J'ai peur d'être le prochain

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Nicolas, j'ai jamais eu d'occasions de le rencontrer et maintenant je n'en aurais plus. Nicolas est mort. Nicolas était trans. Nicolas s'est tué. Nicolas s'est suicidé. Nicolas a mis fin à ses jours.

Les discours étaient beau, l'hommage était beau et beaucoup de gens ont pleuré. J'aurais aimé pleurer. J'ai pas réussi. Tout ce que j'ai fait c'est trembler de peur, de rage et de tristesse. De rage parce que c'est encore une autre victime, pas la première et surement pas la dernière. De tristesse parce que c'est adelphe de plus qui est mort, parce que c'est encore un membre de la famille qui s'éteint, encore un ami qui est parti. Un fan d'Arthur Rimbaud et de la plage. De peur parce que je suis terrifié à l'idée que je sois le prochain, que malgré le soutien de tout les autres, je craque, j'ai peur de ne plus réussir à supporter toute la douleur qu'engendre la transidentité. Parce qu'être trans c'est aussi beau que s'en est douloureux. Parce que l'euphorie n'efface pas la dysphorie, parce que chaque jour on continue de me genrer, de me percevoir comme une femme, chaque jour j'entends "mon" prénom encore et encore, en boucle, chaque heures.

Alors je vous aimes, vous les trans vivants et les trans morts, je vous aimes les transparents et je suis si fatigué. Et j'ai tellement peur. Vous êtes là, je suis là, toujours et je ne laisse personne tomber mais par pitié, rattrapez moi.

Ne vous contentez pas d'allumer une bougie et de laisser des fleurs en crépon sur la plage pour moi.

Peut On Réellement Choisir Ce Que Nous Sommes ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant