Une femme impossible

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Sidi:

Je me suis remarié dans l'espoir d'une nouvelle vie pour que ma fille également ait sa part: une bonne éducation et une mère. Mari m'a été choisie par ma famille. Vue ma situation, je voulais juste avoir une femme, son physique m'en est égale, comment apprécier, je n'avais pas ce sens.
On était dans les locaux de la clinique avant l'arrivée de mon ami... l'infirmière m'avait appelée dans son bureau.

- félicitations Monsieur.
- félicitations pour une maladie ?
- votre femme est enceinte!
- ah je vois!
- tu n'es pas content ?

Elle ne pouvait pas savoir que j'avais épousé une femme enceinte déjà d'un autre.

- ce n'est pas cela, je suis juste surpris.
- ne sois pas surpris, ton travail nocturne a porté ses fruits.

Je pensais inlassablement. Je me demandais à plusieurs reprises. Si c'est la femme qui m'avait trahi ou ma famille. Mon oncle m'avait dit: «  Sidi, je te propose d'aller épouser Mari, la fille du muezzin du quartier. C'était le rêve de ton père depuis que tu étais tout petit ».

À notre âge, on écoutait les parents. On ne posait pas de question. On n'était pas intelligent face à eux, on ne faisait pas le poids. On se contentait de les obéir. Qu'il nous dise de prendre une femme obèse alors qu'on préférait les « sans chaire ».

L'infirmière avait continué à donner des conseils que j'écoutais sans broncher. Je voulais divorcer.

- une grossesse de quatre mois sans consultation!
- quatre mois de grossesse?
- oui monsieur, elle a dans son quatrième mois!

Soupire....

Je pris siège dehors, mon ami était là me félicitant. Je ne pouvais rien lui cacher et même si je le voulais tôt ou tard ils allaient savoir, est-ce qu'il y a un prématuré de cinq mois?

- cette grossesse n'est pas pour moi, elle était venue avec. Elle ne m'avait rien dit. Personne ne m'a rien dit. Je me dis qu'elle a pu cacher cela à sa famille ou cette dernière savait sans rien me dire.

- Sidi, du calmes. Prends les choses qui t'arrivent avec calme. Regardes comment tu maigris.

- j'ai été toujours face aux situations de la vie; je sors sous le chaud soleil; c'est à peine on arrive à trouver à manger. Elle est à la maison entrain de dormir. À mon retour du marché, elle me plonge dans un four.

- tout ce que je peux te dire, c'est toi l'homme de la maison. Que notre situation ne nous fasse pas nous voir en misérable. Il y a des gens qui vivent pire. Ramènes la à la raison, raisonnes la. Si tu n'arrives pas, tu n'es plus tenu à continuer le mariage.

- mon frère c'est délicat. Une femme qui te cache telle chose peut tenter à ta vie.

- on fait des choses horribles mais tenter à la vie humaine, n'est pas chose facile.

- allons il est l'heure d'aller prier.

~~~~~~~

J'avais accompagné papa prier. Il prit ses ablutions et avait prié. Il avait une belle voix, une voix harmonieuse et la lecture du coran qu'il faisait suscitait les regards sur lui.

Après la prière un homme s'était approché de lui, ils se sont salués plus de trois minutes.

- tu articules bien, où est-ce que tu avais appris le coran?
- Au Niger, à Sayé.

Sayé est un canton du Niger où se trouve une école coranique. C'est un environnement qui accueille beaucoup d'élèves, avec différentes nationalités. L'homme continua ses questions et réponses avec papa...

- j'ai beaucoup aimé ta lecture du coran. Tu peux enseigner à ma famille: mes femmes et mes enfants?
- je ne vois pas, je ne sais pas comment y parvenir.
- le son de ta voix suffit, tu peux également prêcher dans ma mosquée les dimanches. J'en suis le propriétaire.
- je vais y réfléchir.
- pourquoi tu es si soucieux?
- je le suis juste.
- je sais que tu as quelques soucis, prends cet argent et je te le donne à cause de Dieu uniquement. J'espère que tu pourras régler ton problème.
- merci beaucoup, vous venez de me sauver la vie. Ma femme est enceinte et je pense déjà au mouton.
- tu vois que tu avais des souci. N'aies pas peur d'exposer tes problèmes, la société est comme un médecin, elle ne peut pas te prendre pour te soigner si tu ne lui dis pas ce qui ne va pas.

Papa l'avait remercié. Un cadeau tombé du Ciel. C'était un signe d'espoir et de garder l'enfant et sa maman.
L'infirmière en garde nous avait relâché. On était parti à la maison.

Je pris siège dehors, papa était rentré dans la chambre. Il ne parlait plus.

- qu'est-ce qui ne va pas Sidi?
- à toi de me le dire Mari.
- tu étais enceinte depuis et tu ne me l'as pas dit.
- je n'ai jamais reçu de questions à ce propos.
- en plus tu es insolante.
- le bébé est de qui?
- ce n'est pas le tien.
- je sais et je demande, il est pour qui?
- c'est ma vie et cela ne te regarde pas.

Cette femme décidément n'a pas froid. Au lieu de supplier, elle insistait.

- tu vis sur mon toit.
- tu ne m'as pas croisé dans la brousse non plus.
- tu es impossible Mari.
- il y a la possibilité de me laisser partir aussi.

« Père lâche-là, renvoies la chez ses parents » étaient ma prière.

À suivre!

Au bout des épreuvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant