme Dieu vous a donné. Aidez les pauvres comme Dieu vous l'a ordonné. Que Dieu facilite, qu'il vous protège du feu de l'enfer. Aidez-moi.
Quand papa reçoit quelques pièces, il remerciait la personne.
On s'était promené de huit à 12h, j'étais déjà fatiguée. On rentrait dans une mosquée pour prier après la prière je m'étais endormie complètement pommée.
-Réveilles-toi Hassana, il est 17h, on va rentrer à la maison.
Des morves par ci et par là, je transpirais tout en dégageant une odeur comme pas possible.
Nous rentrâmes à la maison, ma marâtre n'avait rien cuisiné. J'avais faim. Papa à la charge de Mari...
- le repas n'est pas encore prêt ?
- j'attends votre retour?
- on est les casseroles?
- parles moins fort, tu parles et tout le voisinage nous écoute.Je m'assis à côté de papa, j'avais tellement faim que mon ventre me faisait mal. Ma gorge était sèche...
- papa j'ai faim.
- sortons aller chercher à manger!Nous étions partis chercher à manger. Après quelques kilomètres de marches, nous voulions traverser le goudron quand une voiture avait accéléré sur nous, heureusement c'est la canne de papa qui a été victime.
- sois prudente ma fille.
- désolé papa.
- ce n'est rien.Ma marâtre sort de la maison, déjà le goudron n'était pas loin.
- tu veux tuer ton père comme tu as tué ta mère et ta soeur ? Espèce de sorcière, si cette sorcellerie que tu fais s'amène à moi, je vais t'éventrer.
Je n'ai pas pu me contenir, ses paroles tournèrent en boucle dans ma tête, me tourmentèrent mon esprit.
- papa, je n'ai pas tué maman.
- tu ne l'as pas tué, ne pleures pas.
- désolée papa
- ce n'est rien.Nous avions pu trouver à manger, j'avais dormi au dehors.
- pourquoi tu ne veux pas qu'Hassane dort dans la chambre?
- elle est trop sale.
- c'est ma fille dont tu parles.
- et c'est de ma chambre, toi aussi tu parles.Papa n'était pas quelqu'un d'agressif, il n'avait pas fermé les yeux de la nuit. Comment un aveugle dort même, comment il regarde ?
Son regard qui était son coeur s'inquiétait pour moi.
Il était venu s'asseoir à côté de moi, cherchant à me toucher des mains.- Hassana!
- oui papa!
- tu n'as pas peur ?
- si, papa. J'ai très peur. J'entends des bruits bizarres.
- sois courageuse ma fille.
- désolée papa, je serai courageuse...On avait dormi là bas sous la petite terrasse, papa était partie tôt prier. La poussière m'avait réveillé, Mari me balayait telle une ordure.
Je pris la natte, je m'installai dehors. Je voulais dormir un peu. Mari était dehors.
- tu n'as pas honte Hassana?
Sans broncher, je la regardais de manière très calme. Elle avait un pagne attaché autour de la poitrine.
- je vais te faire la vaisselle et balayer la cours pour toi. Que ça saute vas me chercher l'eau au robinet.
Je pris le seau, je partis au robinet et remplie le seau que j'arrivais à prendre difficilement.
- où sont tes parents et tu viens pomper l'eau avec ce seau.
- aides-moi à le porter monsieur!
- tu ne pourras pas ma fille.
- comment je vais faire?
- vas appeler tes parents...
- mon père est l'aveugle du quartier.
- laisses moi t'aider alors.Il m'avait aidé à prendre le seau jusqu'à notre demeure et s'était arrêté devant la maison.
- n'envoyez pas les enfants au robinet. Dites-moi comment un enfant peut transporter de tel seau?
Puis s'était retourné pour vaquer à ses occupations. Ma marâtre bondit sur moi avec ses griffes à mon cou: « tu pars raconter au quartier que je te torture, tu verras ».
Elle me pinça que je pleure. Je pleurais sans que papa n'ait à broncher. Je me demande si il était sourd également.
Pourquoi j'avais quitter de chez ma tante? Quelle femme papa nous a emmené ?
- tu vas me tuer Mari...
- oui je vais te tuer bâtarde.....
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Au bout des épreuves
ActionEngendrée par un aveugle, le regard de la société. Ma vie est devenue un carrefour de malheur...