Viol

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Sept années se sont écoulées, sept ans de calvaire dans les mains de cette femme infidèle, sorcière et dingue.

Dans notre périmètre, les maisons étaient fermées, les rues désertées. Sauf les forces de l'ordre qui sillonnaient les quartiers pour arrêter les manifestations. Le président était mort et le k.o était semé dans la ville.

J'étais entrain de natter Ramatou, elle avait sept ans ce jour là, elle était devenue une belle fille et allait effectuer sa rentrée scolaire dans une école de la place.
Marie était entrain de faire le dîner, elle avait presque fini.

- Hassana va m'acheter du charbon pour demain.

Papa était assis, radio à la main, lui tend la radio...

- pourquoi tu me tend cette radio Sidi ?
- écoutes le journal Mari.
- est-ce que moi je comprends cette langue ?
- le président est mort et on interdit aux personnes de sortir.
- c'est tout près qu'elle va m'acheter le charbon.
- tu n'as pas fini de cuisiner?
- si mais pour demain.

Papa avait refusé que je parte, le charbon n'était pas urgent mais Mari m'avait contraint d'y aller.

J'étais sortie dans la rue, personne n'était présente. Sauf les chats qui bondissaient de tôle en tôle et les chiens en meute dans les corners.

J'ai pu atteindre chez Jessica, c'est cette dame qui vendait les épices et le charbon. Elle vendait également du pétrole pour les lampes à incandescence...

- tu fais quoi ici Hassana?
- je veux du charbon.
- charbon alors que le pays est en deuil et un un couvre a été mis en place?
- Jessica c'est ma marâtre qui m'a envoyé et je suis dans l'obligation d'exécuter.
- je ne peux pas te laisser partir dans cette obscurité et insécurité.
- il n'y a rien qui puisse me faire peur que cette femme.
- je ne peux pas te laisser, tu vas passer la nuit ici.
- non! Je dois aller.
- cette femme t'a traumatisé, regardes comment tu trembles.

Elle m'avait fait accompagner par deux de ses enfants, on était parti tous les trois. Arrivée dans notre von, une voiture des policiers était garée, deux policiers sont sortis...

- vous faites quoi dans la rue? En questionna les garçons qui m'avaient accompagné.
- nous accompagnons cette fille chez elle.
- donc c'est vous qui n'avez pas peur?
- non, maman nous avait demandé.
- couchez- vous!

Ils étaient couchés et la cravache sur leur dos donnait un son fort dans mes oreilles. Les policiers les avaient battus jusqu'à laisser des séquelles sur leur corps puis les avaient chassés à coup de bottes.

Il restait moi, j'avais peur. J'avais tellement peur que mes jambes étaient devenues grêles.

- s'il vous plaît, ne me faites pas du mal.
- haha, on va te donner du plaisir.

J'ai été poussée fort en bas, ma jupe était tirée sur moi, j'étais en slip avec juste mon habit.

- s'il vous plaît messieurs!

Ils n'entendaient pas, ils ne regardaient que ce que j'ai.

Ils avaient déchiré mon slip, l'autre me tenait la main. Je me battais avec les pieds mais des gifles partout. Ils me battaient fort...il ouvrit son pantalon et brusquement il voulaient forcer la serrure de ma porte. J'avais 14 ans, j'avais vu récemment mes règles. Il a ce truc énorme qui me faisait très mal. J'avais un mal de chien, j'hurlais mais personne pour me sauver.

Il avait fini, j'étais complètement sommé quand son second aussi vient à son tour, toucha mes tétons, et m'avait chevauché.

Je n'avais plus rien entendu que mon réveil à l'hôpital le lendemain. Le médecin m'avait examiné et j'avais une grave lésion en bas.
Je pleurais, vidais les larmes de mon corps, c'était dure pour moi! J'avais mal et le fait de penser à toutes ces mains qui me tremblotait les cuisses, les seins me donnait envie de vomir.

- comment tu vas mademoiselle ?
- elle va vous répondre comment infirmière questionna papa.
- tout ira bien, restes tranquille !

Elle m'avait injecté pour la cinquième fois, j'étais à moitié morte et à moitié vivante. J'étais perdue dans le vide regardant que le brasseur faisant la ronde. Cette femme a pris tout ce que j'avais de plus cher.

Papa était à mes cheveux, il était impuissant. Je l'avais vu pleurer. Il pleurait comme un bébé. Il pleurait à chaude larmes.

- ma fille excuses-moi (tout en pleure)

Je ne parlais plus, j'étais sèche, j'étais vide d'émotions.
Cela n'a pas de sens; ma vie n'a plus de sens;
Mon corps n'a plus de valeur.

Sept jours sont passés, sept longs jours. L'année 2005 nous a marqué tous. Papa avait décidé de mettre un terme à son mariage. Il avait fait sortir les bagages de la femme par le biais de certaines bonnes personnes.

- tu quittes ma maison à partir de maintenant, je ne te considère plus comme femme.
- s'il te plaît excuse-moi, je pensais bien faire Sidi.
- Mari tu vas quitter de chez moi, regardes l'état dans lequel tu as mis mon enfant.
- je m'en excuse Sidi, je m'en excuse.
- non quittes ma maison.

Un tel acte sans répression, un tel  acte commis par les forces de l'ordre, sans que l'on ne bronche, pour eux, ce n'est pas un scandale. Le pays va bien, tout roule comme sur des galettes. Si tu as un différend avec l'Etat, pries pour une meilleure santé mentale et non une réparation; c'est l'Afrique, c'est le jungle, c'est la loi du plus fort.

À suivre!

Au bout des épreuvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant