Je suis né à 21h43. Ou à 12h05, à 15h17, à 4h58, peut être même à 13h12. Je suis né et la première chose que les adultes ont fait c'est regarder entre mes jambes et tamponner sur mes papiers une simple lettre qui définira toute ma vie. Une personne a décidé que ce qui était entre mes jambes définirait en un sens mon prénom mais aussi mes cadeaux de noël et d'anniversaire, la couleur et la forme de mes vêtements, mes goûts, mes activités préférés, les surnoms que les gens me donneront et plus tard le regard des autres, qui déciderons de ce que doit être mon caractère, de comment je dois me comporter, m'habiller, parler, fumer, boire, faire l'amour et tout le reste. Et puis en fait, tout ceci se passe avant même que je naisse. Dans des familles, ont fait la fête en bleu ou rose pour célébrer ce que j'ai entre les jambes, conditionnant mon existence même. On me donne un prénom dès que le médecin devine mon petit corps à l'aide de l'échographie. Je ne suis même pas déjà né et tout est décidé.
Je suis donc né à 21h43 et j'ai grandit. A noël j'ai eu une poupée alors que je voulais des petites voitures ou j'ai eu des petites voitures alors que je voulais une poupée.
Quand j'étais au collège, ma sœur se maquillait et un jour, en secret j'ai mis du mascara et je suis parti en cours. J'étais fier moi, de mon mascara, j'étais beau, j'étais belle, c'était tellement joli. Mais les autres, eux, ils n'ont pas du trouver ça si joli puisqu'ils ont ri. Un garçon ne se maquille pas ils m'ont dit.
Quand j'étais au collège, ma poitrine à changé, elle a poussé. C'était horrible, je ne voulais pas que ça arrive. Alors j'ai arrêté peu à peu de manger pour éviter que ça empire, ou j'ai commencé à mettre des bandes.
J'ai toujours voulu les cheveux courts, ou les cheveux longs, je voulais un torse plat ou un peu de seins, je voulais des hanches ou au contraire les effacer complètement, je voulais une mâchoire carrée et de la barbe ou des lèvres pulpeuses et une voix aiguë. Je me suis bindé, tucker et j'ai pris des hormones, j'ai fais une mamec ou des implants, de la réassignation.
J'ai changé de prénom, ou non. J'ai rencontré des frères, des soeurs, des adelphes, en ligne ou physiquement et on a parlé, on a fait la fête, on a bu, on a dansé, on a baisé et c'était bien.
Mais j'ai aussi traversé la rue lorsque les insultes fusaient en étant simplement ce que j'étais. J'ai raconté mon histoire à des gens qui ne m'ont pas cru, qui m'ont appelé monstre car j'étais bien trop loin de leur réalité. J'ai rendu des gens mal à l'aise, en colère, triste pour ce que j'étais. J'ai vu la déception et le rejet dans les yeux d'une partie de ce que j'aimais. J'ai vu l'État français nier mon existence ou m'enfermer dans des parcours médicaux infantilisants et inadapté en me traitant comme un cas pathologique.
J'ai vécu en société, là où ça fait mal d'exister et j'ai vu mes adelphes, les mêmes avec lesquelles j'ai parlé, fait la fête, dansé, bu, baiser, je les ai vu mourir sous les mais du cis-tème. Et je sais que mon espérance de vie est de moins de 30 ans.
Je suis celui qui reste ou je suis celui qui a sauté de la falaise, celui qui a posé un rasoir sur ses poignets dans la baignoire, celui qui a attaché sa ceinture à la poutre du plafond et oui, oui, c'est violent, c'est violent parce que c'est la mort et que c'est la société qui nous assassine. Parce que chaque fois que la nouvelle tombe, je suis triste pour mon adelphe parti et je suis effrayé pour ceux qui restent et j'ai peur que ce soit moi, tout aussi égoïste que cela le soit.
Je suis Ely, Aiden, Eliott, Ezekiel, Charlie, Alex, Camille, Sacha, Lou, Mirza et tous les autres. Je suis trans.
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Peut On Réellement Choisir Ce Que Nous Sommes ?
Non-FictionCeci est un espèce de journal un peu foireux qui réunis les pensées philosophiques digne d'une gamine de sept ans et les montagnes russes d'une ado de quinze à dix huit ans, avec des hormones stupides. Bon courage mais peut être que ça en vaut la pe...