Agression et viol sur mineur voilà comment j'allais qualifier les faits si j'étais une avocate devant un juge. Quel juge allait juger un acte commis par des forces de l'ordre? Le pays était dans le k.o et sombrait le jour au jour.
Si je n'étais pas sortie, ils allaient me croiser où ?
Si j'avais écouté Jessica, tout ceci n'allait pas arriver.
Le destin est un mot qui renferme le bien et le mal; j'avais l'impression que mon destin était guidé par un esprit maléfique, un esprit diabolique qui ne cherchait qu'à m'éteindre tel une braise sans valeur.
Cet esprit réussissait, il m'éteignait à petit feu, il me consumait. Il finirait avec moi. Impuissante, je n'avais pas d'armure pour me protéger.Je voulais oublier cet incident, je voulais aller de l'avant. À 14 ans victime de tel incident, que Dieu en préserve toutes les autres filles de mon âge ou un âge moins ou plus avancé. Mais à chaque que j'essayais d'oublier, c'est cet instant que les maux revinrent tel un clou enfoncé dans mon cœur sans ouverture pour l'enlever. L'agonie de mes journées semblait longue, je portais seul ma croix, j'avais peur de chuter.
Un bon moment était passé, un bon moment où j'étais à la maison à regarder dans le vide et on me faisait manger. Je mangeais dans le vide également. Je faisais parfois mes besoins dans mon froc sans le savoir. Mari n'étant plus à la maison, j'étais avec papa et une sœur de maman venue spécialement pour m'aider.
Les élections s'étaient faites, on avait élu un nouveau président et la prestation de serment était venue; le président était venu et je regardais la télévision chez les voisins. Je revois les mêmes habits et les pensées revinrent. Je poussais un cri terrible. Je criai fort que tout le voisinage était venu
- tu as quoi Hassana?
Papa était dépassé, tout le monde avait pitié de moi. Je ressentais encore les douleurs. Papa était avec son ami, ils causaient pour trouver une solution.
- je connais une femme qui peut l'aider Sidi.
- ah bon mon frère ?
- oui, celle-là a été excisée dans son enfance, elle aide les jeunes filles victimes de viol et d'excision.
- on va l'amener là bas.On avait appelé un taxi et nous étions partis à la sortie de la ville tendant vers Tsévié (Tsévié est une ville du togo situé à quelques des kilomètres de la capitale togolaise).
Le taxi était venu dans la soirée, le soleil était au couché, les arbres suivant la direction du vent et les occupants des maisons y étaient déjà. Quelques bicyclettes remorquant du bidon à huile de palme traversaient le goudron. La joie se dessinait sur le visage de certains jeunes ignorants de leur avenir, ils nous avaient fait accueillis. L'un deux me tint la main, les autres transportaient mon sac. « c'est leur réaction quand ils voient quelqu'un de la ville; disait l'ami de papa ».
Papa lui répondis « j'ai constaté cela, l'accueil au village est très significatif et mine encore nos sociétés qu'ici en ville où un étranger fait tout sans qu'on l'épaule durant son séjour! ».
Nous étions rentrés et la femme nous avait accueilli, elle était dans les quarantaines avec des mamelles aussi grosses que des boules. C'était une magnifique femme et sa beauté se laissait désirer.
- madame, on est venu pour que vous aidiez ma fille.
- mademoiselle s'il vous plaît, ce n'est pas moi qui guéris mais les expériences et les plantes.
- aidez ma fille!
- il me semble que ce n'est pas seulement votre fille qui a besoin d'aide mais vous aussi.
- en effet mademoiselle...
- d'accord j'ai constaté qu'elle est traumatisée, elle va rester avec moi pendant un moment, la nature va parler.Les deux sont retournés et il ne restait que moi. Je ne savais plus ce qui m'arrivait. Elle m'avait tendue de l'eau dans une vase pour que je bois.
- comment tu vas ma belle?
- je me sent mieux madame!
- c'est mademoiselle !
- désolé je ne le dirai plus.
- tu t'appelles comment ?
- Hassana, mon nom c'est Hassana.
- tu parles notre langue ?
- je suis née à Lomé.
- Hassana moi c'est Tassi, c'est à dire la tante.J'étais couchée et elle me raconta son histoire: « je m'appelle Akossiwa, pour mon métier j'étais devenu Tassi. Nous femmes, nous souffrons des mains des hommes, on dit de nous (des sexes faibles). On nous méprisait, on nous humiliait. Ma chère, j'ai été victime de tout ça, j'avais tenté d'avoir des petits amis mais avec eux, je ne sentais rien. Je n'avais plus de goût pour un homme. Saches que je vais t'aider c'est pourquoi on m'appelle Tassi, une tante qui veille sur ses nièces »
On était parti en brousse, on avait cueilli quelques plantes dans un panier.
- toutes les solutions se trouvent dans la nature, si tu as la bénédiction, tu peux guérir les gens.
- Dieu vous a béni Tassi.
- il nous a béni tous mais de manière différente, tu es bénie aussi Hassana.
- dis-moi Tassi, pourquoi l'homme est méchant.
- c'est son essence Hassana, il veut montrer sa grandeur partout. La méchanceté est au niveau des deux sexes, pries juste d'être parmi le bon côté et ne pas être dans la ligne de mur des mauvais.On avait discuté en marchant; j'avais gardé tout ce qu'elle avait dit.
- merci pour tous les enseignements!
- tu es vraiment intelligente, c'est le secret: t'occuper à faire autre chose te fera oublier le passé. Tu as bien vu Hassana et je t'apprécie énormément.À suivre!
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Au bout des épreuves
ActionEngendrée par un aveugle, le regard de la société. Ma vie est devenue un carrefour de malheur...